Début avril, Mgr Philippe Ballot,
archevêque de Chambéry, s’est rendu à Turin (Italie), pour l’Ostention du Saint Suaire (10 avril – 23 mai 2010). A la cinquantaine de pèlerins du
diocèse s’étaient joints des représentants de la municipalité de Chambéry. Témoignage d’une expérience spirituelle personnelle.
Quels sont les liens entre les deux diocèses et les deux municipalités ?
A l’occasion de l’Ostention du Saint Suaire, des échanges ont eu lieu entre la municipalité de Turin et celle de Chambéry, entre le
diocèse de Turin et celui de Chambéry. En effet, le Saint Suaire était à Chambéry depuis sa découverte, jusqu’au XVIème siècle. Il appartenait à la maison de Savoie qui ensuite s’est installée à Turin. En 1578, le Saint Suaire avait été « emprunté » par saint Charles Borromée,
archevêque de Milan… qui ne l’a jamais restitué. Chambéry et Turin ont toujours été liées par cette histoire commune. Cette année, le
diocèse de Turin a souhaité offrir au
diocèse de Chambéry une copie grandeur nature du Saint Suaire. Elle a été apportée le
Jeudi saint, 1er avril 2010, accompagnée de cavaliers turinois qui ont refait le trajet du Saint Suaire en sens inverse. Un concert donné dimanche 17 avril à la cathédrale de Chambéry sera joué dans différents lieux du
diocèse de Turin. Les municipalités aussi ont eu le souci de se rejoindre car le Saint Suaire est non seulement un objet de vénération pour nous les chrétiens, mais aussi un objet qui a marqué et qui marque. Il fait partie de l’histoire de la ville de Chambéry. Même les personnes non chrétiennes sont interrogées, intéressées par ce document historique.
Comment appréhende-t-on le Saint Suaire ?
Contempler le Saint Suaire ne laisse pas indifférent. Il continue de poser question à l’intelligence. Il a cette particularité d’être un tissu qui nous révèle un certain nombre d’informations qui correspondent à ce que dit l’
Evangile de la Passion du Christ. Quand on arrive à l’endroit où a lieu l’Ostention, une vidéo explique les traces de blessures, le tissu, les pollens, la disparition du corps… Comme disait Jean-Paul II, ce linceul est une « question à l’intelligence ». Je pense que personne ne peut dire « C’est le linceul du Christ » ni ne pourra dire « Ce n’est pas le linceul du Christ ». L’Eglise ne s’est pas prononcée et je pense qu’elle ne se prononcera pas. Mais à cause de ces coïncidences avec l’
Evangile, ce drap rappelle au croyant Celui qui est l’origine de sa foi et les derniers instants de la vie de Jésus Christ. Pour celui qui est en chemin, il le questionne. Pour celui qui le découvre pour la première fois, il ne le laisse pas indifférent. Pour le croyant, il le conforte dans sa foi.
Vous avez vu le Saint Suaire pour la première fois. De quelle expérience spirituelle pouvez-vous témoigner ?
Je me suis senti invité à aller au cœur de la Passion du Christ et de ce qui s’est vécu pour moi à travers la mort du Christ. Quand j’étais devant ce linceul, devant les traces qui correspondent à ce qui est décrit dans l’
Evangile, j’ai compris avec encore plus d’intensité et de profondeur que Celui auquel je crois qui est Jésus Christ, a souffert, est mort, pour moi. Quand je contemplais ces signes, je me rappelais ce que saint Pierre dit : « Par ses blessures, nous sommes guéris » (1 P2, 24). Je me disais : « Jusqu’où a été l’amour de Dieu pour porter le
péché de l’humanité mais le mien aussi ? » En contemplant le Saint Suaire, je prenais conscience de l’amour de Dieu pour moi et qui me rejoignait jusque dans mon
péché. Dieu a endossé la blessure que provoque le
péché de chacun – et donc le mien – en aimant jusqu’au bout. Ces traces de souffrance en sont le signe, le dernier signe visible sur cette terre. L’image du Saint Suaire m’a rejoint dans mon expérience la plus personnelle et la plus sincère avec le Christ. Je suis reparti ressourcé. L’Ostention été l’occasion d’être conforté dans ma foi et de l’approfondir. Je ne peux qu’encourager à vivre cette expérience car c’est une occasion que nous donne l’Eglise de comprendre avec plus d’intensité ce qu’est notre foi chrétienne.
Visite du pape Benoît XVI à Turin
Dimanche 2 mai 2010, le pape Benoît XVI viendra vénérer le Saint Suaire, comme son prédécesseur Jean-Paul II, le 24 mai 1998. Il célèbrera ensuite une grande messe Place St Charles.
Gardien pontifical de la relique, le Cardinal Poletto entend « souligner cette fois la forte union entre l’image du Suaire, témoin de la Passion, avec les souffrances pâties par l’homme d’aujourd’hui, afin d’y trouver une référence pour la foi conduisant à la miséricorde divine et pour le service de l’homme ».
4,000 volontaires assumeront l’accueil et le parcours des pèlerins vers les églises anciennes du centre historique de Turin, pour les messes. Parmi les initiatives culturelles, des conférences comme celle du Cardinal Christoph Scönborn, archevêque de Vienne (Autriche) ou de Mgr Gianfranco Ravasi, Président du Conseil pontifical pour la Culture. On attend la visite d’une délégation des patriarcats de Constantinople et de Moscou. Le Cardinal Poletto a rappelé que le Suaire est une expérience personnelle et physique, que ne remplacera aucune visite virtuelle sur Internet.
Source : VIS