Dans les pas des saints Louis et Zélie Martin
À Alençon, le sanctuaire Louis et Zélie Martin, maison natale de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, permet d’entrer dans l’intimité familiale et de découvrir le quotidien, devenu chemin de sainteté, de ce couple canonisé en 2015. Le parcours dans la ville, à l’image du parcours de vie de la famille Martin, non dénués d’épreuves, rejoint les pèlerins d’aujourd’hui et touche les cœurs. Par Florence de Maistre.
Rendez-vous en face de la préfecture au 50 rue Saint-Blaise à Alençon : la maison familiale des Martin est le cœur du sanctuaire Louis et Zélie. L’originalité de ce sanctuaire ? « Proposer une multitude de sites qui sont des lieux de vie de saints ! Ici, on a à la fois le pont où Louis et Zélie se sont rencontrés, l’ancienne horlogerie où ils ont travaillé et habité une partie de leur vie, la rue Saint-Blaise où est née Thérèse, la plus grande sainte des temps modernes, la maison de sa nourrice où sa vie a été sauvée, le Pavillon de Louis Martin, Saint-Denis-sur-Sarthon, l’église où Zélie a été baptisée », commence Guy Fournier, diacre permanent du diocèse de Séez et adjoint au recteur du sanctuaire. Sans oublier, l’église Notre-Dame élevée au titre de basilique, lieu du mariage des époux Martin, du baptême de Thérèse, de sépulture de Zélie. C’est toute une ville que les pèlerins découvrent “sur les pas de Louis et Zélie”. Au fil de la visite, ce couple de saints devient un peu plus familiers.
Des saints du quotidien
“Ce qui caractérise les parents Martin, c’est d’être le premier couple canonisé ensemble. L’Église a voulu mettre en évidence la vie conjugale et familiale comme chemin de sainteté. Nous sommes tous très marqués par la palette des étapes de leurs vies : elles rejoignent toutes les réalités contemporaines”, poursuit le P. Thierry Hénault-Morel, recteur du sanctuaire et auteur de Louis et Zélie Martin (Éd. du Cerf, 2015). Discerner son propre avenir, vivre un temps de célibat avant que se dessine l’appel au mariage, s’ouvrir aux naissances, traverser l’épreuve du décès de quatre enfants, être confronté aux aléas de la vie professionnelle, s’engager et lutter contre la misère, agir pour participer à l’instauration d’une société plus juste, s’interroger autour de la modernité où il faut distinguer ce que l’on peut accueillir et ce à quoi il faut aussi prendre garde, éduquer, etc. “Ce sont des saints du quotidien, avec une vie animée et orientée par la foi. Cette dernière étant nourrie par un regard porté sur leurs contemporains aux itinéraires de vie parfois très divergents, par un regard résolument positif”, note Guy Fournier. Le chemin des Martin croise aussi la maladie, Zélie étant emportée par un cancer à 46 ans. Elle laisse Louis veuf et les enfants meurtris. Louis connaitra à son tour une fin de vie marquée par une maladie cérébrale éprouvante pour les siens. “Nous sommes très sensibles à la dimension des blessures qu’une famille peut connaître. Les Martin n’en sont pas exempts, ce qui les rend très proches, témoins. Ce sont aussi des saints que l’on prie, invoque et qui intercèdent : tout l’enjeu est là”, souligne le recteur.
Un sanctuaire qui fédère
“En 2019, nous avons dépassé la barre des 180 groupes accueillis ici, c’est inédit dans notre histoire”, lance Damien Thomas, secrétaire général du sanctuaire. Personnes en recherche, en souffrance, curieux de passage, croyants : 30 000 personnes fréquentent chaque année le site. Il est animé par une équipe intergénérationnelle composée du recteur, de son adjoint, d’un jeune prêtre diocésain, d’une communauté (les sœurs Carmélites Messagères du Saint Esprit nouvellement arrivées succèdent aux Petites sœurs de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus) et de six salariés. Sans oublier la trentaine de bénévoles qui s’impliquent au quotidien, une équipe considérablement renforcée lors d’évènements. “C’est impressionnant, en accompagnant les pèlerins très divers, de toutes sensibilités, je me rends compte que ce sanctuaire est vraiment un lieu qui fédère. Les gens arrivent toujours à entrer dans un questionnement ou bien sont confortés dans la foi par tel ou tel aspect de la vie de Louis et Zélie”, reprend Damien Thomas.
Une communion de prière
Chaque mois, 1200 à 1500 intentions de prière sont confiées au sanctuaire, déposées dans les petites corbeilles à la chapelle Sainte-Thérèse, à la maison d’accueil, à la basilique, par internet ou encore lors des missions. Chaque premier vendredi du mois, le temps de prière se termine dans la chambre de Louis et Zélie Martin en présence du Saint-Sacrement. Là, toutes les intentions sont déposées dans le berceau. “Elles sont le révélateur grandeur nature de la situation sociétale d’aujourd’hui : solitude, emploi, vie de famille, couple, maladie, souffrances. En cela l’exemple de Louis et Zélie, vu comme des gens qui avancent, doutent, se relèvent, à qui la foi donne une énergie qui permet d’aborder chaque jour nouveau, inspire la vie de nos contemporains. C’est un chemin d’espérance”, partage Guy Fournier. Dans ces intentions, les pèlerins écrivent directement à Louis et Zélie et leur confient très souvent des proches. Le diacre de confesser son émotion. Il évoque la solidarité des chrétiens, manifeste, au cœur de ces prières les uns pour les autres, dans la souffrance ou l’action de grâces. “Les intentions des pèlerins, très développées pour certaines, nous évangélisent. Elles nous mettent à nu devant la réalité de l’humanité blessée, déposée devant Dieu. Regarder les saints, c’est regarder des témoins lumineux qui nous ont précédés et qui nous aident à avancer sur le chemin qui conduit vers le Seigneur”, ponctuent avec unanimité le recteur, son adjoint et Damien Thomas.
