Déclaration finale de la session nationale de la Mission de la Mer
A la pêche, nous sommes attentifs à un contrôle raisonné et durable de l’effort de pêche, qui permette de préserver la ressource, et d’assurer de dignes conditions de vie et de travail aux pêcheurs et à leurs familles.
En novembre 2009, au moment des assises de la pêche, la MDM a adressé un message à la Commission Européenne, à propos de la politique commune de pêche. Nous n’avons ni navire, ni quota, ni part de marché à défendre, mais seulement « l’humain » : que les pêcheurs soient entendus, respectés, et puissent vivre dignement du fruit de leur travail. Il est indispensable d’arriver, par un dialogue respectueux entre pêcheurs et scientifiques, à une claire approche de la ressource halieutique. Il n’est pas normal que l’expérience et les points de vue des pêcheurs soient ignorés lors des prises de décision concernant leur métier, leur vie et leur avenir. Dans divers ports, la Mission de la Mer va proposer à des équipes de mener une réflexion avec d’autres sur ces points.
Du côté des marins du commerce, la crise se fait sentir : les contrats s’allongent, et les pressions sont fortes de la part des compagnies pour qu’ils acceptent des conditions moindres ; il est toujours difficile pour eux de sortir du bateau et d’aller à terre, pour un moment de détente à l’écart de leur vie stressante à bord.
Dans les ports, concernant l’accueil des marins, nous voyons une avancée dans la création des Commissions Portuaires de bien-être des gens de mer ; mais nous regrettons la lenteur de leur mise en place : dans de nombreux ports concernés, plus d’un an après la parution du décret, c’est le statu quo. Aujourd’hui, l’accueil des marins dans les foyers, dont la situation financière est précaire, n’est pas satisfaisant ; il devient urgent que les compagnies maritimes et les autorités portuaires s’impliquent davantage pour donner plus de moyens.
Les associations et les Eglises, qui oeuvrent pour le bien-être des marins, collaborent bien ensemble. Nous attendons un appui et un soutien, de la part de tous les intervenants portuaires, pour que la qualité du service offert aux marins, prenant aussi en compte leurs besoins spirituels, soit améliorée.
La Mission de la Mer participe à l’accueil des marins de navires de croisières, comme à Marseille ; elle cherche à être présente auprès des équipages et des passagers par une aumônerie appropriée, privilégiant la rencontre et le partage avec les navigants.
Notre difficulté demeure de rejoindre les jeunes en formation dans les écoles maritimes. Il y a aussi toutes les zones de notre littoral, ports de pêche ou de commerce, où la MDM n’est pas présente. Pour avancer, il est nécessaire de trouver une coopération avec les diocèses concernés.
Cette année 2010 a été décrétée « année du marin » par l’OMI (Organisation Maritime Internationale).Ce serait un réel progrès pour les marins, si la France et les autres pays de l’Union Européenne ratifiaient enfin, à la suite d’autres pays, la Convention du Travail Maritime (adoptée en 2006 par l’OIT/BIT), pour qu’elle devienne applicable rapidement.
Le monde maritime reste toujours pour nous un lieu de mission, et les défis à relever sont devant nous. Nous continuerons à nous « mouiller » pour que l’Evangile ait le goût du partage et de la justice, en oeuvrant, avec d’autres, dans le sens du bien commun de l’humanité et de la solidarité internationale.
Quand nous nous rendons proches des marins de tous pays, cultures et croyances, nous témoignons de l’universalité de l’Eglise, faite pour tous les hommes. C’est une incitation et un appel pour elle à s’ouvrir toujours au-delà de ceux qu’elle rassemble, et à se laisser porter par l’Esprit vers la rencontre des autres et le dialogue avec eux.
Port de Bouc, le dimanche 16 mai 2010
Monsieur Philippe Martin, président,
Père Guy Pasquier, secrétaire national.
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