Bienheureux Basile Moreau (1799-1873)
Son zèle apostolique a pris les dimensions du monde
Prédicateur et éducateur de talent, ce prêtre du diocèse du Mans est le fondateur de la famille religieuse de Sainte-Croix. Il a été béatifié au Mans le 15 septembre 2007.
Issu d’une famille modeste de la campagne sarthoise, né en 1799, Basile est ordonné prêtre à l’âge de 22 ans. Son évêque, qui le destine à l’enseignement dans les séminaires, l’envoie compléter sa formation théologique et spirituelle auprès des sulpiciens, à Paris et à Issy. De retour au Mans, Basile enseigne, pendant treize années, la philosophie, la théologie, l’Écriture sainte. En même temps, se révèlent ses dons pour l’accompagnement spirituel (beaucoup de séminaristes le choisissent comme directeur) et pour la prédication (les curés de paroisse font largement appel à lui).
Les évêques ont recours à ses qualités d’organisateur. En 1833, Mgr Carron le charge de fonder un « refuge » pour jeunes filles en difficulté : avec les religieuses de Notre-Dame de Charité, il est à l’origine du Bon-Pasteur du Mans dont il restera le supérieur ecclésiastique pendant vingt-cinq ans. En 1835, Mgr Bouvier lui demande de prendre en main un institut de frères instituteurs et de créer un groupe de missionnaires diocésains. L’abbé Moreau réunit les prêtres et les frères, et, malgré l’opposition de l’évêque, il leur adjoint un groupe de sœurs. Il devient ainsi, en 1840, le fondateur de la famille religieuse de Sainte-Croix, du nom de la localité sur laquelle elle est implantée. Rome approuvera séparément la congrégation de Sainte-Croix (pères et frères) en 1857 et la congrégation des Sœurs Marianites de Sainte-Croix, dix ans plus tard.
Éducateur de talent, le P. Moreau ouvre au Mans une institution secondaire. Le renom de Sainte-Croix déborde le diocèse : des œuvres diverses, surtout des écoles et des pensionnats, surgissent en plusieurs régions de France. À la demande des évêques, des prêtres et des frères sont envoyés en Algérie, puis des équipes de religieux et de religieuses aux États-Unis, au Canada, au Bengale et à Rome.
Le dynamisme, la détermination de Basile Moreau ne laissent personne indifférent. Les louanges ne lui manquent pas, ni les oppositions. Il donne sa démission de supérieur général en 1866, et connaît le désaveu et l’abandon. Mais il continue à prêcher et à rendre service aux curés de paroisse jusqu’à sa mort, survenue le 20 janvier 1873.
Basile Moreau est l’un des artisans du renouveau catholique en France au XIXe siècle, et son zèle apostolique a pris les dimensions du monde. La famille religieuse de Sainte-Croix, qui œuvre en différents pays d’Europe, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique, a recueilli la référence spirituelle chère à son fondateur : la croix, unique espérance.
Mgr Jacques Faivre
Évêque du Mans