Le défi de la famille
Outre l’accueil des individuels et des groupes formés, le sanctuaire organise une dizaine de missions par an, ainsi qu’une dizaine d’événements. “Nous vivons la grâce du lieu. Le charisme des parents Martin se partage aussi dans cette itinérance, des déplacements en réponse aux appels des paroisses”, explique le P. Hénault-Morel. Dans les diocèses en France, ces missions hors les murs sont souvent très simples : veillée de prière, méditation, recueillement autour du grand reliquaire des époux Martin et possibilité de confier ses intentions. Elles attirent largement, y compris des personnes qui ne fréquentent pas d’ordinaire l’Église.
La fête des familles est le grand temps fort proposé par le sanctuaire à l’occasion de l’anniversaire de la canonisation du couple. La 5e édition de l’évènement a vu en octobre dernier la participation d’une cinquantaine de familles, de diverses provenances géographiques, heureuses de prendre ensemble ce temps de respiration et de stimulation de la foi, avec des activités adaptées aux enfants et aux jeunes. Autre temps fort, lié à l’anniversaire de mariage des époux Martin : l’invitation faite aux couples de renouveler la promesse de leur mariage. En juillet dernier, cinquante couples ont répondu présents. Une marche est proposée aux épouses et aux époux chacun de leurs côtés, les deux convergeant sur le Pont de la rencontre, avant une célébration de l’eucharistie. L’an dernier et pour la première fois, des week-ends pour les personnes veuves, les couples en espérance d’enfant, une semaine pour les parents isolés avec leurs enfants ont été organisés. Au programme cette année, des temps dédiés aux fiancés, aux personnes seules, aux personnes séparées sont également prévus. “La notion de sanctuaire est toute récente, tout démarre. Chaque jour, nous avons un nouveau défi à relever : c’est formidable de vivre ça dans l’Église en France aujourd’hui ! Notre objectif tient en ces mots : conforter ceux qui vont bien, soutenir ceux qui peinent, relever ceux qui sont tombés. Voilà tout le champ de la mission”, précise le recteur.
Inaugurée en avril dernier, la maison d’accueil Louis et Zélie met à disposition vingt-deux chambres familiales tout confort, au cœur du sanctuaire. Salle à manger, salle de conférence, chapelle, jardin clos, terrasse avec vue et îlot de jeux pour les enfants, tout a été conçu avec soin et qualité pour un véritable ressourcement. “Avec cet investissement très important, on voit à quel point le choix de la famille comme défi et le sanctuaire comme lieu d’avenir est un choix structurel, résolu de la part de notre évêque”, indique le secrétaire général.
Des projets en réseaux
“Le sanctuaire fait partie du charisme diocésain et de sa mission. Nous vivons une unité forte avec la paroisse et le diocèse. Nous travaillons en grande proximité avec les services et les mouvements de spiritualité familiale et conjugale. Nous partageons évidemment aussi le charisme des Martin avec le sanctuaire de Lisieux, nous sommes très complémentaires et appelés à être solidaires”, relève le recteur. Tout un réseau se met en place au niveau du diocèse pour mutualiser les compétences. L’idée de développer des propositions pertinentes en lien avec les sanctuaires de Lisieux et de La Chapelle-Montligeon fait son chemin. De même, des réflexions sont menées avec l’association des villes-sanctuaires en France, et également avec les offices de tourisme de Normandie et de Chartres pour toucher un public à l’international.
À l’horizon 2021, l’équipe du sanctuaire compte mettre en place son réseau des ambassadeurs. Nombre de personnes touchées par la découverte du site souhaitent y prendre part. En devenant “ambassadeur”, elles deviennent porte-parole de Louis et Zélie Martin font connaître les projets du sanctuaire, la possibilité d’accueillir une mission. Le P. Thierry Hénault-Morel de pointer encore : “Il y a un enseignement fort de l’Église qui rappelle les versants intime et social de la famille. Le grand danger serait de fractionner le mystère de la famille, première cellule de la vie sociale. Elle est le lieu où l’on apprend à vivre ensemble. Fragilisée, nous avons à l’encourager pour éviter qu’elle ne se replie sur elle-même. Cette dimension sociale est très forte chez les Martin. Elle prend un sens communautaire dans leur prière. Le chemin des familles est de transformer la société en une famille, celle de l’humanité”.
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Arrivée de nouvelles soeurs : le Recteur et le Secrétaire Général du Sanctuaire Louis et Zélie d'Alençon nous les présentent 👍https://t.co/GZLFsYaCLN
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Il y a 148 ans, sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus naissait à Alençon. 👶❤️😇🌹 pic.twitter.com/NXpXPmCNQm
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L'évêché est le lieu de résidence de l'évêque.
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