Mgr Castet : « A cette nuit d’angoisse répond une nuit de lumière »

Quelle est la situation dans le diocèse de Luçon ?

Castet Alain - Luçon

La Vendée est un département qui a une identité forte et une assez grande habitude de la solidarité, des relations fraternelles, par-delà les sensibilités personnelles. Cela fait partie de la culture habituelle et locale. C’est seulement vers midi, dans la journée de dimanche 28 février, alors que tout s’était passé dans la nuit du samedi 27, que l’ampleur du drame a été connue. A ce moment-là, en plus de la mobilisation des pouvoirs publics, des pompiers, des gendarmes, des secouristes, dont j’ai pu mesurer l’efficacité -grand coup de chapeau à eux car ils ont été présents jusque dans des tâches ingrates et dures comme rechercher les victimes en plongeant- un vaste élan de solidarité s’est mis en place. En réunion à Paris, je suis rentré dans la nuit de dimanche à lundi. A mon arrivée, j’ai vu cette présence et mesuré cette solidarité. Les personnes hébergées dans les gymnases ont vite trouvé des places chez des amis. L’Eglise de Luçon a mis à disposition deux grandes maisons. Le Secours Catholique était actif : en Vendée, ce sont plus de 2000 volontaires. Ils ont installé un bungalow permanent pour que la présence dure plusieurs semaines. Le Père François Roullière, curé de St-Michel l’Abbaye, était sur place. Il a fait appel à quatre autres prêtres pour proposer une écoute à ceux qui le souhaitent. Il y a également un temps de prière à l’église de l’Aiguillon-sur-Mer à 18h00 qui rassemble beaucoup de monde (jusqu’au 4 mars, NDLR).
 

Quels témoignages avez-vous recueillis ?

J’ai pu parler à des rescapés : leurs témoignages sont bouleversants. La Faute-sur-Mer et l’Aiguillon sont des lieux de paix. Les vendéens ont l’habitude de passer leurs vacances près de chez eux. Certains étaient en week-end dans ces maisons aujourd’hui inondées. Dans la nuit, il y a eu du vent et les hautes marées mais ils ont l’habitude. Là, c’était inattendu : en quelques minutes, l’eau est montée. Certains ont creusé leur toit pour pouvoir sortir, d’autres ont plongé dans l’eau pour ouvrir leur porte. Les plus âgés et les plus fragiles, comme les enfants, ont été engloutis.
 

Quelle réponse leur apportez-vous ? Quel lien faites-vous avec le temps du Carême ?

On raconte parfois la Résurrection sans passer par le Vendredi Saint. Il importe d’être présent au deuil, présent aux ténèbres, par l’écoute. Avant de pouvoir annoncer la vie, qui est notre foi la plus profonde, il importe d’être présent. Il y a d’abord eu le temps de l’écoute et puis, avec délicatesse, l’annonce de l’espérance, au-delà de la mort. C’est une espérance qui se dit par des solidarités et par l’ouverture d’un avenir à ceux qui sont éprouvés. Comment ne pas faire le lien avec le temps liturgique où nous sommes ? A cette nuit d’angoisse et de solitude répond une autre nuit : une nuit de lumière, celle de Pâques.
 

Comment aider ?

J’ai mesuré la présence du Secours Catholique, son intention, son soutien sans faille et dans la durée. Pour ceux qui veulent aider concrètement ou par des dons, le mieux est de se faire conseiller par le Secours catholique, soit au niveau national soit à l’antenne vendéenne. C’est un bon moyen d’action. Sur le terrain, il y a déjà assez de monde qui agit avec générosité.
Messe à l’intention des victimes et de leurs familles, jeudi 4 mars à 15h, en la cathédrale de Luçon

A l’initiative du diocèse, en accord avec le préfet et le président du Conseil général, une messe en mémoire des victimes et de leurs familles sera célébrée à la cathédrale de Luçon, jeudi 4 mars à 15h00. Elle sera présidée par Mgr Alain Castet, évêque de Luçon, en présence des autorités civiles et militaires. Cette messe sera aussi la messe d’obsèques pour plusieurs victimes de l’inondation. Ce sera également l’occasion pour les vendéens de rendre hommage aux secouristes et à la solidarité de nombreux bénévoles.

Pour signifier notre proximité de cœur par la prière et le recueillement aux familles des victimes, Mgr Castet invite les curés de paroisse à faire sonner le glas des églises, jeudi 4 mars à 15h.

Le Directeur de l’Enseignement catholique du diocèse invite également les établissements catholiques d’enseignement à s’associer à ce deuil et à cette prière par un bref temps spécifique dans la journée.

Aux côtés des rescapés et des bénévoles, l’évêque de Luçon a pu aller se recueillir près des corps des victimes des inondations, suite à la tempête Xynthia. Mgr Alain Castet célèbrera une messe à leur intention, jeudi 4 mars à 15h, en la cathédrale de Luçon.
 

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