Une paroisse des Gens du Voyage à Evry

« Les gens, lorsqu’ils pensent paroisses pensent bâtiments or là nous pensons aux personnes. C’est toute une conversion de mentalité », explique Gérard Henry, diacre du diocèse d’Évry-Corbeil-Essonnes.

Son évêque est le premier, dans l’Église qui est en France, à avoir proclamé une paroisse personnelle pour les Gens du voyage. Un acte qui équivaut à une lettre de mission. Le but est en effet d’évangéliser une population très présente sur le diocèse et très investie par les Evangélistes. « Votre paroisse est la tente de la Rencontre que je vous demande d’amener de lieu en lieu pour faire découvrir le Christ », a déclaré Mgr Michel Dubost le jour de la promulgation, le 13 mars dernier, à la basilique Notre-Dame de Bonne Garde à Longpont-sur-Orge, dans un secteur qui fut un ancien camp de concentration nazi pour les tsiganes. La paroisse porte le nom du premier gitan à avoir été béatifié Ceferino Giménez Malla. « Pendant la célébration, j’ai vu des anciens pleurer d’émotion d’être ainsi reconnus canoniquement par l’Eglise », raconte Gérard Henry.

Depuis, l’équipe animatrice -où figure plusieurs couples de gens du voyage dont deux jeunes- a reçu plusieurs demandes de sacrements et décidé une année de formation sur le baptême ainsi qu’une journée destinée à l’initiation des enfants. Un groupe de prière se réunit une fois par semaine, tantôt au sud, tantôt au nord du département. Pour l’Eucharistie, chacun est renvoyé à sa paroisse géographique, pour le moment. A la demande des jeunes, l’Association Départementale des Gens du voyage a été sollicitée pour trouver un professeur de guitare manouche. « Rien n’est établi. On tâtonne. Il y a des doutes mais « la paroisse des voyageurs » est une intuition à exploiter », explique Gérard Henry. Il faut trouver un fonctionnement ainsi qu’une pédagogie adaptés à la mouvance des voyageurs, en particulier sur les parcours de formation, les baptêmes étant jusqu’ici immédiats lors de pèlerinages.

Mais être pionnier ne fait pas peur à Gérard Henry. Il a toujours répondu présent à des lancements : les débuts de la cathédrale, la création de l’Hospitalité de Lourdes avec un autre diacre puis celle de la Pastorale des artistes (il est peintre et graveur). Il fréquentait déjà des veillées de prière de voyageurs près de chez lui et il connaît bien le père Frédéric Gatineau, le prêtre désigné modérateur de l’équipe et recteur de la basilique de Longpont.
A ceux qui évoquent le risque d’enfermement des gens du voyage sur eux-mêmes, il rappelle : « Notre paroisse est intégrée dans l’Eglise comme toute autre paroisse. Nous avons tous à dépasser l’esprit de clocher ».
 

Jusqu’à présent, Jacques et Kathy Deberre partaient l’été en mission avec l’Aumônerie régionale des Gens du Voyage et son chapiteau itinérant, la « Tente de la Rencontre » (en référence au Livre de l’Exode). Animateurs de la paroisse Ceferino Giménez Malla, ils étaient cette année avec une partie de l’équipe au pèlerinage de l’Enfance missionnaire à Lisieux. Plusieurs confirmations y ont été célébrées, notamment celles préparées avec une petite nièce et une cousine germaine. Leur tournée d’évangélisation s’achèvera à Lourdes fin août.