Le catéchisme de l’Eglise catholique et la Nouvelle Evangélisation
« Très tôt on a appelé catéchèse l’ensemble des efforts entrepris dans l’Église pour faire des disciples, pour aider les hommes à croire que Jésus est le Fils de Dieu afin que, par la foi, ils aient la vie en son nom, pour les éduquer et les instruire dans cette vie et construire ainsi le Corps du Christ » (CEC n° 4).
Dès le prologue du Catéchisme de l’Église Catholique, après les perspectives ouvertes par la présentation du projet de Dieu pour l’homme et des moyens qu’il a suscités à cet effet : choix et envoi des Apôtres en mission, annonce et transmission de la Bonne Nouvelle, se trouve une présentation de ce qu’est la catéchèse et les grands moments de son histoire (nos 4-10).
Pourquoi un catéchisme ?
L’histoire de la catéchèse montre comment celle-ci s’est constituée peu à peu pour répondre aux besoins qui surgissaient. L’Église des premiers siècles est centrée autour du catéchuménat. On y trouve les éléments qui seront sans cesse repris au cours des siècles : l’enseignement, la liturgie, l’insertion dans la communauté et la transformation du comportement. Ces éléments sont organisés selon de grandes étapes depuis l’admission parmi les catéchumènes jusqu’aux sacrements de l’initiation et aux catéchèses mystagogiques. Progressivement s’est constituée une intense prédication, soit à partir de commentaires de textes bibliques, soit à partir de thèmes divers.
Ce n’est qu’avec le concile de Trente qu’est envisagée une présentation globale de la foi avec la réorganisation d’une instruction appuyée par l’imprimerie. On sait que ce fut un temps de renouveau pour l’Église. L’élaboration du Catéchisme Romain et la naissance d’organisations pastorales adaptées, comme la Compagnie de la Doctrine Chrétienne avec saint Charles Borromée, et tant d’autres initiatives, ont porté des fruits notables. On peut relever son importance pour permettre de connaître la foi et donc de constituer une véritable identité catholique. Ce fut l’un des outils de la nouvelle évangélisation entreprise après le concile de Trente.
Les multiples transformations survenues depuis un siècle, à un rythme toujours plus rapide, ont amené le Pape Jean XXIII à convoquer le concile Vatican II. Paul VI l’a appelé « le grand catéchisme des temps modernes » (CEC n° 10). La décision de composer un nouveau catéchisme a été prise par le Pape Jean-Paul II au terme du Synode extraordinaire de 1985 qui l’avait souhaité et en avait présenté la demande. Dans un discours à la Curie, le 28 juin 1986, il en présentait les lignes essentielles : « un exposé global (compendium) de toute la doctrine catholique, tant sur la foi que sur la morale, (…) biblique et liturgique, présentant une doctrine intégrale et en même temps adaptée à la vie actuelle des chrétiens ».
A qui est destiné le catéchisme ?
Le Catéchisme Romain (1566), à la suite du Concile de Trente, est un guide destiné aux formateurs. Dans la Préface, figure cette indication : « avec une profonde sagesse, nos Pères ont ramené toute la doctrine et toute la science du salut à quatre parties : le Symbole des Apôtres, les sacrements, le Décalogue, le Notre Père ».
Le Catéchisme de l’Église Catholique (1982) est, lui aussi, destiné en priorité aux responsables de la catéchèse : « en premier lieu aux évêques, en tant que docteurs de la foi et pasteurs de l’Église. Il leur est offert comme instrument dans l’accomplissement de leur charge d’enseigner le Peuple de Dieu ». A travers les évêques, il s’adresse aux rédacteurs de catéchismes, aux prêtres et aux catéchistes (CEC n° 12).
L’histoire de sa rédaction montre qu’il est « le fruit d’une collaboration de tout l’Épiscopat de l’Église Catholique » (Jean-Paul II dans la Préface du CEC). Celui qui le fréquente habituellement est frappé par la volonté théologique qui se manifeste, tant dans le plan que dans l’harmonie de l’ensemble. Les quatre parties s’articulent en deux ensembles qui éclairent le sens de la rencontre entre Dieu et l’homme : d’abord la profession de la foi et sa célébration dans les sacrements, ensuite, la vie de l’homme illuminée par la foi achemine vers la vie dans le Christ guidée par les commandements et nourrie par la prière. Chacun de ces ensembles commence en présentant la vocation de l’homme à la béatitude : au début de la première partie il est parlé du désir de Dieu inscrit dans l’homme ; Dieu y répond en se révélant lui-même librement. La troisième partie commence par une citation du Pape saint Léon qui évoque la vocation de l’homme, image de Dieu, appelé à participer à la nature divine (n° 1691).
