L’Ukraine et l’œcuménisme en temps de guerre

Soudés et unis face à l’adversité, les responsables et organisations religieuses coopèrent ensemble en Ukraine, notamment au travers du Conseil pan-ukrainien des Églises. En temps de guerre, ils unissent leurs forces pour libérer des prêtres capturés par les Russes. Une délégation s’est rendue à Rome fin janvier 2023 pour rencontrer le pape François et le Cardinal Pietro Parolin, secrétairerie d’Etat. Leur objectif ? Réitérer des appels à la paix.

Ukraine

« Nous avons des cas de coopération en particulier lorsque nous devions sauver nos prêtres enlevés », précise Mgr Sviatoslav Schevchuk, chef de l’Église catholique ukrainienne. Depuis plus de vingt-cinq ans, le Conseil pan-ukrainien, composé de représentants de l’Église orthodoxe ukrainienne, des Églises arménienne apostolique et luthérienne, des communautés juive et musulmane, entretient des relations à dimension œcuménique en Ukraine. Depuis le début de la guerre, les responsables des différents cultes se retrouvent pour s’entraider, notamment lors d’enlèvements de religieux.

A Rome, une délégation du Conseil panukrainien

L’unité religieuse est important au sein de ce Conseil. Une délégation s’est ainsi rendue à Rome du 24 au 26 janvier 2023. Le Conseil pan-ukrainien des Églises et des organisations religieuses, ont rencontré au Vatican le Pape et le Cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège. Les leaders religieux ont réitéré une nouvelle fois les appels à la paix. « Notre délégation interconfessionnelle en tant que telle était un message en lui-même. C’est déjà un symbole très puissant. Nous venions pour rappeler que nous sommes un même peuple dans un même pays. » Lors de cette rencontre, le Pape a déclaré : » Vous participez à la vie du pays, en essayant de répondre aux défis sociaux, à travers des interventions publiques et diverses activités, qui, ces derniers temps, sont nécessairement liées à la situation dramatique actuelle […] Votre action, menée avec ténacité et courage, prépare concrètement demain, un demain de paix, où les intérêts économiques et politiques qui génèrent la guerre céderont enfin la place au bien commun des peuples. »

Les prises de position au début du conflit du pape François ont chagriné les Ukrainiens. « En tant qu’arbitre œcuménique, le Pape essaye de maintenir le dialogue avec toutes les parties du conflit sans prendre position. C’est une tradition millénaire. Il est à la fois un médiateur et un promoteur du dialogue. Évidemment les Ukrainiens attendaient qu’il condamne de manière ferme les crimes russes mais il ne pouvait pas délivrer ce signal. »

En novembre 2022, Mgr Schevschuk rencontre le Pape. Il l’interpelle sur le rôle de la diplomatie vaticane : « Les Ukrainiens souhaitaient entendre que le Pape les soutenait. Quand le Pape a écrit le 24 novembre 2022 une lettre aux Ukrainiens, j’ai pleuré », reconnait Mgr Schevchuk. « Le Pape a dit « votre peine est ma peine ». Dans cette lettre, il unit ses larmes à celles des Ukrainiens. « Au cours de la fête de l’Immaculée Conception, le 8 décembre, sur la grande place de Rome, Il a évoqué l’Ukraine martyrisée ! Jusqu’à présent toutes les initiatives n’avaient pas porté de fruits. En tant que chef de la diplomatie, il garde encore l’espoir que la raison triomphera. Et un jour, il faudra bien se mettre à la table des négociations. »