Patriarche Younan : « La liberté religieuse est une grâce »
S.B. Ignace Youssef III Younan, patriarche d’Antioche pour l’Eglise syriaque catholique, était à Paris pour rendre visite aux blessés de l’attentat du 31 octobre 2010 à Bagdad. Il évoque les traditions de Noël des chrétiens d’Orient et adresse aux catholiques de France un appel à la solidarité.
Que représente de temps de Noël pour vous ?
C’est une saison de joie et d’espérance. Nous célébrons la venue du Christ, Parole de Dieu incarnée pour nous rappeler que nous sommes faits pour Dieu, pour le Ciel. Nous, nous devons penser plus haut. Lui est devenu homme – il a pris la nature humaine – pour que nous nous approchions plus de Dieu et qu’en quelque sorte, nous puissions aussi devenir divins. Noël, c’est un moment d’ouverture aux autres, à ceux qui sont les plus démunis, aux marginalisés dans nos sociétés – il y en a partout. Nous devons être présents auprès d’eux, leur rappeler qu’eux aussi sont les enfants de Dieu et que Jésus dans la crèche est la source de dons et de grâces pour tous. C’est pour cela que nous devons vivre l’esprit de Noël.
Quelles traditions existent dans l’Eglise syriaque catholique ?
Notre tradition syriaque nous rappelle que dans les premiers temps de la chrétienté, Noël était très proche de l’Epiphanie, c’est-à-dire le baptême et la révélation de Jésus comme Fils de Dieu. Cette fête ne doit pas seulement être signe ou bien cause de joie extérieure, de décorations. Pour nous, c’est toujours la commémoration de notre salut qui a commencé par l’Incarnation de la Parole de Dieu. Nous avons bien-sûr pour traditions de faire la crèche dans nos maisons, d’aller à la messe du jour de Noël à l’aube – pas juste à minuit. Nous avons aussi pour tradition d’allumer une flamme : elle est mise soit à l’intérieur soit à l’extérieur de l’Eglise, quand il fait beau temps. Elle dénote la joie de tous, surtout des enfants.
Quel message de Noël adressez-vous aux catholiques de France ?
Les catholiques doivent être solidaires avec tous ceux qui passent des moments difficiles, qui sont persécutés partout dans le monde, notamment là où les minorités sont discriminées car elles ne partagent pas la religion de la majorité. Nous avons des frères et sœurs chrétiens qui souffrent encore. Il y a peut-être des endroits où ils n’ont pas la possibilité de célébrer Noël en public. Nous rappelons à nos frères et sœurs de France que c’est une grâce d’avoir la liberté religieuse chez eux. Pensez à ceux qui en sont privés ! Quand on y est habitué, on pense que c’est partout comme ça, alors on n’est pas conscient de ce que veut dire la souffrance et pourtant elle est le lot de tous les humains chaque jour. Rappelez-vous de ceux qui souffrent parmi vos frères et sœurs !