En parcourant l’histoire de la catéchèse, plusieurs points apparaissent clairement :
- A chaque époque, et tout particulièrement aux époques de profond renouveau, l’Église est revenue aux Sources pour répondre aux questions nouvelles qui se manifestaient. La catéchèse, sous ses formes les plus diverses, a fait résonner la conscience nouvelle que l’Église prenait de sa vie et de sa mission.
- L’action catéchétique demande un engagement pastoral pour que les communautés chrétiennes puissent vraiment engendrer à la foi de nouveaux enfants de Dieu.
- La catéchèse est liée profondément à « toute l’action liturgique et sacramentelle, car c’est dans les sacrements, et surtout dans l’Eucharistie, que le Christ Jésus agit en plénitude pour la transformation des hommes » (CEC n° 1074).
- La catéchèse est un « moment essentiel du processus d’évangélisation. Le Directoire général pour la catéchèse développe ce thème à partir du n° 63 en présentant successivement la catéchèse d’initiation, puis l’éducation permanente de la foi, sans délaisser les tâches particulières de l’école catholique et de la famille.
Catéchèse et initiation chrétienne.
Devenir chrétien demande « un cheminement et une initiation à plusieurs étapes » (CEC n° 1229). Dans le cas très habituel du baptême des petits enfants est organisé ce que le Catéchisme appelle un catéchuménat postbaptismal. Il est dit dans le même article (n° 1231) : « il ne s’agit pas seulement du besoin d’une instruction postérieure au baptême, mais de l’épanouissement nécessaire de la grâce baptismale dans la croissance de la personne. C’est le lieu propre du catéchisme ».
Tout récemment, une forte accentuation s’est portée sur la question de l’initiation chrétienne entendue dans son sens le plus large depuis la première annonce de la Parole jusqu’à la célébration des sacrements de l’initiation.
Dans l’ensemble de l’initiation chrétienne, telle qu’elle est présentée dans l’Ordo initiationis chritiana adultorum, des étapes sont très clairement présentées depuis le temps de la première évangélisation jusqu’à celui de la mystagogie. Les Préliminaires méritent d’être étudiés attentivement car ils fournissent des notes pastorales du plus haut intérêt. Il y est déclaré, à propos du catéchuménat, qu’il convient de mettre en œuvre quatre moyens dont le premier est « une catéchèse appropriée, progressive et intégrale … en lien avec l’année liturgique et soutenue par des célébrations de la Parole. Elle mène les catéchumènes non seulement à une bonne connaissance des dogmes et des commandements, mais aussi à une découverte personnelle du mystère du salut dont ils demandent eux-mêmes à bénéficier » (n° 99).
Les Lineamenta du prochain Synode des Evêques abordent explicitement ce thème au paragraphe 18, allant jusqu’à écrire : « c’est de la façon dont l’Église en Occident saura gérer cette révision de ses pratiques baptismales que dépendra le visage futur du christianisme dans son monde et la capacité de la foi chrétienne de parler à sa culture ». Le Synode aura à étudier cette question avec ses implications. Le Catéchisme de l’Église Catholique pourra permettre de « redécouvrir les contenus de la foi professée, célébrée, vécue et priée » (Benoît XVI, Porta Fidei n° 9) et l’on ne peut que demander au Seigneur que la toute proche Année de la foi puisse produire les fruits espérés.
Dans les tout prochains jours s’ouvre le Congrès Européen pour la Catéchèse dont le thème est L’initiation chrétienne dans la perspective de la Nouvelle Evangélisation. Tout en accordant une attention spécifique aux enfants et jeunes de 7 à 16 ans, ce congrès permettra de mettre en évidence ce qu’est une véritable pédagogie de l’initiation, valable pour tous les âges, dans les attitudes demandées aux catéchistes, dans les contenus et les étapes nécessaires jusqu’à la mystagogie, encore trop souvent peu pratiquée.
Echanges sur les pratiques d’initiation chrétienne, études sur l’Eucharistie et la confirmation au sein des sacrements de l’initiation et propositions pastorales à faire pour les jeunes nourriront la réflexion et seront utiles pour le prochain Synode.
Mgr Pierre-Marie Carré
Archevêque métropolitain de Montpellier,
Membre du Conseil Pontifical pour la promotion de la Nouvelle Evangélisation,
Secrétaire spécial du Synode des Evêques sur la Nouvelle Evangélisation.
Le 3 mai 2012,
paru dans l’Osservatore Romano des 6-7 mai 2012 à l’occasion du Congrès européen pour la Catéchèse (Rome, 7-10 mai 2012)
Reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur et de l’Osservatore Romano