La célébration de Pâques nous unit particulièrement à l’Orient chrétien
La pandémie de Covid 19 qui sévit actuellement a fortement ébranlé tous les secteurs de nos sociétés. Ceux qui parmi nous sont les plus vulnérables ; les personnes en situation de précarité, les personnes âgées, les malades,…en seront durablement affaiblis.
L’Église catholique, plus que jamais, se tient au chevet des plus fragiles.
Cette semaine, nous vous invitons à découvrir la situation des chrétiens d’orient.
Editorial par Mgr Pascal Gollnisch, vicaire Général pour l’Ordinariat des catholiques orientaux en France, directeur général de l’Œuvre d’Orient
Le pécheur a besoin du Sauveur
Jésus, prenant la parole, leur dit: Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler à la des justes, mais des pécheurs pour qu’ils se convertissent.
(Luc 5, 31-32)
Le pécheur est un quasi-sacrement du besoin humain de Dieu car il sait, le pêcheur, qu’il ne peut pas s’en sortir seul. Mais alors le risque est grand pour lui de croire que, en raison de son péché, Dieu ne peut venir jusqu’à lui. Ainsi, dans ce même chapitre 5, Pierre, toujours prompt à savoir ce que le Christ doit faire, s’écrie « Éloigne-toi de moi car je suis pécheur » Luc, 5,8.
Pâques c’est le Christ ressuscité qui se laisse toucher par Thomas l’incrédule, qui n’ose faire ce geste. C’est le Christ qui frappe à la porte de notre cœur. Si nous lui ouvrons il vient en nous il prendra la Cène avec nous et nous avec lui (Ap.3,20).
Ainsi, au cœur de cette tragédie du coronavirus, notre Carême s’accomplit dans la Semaine Sainte, célébration de la mort et de la Résurrection du Christ qui y introduit l’humanité l’emmenant auprès du Père.
Il y a bien une connivence spirituelle entre la crise que nous vivons et les mystères que nous allons célébrer. Cette crise met chacun d’entre nous devant la réalité de la vulnérabilité humaine. Certes les progrès scientifique, technique, économique nous éblouissent, au point de nous aveugler. Or le pécheur est cet ancien juste devenu lucide sur lui-même (cf Luc 5,31). Nous avons peur de cette vulnérabilité que nous vivons comme une menace car, face à elle nous ne voyons pas de solution. La vulnérabilité fait partie de la condition humaine, et la mort n’en est qu’un aspect. Notre vulnérabilité nous fait reprendre conscience que nous avons besoin d’être sauvé et que sans le Christ nous ne pouvons rien faire, comme il nous le dit (Jn. 15,5).
Le baptisé est celui qui vit la vulnérabilité heureuse
Par le don de sa vie, le Christ est victorieux du mal et sauve le monde du péché qui est le renfermement sur soi-même. Notre regard sur le corps, sur la mort, sur la maladie, sur le monde mondialisé, sur nos relations, sur la place du corps dans la relation, sur la médecine et sur la science, sur le non-savoir, sur la solitude, le bruit et le silence, sur nos liens sociaux, sur notre bien commun, sur le travail et ses valeurs, sur la vie et la mort, sur la pauvreté et la richesse, sur la puissance du mal et la puissance plus grande encore de l’amour : tout cela est bouleversé par ce que nous vivons et par ce qui pour nous chrétiens devra être converti.
Le Carême nous a conduit au Vendredi saint, au mystère de la prière inexaucée et à celui de la vulnérabilité de Dieu. Mais il nous introduit aussi dans la victoire de la Résurrection où Dieu saisit l’humanité pour la conduire vers le Père. Et il nous invite au repas de la Cène où nous recevons sa vie en nourriture.
La crise du coronavirus nous fait creuser notre soif de l’Eucharistie et, pour nous prêtres, la souffrance de ne plus célébrer avec un peuple. Puisse au moins la Parole de Dieu nourrir nos existences et nos familles.
Accueillir la Résurrection du Christ en communion avec tous les chrétiens
La célébration de Pâques nous unit particulièrement à l’Orient chrétien où Jésus, en son humanité, est mort et ressuscité. Le peuple rassemblé peut ainsi présenter en tout lieu une offrande pure, et faire de ce même peuple où tous sont invités à servir en la présence du Père, une offrande agréable à Dieu. Les chrétiens d’Orient dans leurs épreuves vivent également cette vulnérabilité par laquelle ils savent que sans le Christ ils ne peuvent rien faire. Les communautés catholiques orientales de France, pour leur part, portent dans leur Semaine Sainte les souffrances des chrétiens d’Orient et les inquiétudes des chrétiens de France.
Par la prière qui, à la différence du coronavirus, passe par les ondes, nous pouvons apaiser l’inévitable tension que nous vivons entre la distance et la proximité : qui est notre prochain ?
Puisse ce Triduum pascal que nous allons vivre ensemble en union de prières nous rapprocher de nos frères chrétiens d’Orient, belle fête de Pâques,
Mgr Pascal Gollnisch
Vicaire Général pour l’Ordinariat des catholiques orientaux en France
Directeur général de l’Œuvre d’Orient
Mgr Pascal Gollnisch revient sur ce carême si particulier qui va se conclure par notre entrée dans la Semaine Sainte…
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Par-delà le confinement : la situation des Chrétiens d’Orient
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