« Le prêtre est là pour rappeler que l’Evangile s’adresse à tous », interview du père Larvol
Le père Jean-Paul Larvol est vicaire général du diocèse de Quimper-Léon. Il est prêtre depuis 1973, et a exercé son sacerdoce en paroisse à Brest, à Bénodet et a été secrétaire général adjoint à la Conférence des évêques de France chargé de la pastorale des laïcs. Il nous explique les missions d’un prêtre et les enjeux pastoraux qui amènent un évêque à nommer un prêtre dans une nouvelle paroisse.
Quelle est la responsabilité d’un curé, quelles sont ses tâches et ses missions ?
La responsabilité d’un curé, dans la communion avec l’évêque, est triple : il s’agit d’annoncer la parole de Dieu. Dans le rituel de l’installation, on remet l’Evangile au curé. La deuxième charge est de célébrer les sacrements. Dans le rituel au moment de l’offertoire, on lui remet la chasuble ou le pain et le vin. La troisième charge est de conduire le peuple de Dieu, d’être le garant de la communion. L’installation d’un nouveau curé est l’occasion de redire cette triple charge et le souligner par des gestes liturgiques.
Quels sont les enjeux pastoraux qui amènent l’évêque à nommer un prêtre dans une nouvelle paroisse ?
C’est l’évêque qui dans son diocèse a la triple charge d’enseigner, de conduire et de sanctifier. Comme il ne peut pas le faire tout seul, il envoie des prêtres. Le prêtre est envoyé en mission pour annoncer l’Evangile. Quand un prêtre arrive dans un territoire où il n’y a pas eu d’annonce de l’Evangile, sa première mission est de rassembler des communautés et former des futurs prêtres qui sont ceux qui donneront les sacrements et annonceront l’Evangile. L’enjeu est bien l’annonce de l’Evangile sur un terrain déterminé. L’évêque doit pouvoir remplir sa mission avec les forces vives, en particulier avec les ministres ordonnés que sont les prêtres et les diacres, et les responsables laïcs qui sont en service dans l’Eglise, pour la catéchèse ou la pastorale de la santé. L’enjeu pastoral est l’animation de la vie des communautés chrétiennes. La communauté, si vivante soit-elle, ne doit pas se refermer sur elle-même. Le prêtre est là pour rappeler que l’Evangile est pour tous, ceux qui se rassemblent régulièrement dans la communauté paroissiale, et les autres, présents sur tout le territoire mais que l’on ne voit pas dans nos assemblées. L’enjeu est donc pastoral et missionnaire : le curé n’est pas un gestionnaire, mais d’abord un pasteur donné à un ensemble de territoires. Dans les paroisses, le curé est envoyé par l’évêque pour exercer cette triple charge d’annoncer, de célébrer et de rassembler.
Comment se fait la réflexion d’un évêque pour nommer des prêtres ?
Le processus de nomination se fait au sein du conseil épiscopal. Il s’effectue suffisamment tôt. Le prêtre qui a passé 6, 9 ou 12 ans dans une paroisse doit faire le point avec le vicaire général. Un dialogue s’établit entre l’évêque ou le vicaire général, le curé susceptible de prendre une autre charge et les paroissiens, en particulier l’équipe pastorale du lieu où il est et où il pourrait aller. Le dialogue s’effectue sur quelques mois. Nous avons réussi cette année dans notre diocèse à annoncer les nominations le jour du rassemblement des prêtres pour le mercredi saint. C’est un travail de discernement. Il y a des besoins, et il peut arriver que nous ne parvenions pas à résoudre ces besoins. Malheureusement, nos prêtres vieillissent et leur nombre diminue, ce qui oblige à des regroupements, avec la participation de nombreux responsables laïcs. Les équipes de laïcs ne sont pas toujours satisfaites de perdre leur curé, car elles y sont attachées.
Comment percevez-vous les attentes des communautés chrétiennes ?
Les attentes sont multiples, contrastées, à l’image de ces communautés. Ce sont des populations diversifiées, certaines très proches de leur clocher et enfermées, d’autres plus ouvertes. La totalité des communautés est désireuse d’avoir un prêtre. Nous sommes dans une période où il a fallu regrouper des paroisses en ensembles paroissiaux, et nous avançons vers un regroupement en doyennés. Nous allons travailler de plus en plus en doyennés avec des expérimentations dans les paroisses nouvelles, en gardant l’autonomie du relais paroissial, c’est-à-dire des chrétiens présents. L’attente est très forte, et en même temps souvent déçue. Le renouvellement n’est pas facile, car l’âge des prêtres ne diminue pas. L’évêque doit répondre à une politique d’ensemble, selon la perspective globale d’un diocèse. Il y a des besoins dans chaque paroisse, dans les services diocésains et les mouvements. Parallèlement, il y a un appel important en direction des personnes laïques pour remplir un certain nombre de charges.
Qu’est-ce que cela fait d’être nommé dans une nouvelle communauté ?
Cela fait un peu peur, car on ne sait pas trop à quelle sauce on va être mangé. D’autant plus que je vais dans une communauté très grande, qui compte 29 villes et villages et 39 églises et chapelles. La paroisse dans sa plus grande longueur mesure 40 kilomètres.
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