Les évêques de France au Salon de l’Agriculture 2022

SIA 2022

La crise sanitaire avait empêché, en 2021, la tenue du Salon de l’Agriculture. En 2022, les évêques renouent avec la tradition de visite des acteurs du monde agricole, avec cette année, ce fil rouge : au regard des repères de l’écologie intégrale (sociale et environnementale), quel modèle d’agriculture pour l’avenir ? Suivez la visite dans ce dossier. 

Le mot de Monseigneur Habert

Notre présence à ce Salon s’explique pour deux raisons.

La première est de nous tenir informé des évolutions, des recherches, des débats qui agitent le monde agricole dans notre pays. Ils sont passionnants et passionnés. Il y a certes une dimension symbolique à notre présence, car le salon ne résume pas à lui seul toute la diversité du monde agricole. Il tient néanmoins une place de choix et se présente comme une certaine vitrine. En cette année électorale, nous savons combien le passage au Salon sera un exercice quasi obligé des candidats. Beaucoup de nos concitoyens attendent des « politiques » des engagements forts sur ces questions.

En venant au Salon, nous manifestons notre proximité envers tous les acteurs du monde agricole. La grande majorité des diocèses français comportent des zones rurales. La vie de ces personnes et les défis qu’ils ont à relever nous intéressent. Nous en mesurons la complexité.

La seconde raison de notre présence s’explique par l’engouement croissant de notre société pour toutes les questions environnementales.

Nous nous en réjouissons, c’est un signe de responsabilité. Pour l’Eglise, l’encyclique du pape François Laudato Si’ marque une étape importante. Les chrétiens veulent participer à ce débat essentiel pour l’avenir de nos sociétés. Ils y viennent avec leurs convictions, éclairés par la sagesse de l’évangile ainsi que l’enseignement de l’Eglise et de sa tradition.

Le pape Paul VI parlait souvent d’une Eglise en dialogue. La question écologique en est une illustration certaine. Depuis 2019 à nos Assemblées Plénières, nous prenons du temps pour réfléchir, avec d’autres chrétiens, aux enjeux de toutes ces problématiques. Le pape François nous encourage à tenir toute notre place dans ce débat.

Au plan national, le rassemblement Terres d’Espérance se tient en avril 2022 pour tous les diocèses de France. Il sera l’occasion de partager et de réfléchir à ce que les chrétiens vivent concrètement sur le terrain. Nous en attendons beaucoup.

Cette année c’est une délégation d’une dizaine de personnes qui se rendra au Parc des expos de la Porte de Versailles. Nous aurons à cœur de rapporter à nos frères évêques les réflexions et les découvertes que nous vivrons au cours de notre journée.

+Mgr Jacques Habert
Évêque de Bayeux
Accompagnateur de la Mission en monde rural de la Conférence des évêques de France

Esprit Saint, donne-leur de voir, d’écouter, de comprendre la vie et les défis des personnes qu’ils vont rencontrer.

Qu’ils manifestant leur désir de proximité de l’Église envers tous les acteurs du monde agricole.

Qu’ils rapportent à leurs frères évêques leurs réflexions et leurs découvertes.

Esprit Saint, donne-leur, par cet évènement, l’opportunité de créer des liens et de semer l’Évangile aujourd’hui.

Programme de la visite

9h15 | Accueil par Mme Valérie Leroy, Directrice du Salon
10H00 | Rencontre avec l’APCA – Chambre d’agriculture
10h35 | Rencontre avec la Coopération agricole
11h10 | Rencontre avec l’Union nationale des Maisons familiales rurales
11h45 | Rencontre avec le CNEAP – Pôle AGRI’Recrute
15h00 | Rencontre avec La Ferme digitale
16h-17h45 | Temps libre en régions
18h-19h | Messe en l’église Saint Antoine de Padoue du 15ème arrondissement de Paris

Homélie de Mgr Jacques Habert

Nous terminons cette belle journée au Salon de l’agriculture en célébrant la messe.

Une occasion pour nous de prier pour ceux et celles que nous avons rencontrés, de présenter au Seigneur toutes les situations de notre monde agricole. Il y a dans ce domaine à la fois une prière d’action de grâce, mais aussi une prière de supplication.

En célébrant la messe la tentation serait ce soir d’utiliser la parole de Dieu et d’essayer de la plaquer sur les réalités que nous avons pu découvrir ou approfondir. Il y aurait alors un risque d’instrumentaliser la parole de Dieu pour la mettre au service d’une idée ou d’un message.

