La renaissance de la cathédrale de N’Djamena
Après huit ans de travaux, la cathédrale Notre-Dame de la Paix à N’Djamena, au Tchad sera officiellement inaugurée le 29 avril 2023. Pendant la guerre civile (1979-1985), elle avait été ravagée par un incendie le 21 avril 1980 entrainant l’effondrement de la toiture. Sa reconstruction est un signe d’Espérance pour Mgr Edmond Djitangar, archevêque de N’Djamena, la capitale tchadienne, qui n’accueillera plus les fidèles sous un tente, Place de la Nation.
L’incendie de la cathédrale catholique, Notre-Dame de la Paix (autrefois appelée Notre-Dame de la Victoire) a laissé un profond traumatisme dans la capitale tchadienne. Plus de quarante ans après sa destruction par une bombe incendiaire lancée pendant la guerre civile, qui a ensanglanté le Tchad entre 1979 et 1985, la cathédrale va retrouver toute sa splendeur d’antan. Mgr Edmond Djitangar, Archevêque de N’Djamena depuis 2016, sans cathédrale, est heureux de retrouver un endroit où prêcher auprès de ses 300 000 fidèles que constitue son diocèse. L’inauguration de la cathédrale se tiendra le 29 avril 2023.
Après l’incendie de la toiture en bois, une reconstruction partielle de la cathédrale commence en 1986. Notre-Dame de Victoire, est renommée en : « Notre-Dame de la Paix ». La reconstruction a marqué les pontificats. Lors de son déplacement, en 1990 au Cap Vert, Guinée Bissau, Mali, Burkina-Faso et Tchad, le pape Jean-Paul II tient à prononcer une homélie devant l’édifice : « Laissez-moi vous dire toute ma joie d’être au milieu de vous et de pouvoir vous exprimer de vive voix l’affection que je vous porte. Je suis particulièrement heureux que mon premier contact avec l’Église qui est au Tchad ait lieu sous les auspices de Notre-Dame de la Paix« , déclare-t-il. »Aussi est-ce avec émotion qu’en arrivant j’ai posé mes lèvres sur votre terre, que je vois maintenant cette ville de N’Djaména renaître de ses ruines et que je découvre ce soir votre cathédrale parée de jeunesse et de lumière. »
Faute de moyens financiers, les travaux de réfection de la cathédrale sont à l’arrêt de 2013 à 2018. Le pays traverse une crise économique. Mgr Djigantar lance un appel à l’aide à ses amis français. Il rencontre en 2018 Mgr Georges Pontier, Archevêque de Marseille et Président de la Conférence des évêques de France (CEF). Plus de quarante ans après son incendie, la cathédrale est finalement reconstruite à l’identique, avec sa nef en forme de coque de bateau renversée.
La cathédrale, le souhait du Général Leclerc
« L’histoire de la cathédrale remonte en 1944, et elle est liée à l’histoire de la Libération », raconte Mgr Edmond Djitangar. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Général Leclerc avait été envoyé en 1941 pour pouvoir rallier la France Libre. « Juste avant de partir en opération, une messe a été célébrée avec les troupes. En 1942, les compagnons du Général formule le vœu de construire à Fort Lamy (NDLR N’Djamena) une église mémorielle s’ils arrivent à libérer la France » et de la dédier à Marie, Notre-Dame des Victoires. Le projet est lancé à la Libération. La construction commence en 1957 pour s’achever en 1965. « Cette cathédrale est un beau témoignage chrétien dans un pays où la foi est encore ignorée d’une grande partie de la population », relate à l’époque Mgr Dalmais, Archevêque de N’Djamena de 1961 à 1980.
Symbole du dialogue interreligieux
Mgr Edmond Djitangar, archevêque est prêt à accueillir les 300 000 fidèles de son diocèse, dans ce nouveau lieu ainsi que les 4000 nouveaux catéchumènes annuels. « Nous sentons chez les chrétiens un souffle moral, spirituel, et une croissance très forte. L’Église tchadienne est comparée aux églises ainées africaines qui ont 120-130 ans d’existence, dotés de moyens et de structures développés. Nous essayons de rattraper le retard« , explique celui qui a vu naitre en 2003 la Conférence épiscopale tchadienne (CET). Le pays n’a que huit diocèses. De par son histoire, l’implantation chrétienne au Tchad est récente. Elle ne remonte qu’au tout début du XXe siècle.
Le Tchad est un état laïc qui compte 55% de musulmans, 20% de catholiques et 20% de protestants. « La reconstruction de la cathédrale est aussi importante pour les catholiques que les musulmans. Cela signifie que la vie est revenue dans le pays », souligne-t-il. Mgr Djitangar souhaite avant tout l’unité de son pays. « C’est une église qui est à la fois un symbole du passé, du présent, et aussi du futur mais nous pouvons désormais plus nous tourner vers le futur. »
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