Ajaccio : discours de bienvenue du Président de la Conférence Épiscopale, Mgr Éric de Moulins-Beaufort

Très Saint-Père,

Le cardinal Bustillo a eu la délicatesse de me demander de vous accueillir en cette cathédrale où vous venez rencontrer les prêtres, les diacres et leurs épouses, les personnes consacrées de Corse.

C’est sans doute que la nature de l’Église fait que chaque Église particulière porte en elle la totalité de l’Église. Ce que vous direz ici, aux prêtres, aux diacres et aux personnes consacrées de ce diocèse intéressera tous les prêtres, les diacres et les personnes consacrées de France et, par eux, du monde entier. Vous prolongez ici votre réflexion sur la Méditerranée, pont entre les peuples, les civilisations, les religions, responsabilité pour nous tous.

À Marseille l’an passé, dans la basilique Notre-Dame de la Garde, vous aviez médité sur le « croisement des regards » et sur la dimension mariale de nos ministères. Vous aviez invité les ministres ordonnés et les personnes consacrés à porter à leurs frères et sœurs le regard de Dieu et à porter à Dieu la soif de nos frères et sœurs, et vous aviez qualifié le regard de Dieu par les mots : « proximité, compassion, tendresse ».

L’évangélisation de la Corse a été relancée au XVIIIème siècle par les missions menées par les Franciscains italiens, saint Théophile, san Teòfalu en étant l’exemple achevé. Cette évangélisation a abouti à la constitution de monastères où faire retraite et aussi de confréries. Celles-ci ont deux caractéristiques. D’une part, prêtres et fidèles y sont associés, ce qui peut être vu comme une anticipation de la synodalité, tous étant sur un pied d’égalité, celui du baptême et de la confirmation, autour des saints. D’autre part, la confrérie suscite une expérience de foi qui ouvre à la réflexion mais plus encore à une dimension affective et fraternelle, qui nourrit les sentiments, le goût, et qui approfondit la joie de se retrouver et d’être ensemble, la fierté de ce que l’on réalise en unissant les forces et pour offrir à beaucoup un moment qui les élève, qui les ouvre à plus grand qu’eux.

Notre besoin, Très Saint-Père, en France, est de recevoir des prêtres. Tous nos diocèses se transforment pour vivre avec moins de prêtres que naguère, ce qui n’empêche pas, au contraire, de demander au Père des ouvriers pour la moisson. Cependant, notre foi est que nous avons besoin de la proximité de Jésus, de sa compassion, de sa tendresse, non seulement comme venant du passé et recueilli dans des livres et des rites, mais de manière vivante, de personnes à personnes, dans des actes au présent et des paroles exprimées par un cœur aimant. Merci, Très Saint-Père, d’encourager les prêtres de Corse, de France et d’ailleurs, dans leur service du peuple de Dieu et le signe qu’ils ont à donner au monde, signe que le Christ victorieux est vivant et vient à nous sans cesse. Le célibat librement consenti et vécu joyeusement et courageusement rend palpable la plénitude que le Seigneur apporte.

Merci de nous aider à appeler les jeunes à répondre à l’appel du Seigneur, à leur dire qu’il est bon et doux de servir l’œuvre de Dieu dans les libertés humains.

Très Saint-Père, de tout cœur, au nom des évêques et des Français, merci de votre venue en Corse et en France.