Je vais donc essayer de ne pas tomber dans ce piège, tout en comprenant combien la parole que nous venons d’entendre, comme toute parole de Dieu peut éclairer toute les situations de nos vies.
C’est l’évangile dit du jeune riche que nous venons d’entendre, un évangile bien connu à la source de bien des vocations. Voilà un jeune homme, une jeune fille, qui se rend compte qu’il ou elle veut suivre le Christ, est sensible au message de l’évangile, mais voilà que les richesses, quelle qu’elles soient, empêchent cette suite du Christ. D’où alors ce sentiment de tristesse qui peut habiter le cœur de celui qui hésite à tout quitter pour suivre le Christ. L’évangile ne nous dit pas si cet homme reviendra ensuite vers Jésus et se mettra résolument à sa suite.  Cet évangile nus invite à ne pas cesser de prier pour les vocations dont notre Eglise et notre monde ont un si grand besoin. Prions que ceux qui sont appelés ne s’éloignent pas tout triste, mais entre dans la joie de l’appel.

Revenons à cette rencontre avec Jésus et cet homme, comprenons son cheminement.

Tout part du désir de cet homme, il accourt vers Jésus et, tombe à ses genoux. Il lui demande alors quelque chose d’essentiel : Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? En terme d’aujourd’hui on pourrait traduire ainsi : que dois-je faire pour être heureux, pour réussir ma vie.

Jésus renvoie cet homme aux commandements, eux ils ne sont pas au futur mais au présent :

Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère.

Pour avoir part à la vie éternelle il faut déjà mener une vie bonne sur la terre et c’est apparemment ce que fait cet homme. Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse. Alors intervient un tournant dans l’évangile, saint Marc précise que Jésus pose son regard sur lui, et il l’aima. Cette remarque est intéressante car il est évident que Jésus aimait ceux et celles qu’il rencontrait, mais on sent ici un amour de prédilection, un amour particulier, qui lui permet de lui dire : Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi.

Nous avons ici la réponse à la question, pour avoir part à la vie éternelle, pour être heureux, pour réussir sa vie il faut suivre le Christ.  On connait la fin de l’histoire : lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.

Alors Jésus ne dit rien, il n’insiste pas, il se contente de donner un enseignement à ses disciples sur la richesse. Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.

C’est un avertissement que les disciples ne comprennent pas, ils sont de plus en plus déconcertés. L’évangile se termine néanmoins sur une touche d’espérance : tout est possible à Dieu. Comprenons que la richesse n’est pas mauvaise en elle-même. On peut être riche et chrétien. Mais la richesse se présente comme un obstacle possible à la suite du Christ.

Voilà un évangile qui nous invite à faire le point sur la façon dont nous possédons nos richesses, dont nous les mettons soit à la première place, comme des idoles indépassables. Soit nous les mettons au service de ceux que nous côtoyons. Notons ici que les richesses peuvent être de plusieurs natures. Il y a bien sûr les richesses matérielles, l’argent, les bien de toute sorte. Mais il y a aussi les richesses culturelles, intellectuelles, spirituelles. Notre foi est un trésor, nous sommes tous dans ce domaine des riches. Que faisons-nous de cette richesse de la foi, savons-nous la partager. Ces questions vont nous être reposées dans les jours qui viennent puisque mercredi, après demain, nous entrons dans le temps du carême.

Comment actualiser la parole de Dieu alors que nous venons de passer une journée au Salon de l’agriculture ? Nous pouvons en tirer un enseignement.

En rentrant du Salon de l’agriculture, nous mesurons en effet combien une des richesses que Dieu ne cesse de nous donner, c’est la richesse de la création. Elle est un don. Un don qui nous met devant nos responsabilités. Soit nous utilisons cette richesse de façon désordonnée et comme des propriétaires irresponsables, alors nous risquons de conduire notre humanité à sa perte. Soir nous recevons cette richesse comme des serviteurs et alors nous mettons en œuvre le dessein de Dieu. Dans son encyclique Laudato Si, le pape François nous invite à contempler la richesse de la création. Il nous invite à l’émerveillement et à l’action de grâce. La contemplation de la nature nous fait entrer dans l’ordre de la gratuité, elle peut nous aider à ne pas nous enfermer dans une logique de domination ou d’accaparement. Le monde agricole peut nous aider dans ce domaine. Que l’évangile de ce jour, à l’inverse de cet homme qui s’en allait tout triste, nous donne de grandir dans une liberté intérieure, qui nous permettra de suivre le Christ avec plus de ferveur et de joie intérieure. Le contact avec la nature est un chemin qui conduit vers Dieu puisqu’il en est le créateur. Rendons grâce au Seigneur de nous dire par la beauté de la création l’immensité de son amour.

#SIA2022 #EVEQUESAUSIA

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  • SIA 2020

    Que des évêques se rendent au Salon de l’Agriculture, voilà qui peut apparaître très sympathique, voire un peu folklorique. Nous ne sous-estimons pas le caractère festif de ce rassemblement et nous[...]

  • Salon de l'agriculture

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    Comme en 2016, une délégation d’évêques s'est rendue pour la deuxième fois, au Salon International de l’Agriculture, le 26 février 2018. Témoins à la fois de la passion avec laquelle les agriculteurs exercent leur métier et des difficultés auxquelles[...]

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