La pandémie interroge nos pratiques
La pandémie de Covid 19 qui sévit actuellement a fortement ébranlé tous les secteurs de nos sociétés. Les plus vulnérables en seront durablement affaiblis. Dans ce contexte, comment l’Eglise vient en aide aux familles qui affrontent un deuil ?
Editorial par Mgr Guy de Kerimel, évêque de Grenoble-Vienne, président de la Commission épiscopale pour la liturgie et la pastorale sacramentelle
Depuis plusieurs semaines, la mort revient dans l’espace public. En effet, chaque jour, le directeur général de la santé annonce le nombre des décès dus au coronavirus. Cependant, en cette période particulière, la mort n’a pas de visage. Les mourants partent sans voir autour d’eux d’autres humains que des soignants au visage masqué, et aucun de leurs proches n’a pu revoir leur visage. Une fois morts, ils quittent notre monde de manière anonyme. Ils sortent de notre société par une porte dérobée.
En effet, la pandémie ne permet pas de vivre pleinement l’adieu et peut rendre difficile le travail du deuil. Les rites funéraires sont réduits au minimum ; beaucoup de célébrations abrégées se font directement au cimetière, en très petit comité.
Comment cette situation interroge-t-elle la mission de l’Eglise et la pastorale des funérailles ? Il se trouve que le coronavirus s’est installé en France au début du Carême et en Temps Pascal. La résurrection du Christ que nous venons de célébrer éclaire tout ce qui fait la vie humaine et la finalité de la mission de l’Eglise.
Dans cette lumière, nous pouvons dire que les funérailles chrétiennes ont une dimension anthropologique, sociale, ecclésiale, mémorielle et pascale.
- Anthropologique : La foi chrétienne nous dit aussi que chaque personne est unique et que le corps est la personne, indissociablement avec l’âme. Même après la séparation de l’âme, le corps garde pendant quelques temps les traits uniques de la personne, il garde un visage. Par ailleurs, nous croyons en la résurrection des morts, et en la transformation glorieuse de nos corps de chair. C’est pourquoi le corps du défunt mérite respect ; il doit être accompagné à sa dernière demeure avec dignité.
- Sociale : Le glas a fonction d’avertir la société. La personne qui nous quitte a eu un rôle, même très modeste, dans notre société. Elle n’est pas réductible à un déchet quelconque. Elle ne peut partir sans que la société n’en prenne conscience, et lui dise « au revoir » et « merci ».
- Ecclésiale : les funérailles à l’église rappellent que le défunt baptisé était membre d’une communauté qui a mission de prier pour lui ; si c’est un non baptisé, la demande de funérailles à la communauté chrétienne est un appel à prendre le défunt dans la prière.
- Mémorielle : il est important de garder la mémoire du défunt qui n’est pas anéanti par la mort ; il est entré dans la Vie. La séparation n’est pas la fin des relations. La mémoire de nos défunts n’est pas réductible à un souvenir du passé ; elle manifeste le lien qui unit le défunt à ceux qui l’ont connu. Faire mémoire ouvre à un avenir commun.
- Pascale : En célébrant l’Eucharistie pour le défunt, l’Eglise le confie au Christ dans son mystère pascal. La mémoire du défunt est inscrite dans le mémorial du Christ, pour que le Christ le libère du péché et lui ouvre les portes de la Vie. A chaque Eucharistie, l’Eglise prie pour les défunts. C’est dans l’Eucharistie que les proches retrouvent leur défunt et sont en communion avec lui. C’est le Corps du Christ qui maintient la communion, ouverte sur la résurrection future.
Dans le contexte actuel de pandémie, comment tenir compte de ces différents aspects ? Comment le défunt et ses proches sont-ils rejoints par la vitalité du Christ ressuscité dans la Pâque qu’ils ont à vivre ?
+ Guy de Kerimel
Évêque de Grenoble-Vienne
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Par-delà le confinement, que fait l’Église pour accompagner les familles en deuil ?
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