Festival de Cannes 2019 : Mobilisation de l’Eglise locale
Depuis 1974, le Jury œcuménique est invité par le Festival de Cannes à remettre un prix à un film de la compétition officielle. Ce jury, composé de six membres, propose un regard particulier sur les films. « Il distingue des œuvres aux qualités à la fois artistiques et humaines qui sondent la profondeur de l’âme et la complexité du monde, qui mettent en lumière la justice, la dignité humaine, le respect de l’environnement, la paix, la solidarité, la réconciliation… des valeurs de l’Évangile largement partagées dans toutes les cultures. » Retour sur la sélection 2019.
Face au palais du Festival, discrète derrière des échafaudages, l’église Notre-Dame de bon voyage, en cours de restauration, ouvre ses portes aux festivaliers qui souhaitent quelques minutes de silence et de recueillement dans le brouhaha du plus grand rendez-vous culturel et médiatique mondial. Car, si loin et si proche en même temps du monde des paillettes et des stars, l’Eglise locale se mobilise pour accompagner et rencontrer pendant ces deux semaines tous ceux pour qui la lumière du cinéma peut avoir un lien avec la lumière de la foi.
Le grand rendez-vous fut la messe du Festival célébrée le dimanche 18 mai 2019, dans une église pleine, tout juste réouverte aux fidèles suite à des travaux, où paroissiens et festivaliers se sont rejoints lors d’une célébration, présidée par le P. Mariusz Piecyk, du diocèse de Toulon, délégué régional à l’œcuménisme, entouré d’une dizaine de concélébrant dont Mgr Vincent Landel, évêque émérite de Rabat et du P. Guy Largillière, curé de Cannes. Celui-ci parlant du Festival dans son éditorial de la feuille paroissiale, soulignait qu’ « au-delà des apparences un peu glamour que nous présentent les médias, des chrétiens y travaillent discrètement afin de mettre en avant des œuvres porteuses de valeurs humanistes et évangéliques ».
Au même moment se tenait le culte du Festival célébré à 200 mètres au bout de la rue Notre-Dame, qui relie l’église et le temple et c’est devant celui-ci que tous se sont retrouvés à l’issue des deux célébrations pour un temps convivial autour d’un verre.
Car une des dimensions de cet investissement des chrétiens auprès du Festival, est l’œcuménisme, car c’est de façon conjointe, au nom de la foi commune au Christ, que s’incarne cette attention des chrétiens auprès du monde du cinéma. En effet, un Jury œcuménique décerne son prix chaque année dans la sélection officielle. Ce fut le film de Terrence Malick « Une vie cachée » qui reçut ce samedi 25 mai, lors d’une cérémonie dans l’enceinte du Palais du Festival, le Prix du Jury Œcuménique 2019. Ce très beau film relate le don de sa vie d’un jeune paysan autrichien, Franz Jägerstätter, qui refuse peu après l’Anschluss, au nom de sa foi catholique, de prêter allégeance à Hitler. Mort en martyr de la foi, il sera béatifié par le Pape Benoît XVI en 2007.
De nombreux bénévoles locaux, renforcés par des animateurs de cinéclubs et de festivals chrétiens du cinéma de la France entière, s’activent en effet autour du Jury œcuménique, organisé par les associations Signis Cinéma (catholique) et Interfilm (protestante), afin d’animer, par un site internet et un stand au marché du cinéma, la visibilité de cette approche chrétienne du cinéma. Mgr André Marceau, évêque de Nice, est venu passer une journée avec eux pour les rencontrer lors de la première semaine du festival. Cette année, deux soirées avec l’historien du Cinéma Vincent Mirabel, ont permis aux paroissiens de mieux découvrir le 7ème art et ses codes.
Messe du Festival à l’église Notre-Dame de bon voyage
Un autre temps fort, a été, après une réception à la mairie du Jury œcuménique par le maire David Lisnard, la célébration œcuménique, cette année à l’église anglicane. Elle fut ponctuée par une prédication du P. Mariusz Piecyk sur la beauté dans le cinéma en présence du Pasteur François Clavairoly, Président de la Fédération Protestante de France et de Mgr Norbert Turini, Président du Conseil pour la communication de la Conférence des évêques de France. Pour celui-ci, présent à Cannes lors de la seconde semaine du Festival au nom des évêques de France, « une présence, même modeste dans ce média qu’est le 7ème art est précieuse et permet un lien gratuit que nous arrivons à tisser avec les professionnels du cinéma et ce monde de la culture audiovisuelle contemporaine, car dans l’Evangile, tout est question de relations. Et cette présence est en premier lieu celle de la paroisse qui s’investit beaucoup dans cette mission d’accueil et d‘écoute de ce qu’a nous dire la culture contemporaine et d’y témoigner de l’Evangile ».
Vincent Fauvel, directeur adjoint de la communication de la Conférence des évêques de France