Miracle à Lourdes
Cette déclaration portera successivement sur :Le fait de cette guérison.
L’interprétation de ce fait selon la foi chrétienne.
La responsabilité spécifique de l’Église en vue d’authentifier ce fait.
I – LE FAIT DE LA GUÉRISON
Le vendredi 9 Octobre 1987, à Lourdes, au cours du pèlerinage du Rosaire auquel il participait, Monsieur Jean-Pierre BÉLY, alors âgé de 51 ans, a été guéri d’une maladie grave et invalidante dont il souffrait depuis plusieurs années.
Cette maladie a été identifiée par les médecins qui le soignaient comme étant une sclérose en plaques parvenue à un stade sévère et avancé.
Tous les médecins qui l’ont examiné, après l’événement survenu à Lourdes le 9 Octobre 1987, ont constaté que la guérison de Monsieur BÉLY a été subite, complète et durable.
II – L’INTERPRÉTATION CHRÉTIENNE DE CETTE GUÉRISON
En tant qu’évêque du diocèse d’Angoulême, où Monsieur BÉLY continue de résider, j’ai aujourd’hui la responsabilité de faire connaître l’interprétation que l’Église se juge autorisée à donner de cette guérison subite et inattendue.
Cette interprétation s’appuie sur le témoignage donné par Monsieur BÉLY lui-même, à la suite de l’événement survenu pour lui à Lourdes le 9 Octobre 1987. Elle comporte une lecture et une compréhension de ce témoignage à la lumière de la foi.
1. Il est certain que Monsieur BÉLY a été totalement et durablement guéri à Lourdes, c’est-à-dire qu’il a été délivré du mal dont il souffrait et remis effectivement debout.
Cette délivrance et ce « relèvement » peuvent être considérés comme un don personnel de Dieu pour cet homme, comme un événement de grâce, comme un signe du Christ Sauveur.
2. Cet événement de grâce a eu lieu à Lourdes au cours d’un pèlerinage où Monsieur BÉLY avait pu recevoir le sacrement de réconciliation et le sacrement des malades.
On ne peut que reconnaître la relation intime qui existe entre ces signes sacramentels et le fait de la guérison. L’amour de Dieu pour cet homme s’est manifesté à travers les actes sacramentels de l’Église.
3. L’intercession de la Vierge Marie a été également déterminante dans la guérison de Monsieur BÉLY.
Le récit qu’il fait lui-même des journées passées à Lourdes laissent percevoir la prévenance particulière de la Vierge Marie à l’égard de cet homme gravement malade et fidèle à la prière du Rosaire.
L’événement de la guérison de Monsieur BÉLY ne doit donc être séparé ni des sacrements reçus au cours du pèlerinage, ni de la prière adressée à Notre Dame de Lourdes. La guérison de Monsieur BÉLY, même si elle a été instantanée, ne tombe pas du ciel : elle s’inscrit dans le contexte de l’Église réelle qui vit des sacrements du Christ et qui prie la Vierge Marie, la mère de Jésus Christ, le Sauveur.
III – LA RESPONSABILITÉ SPÉCIFIQUE DE L’ÉGLISE
La guérison inattendue de Monsieur BÉLY a suscité des expertises médicales multiples, d’ordre neurologique et d’ordre psychiatrique, qui ont été soumises, durant près de dix ans, au Bureau médical de Lourdes et au Comité médical international de Lourdes (CMIL).
Au cours de sa dernière réunion, ce Comité médical international, tout en s’abstenant de fournir des preuves médicales absolues de la guérison, a explicitement souhaité que l’Église formule son propre jugement. Tel est l’objet de cette déclaration.
1. Le discernement pastoral, que j’ai la responsabilité de faire connaître, en tant qu’évêque du diocèse d’Angoulême, n’est pas dissociable du discernement médical, tel qu’il a été formulé par le Comité médical international.
On peut en effet reconnaître que le fait de cette guérison subite et inattendue échappe à l’histoire habituelle et naturelle de la maladie diagnostiquée.
2. Tout en tenant compte de ces éléments, l’Église a la liberté, reconnue par le Comité médical international lui-même, d’exprimer son propre discernement pastoral, qui s’appuie sur le témoignage de Monsieur BÉLY et sur l’avis de la commission canonique, composée de prêtres et de laïcs qualifiés, notamment de médecins, que j’ai réunie à Angoulême le lundi 4 janvier 1999.
Au nom de l’Église, je reconnais donc publiquement le caractère authentique de la guérison dont a bénéficié Monsieur Jean-Pierre BÉLY à Lourdes, le vendredi 9 Octobre 1987.
Cette guérison subite et complète est un don personnel de Dieu pour cet homme et un signe effectif du Christ Sauveur, qui s’est accompli par l’intercession de Notre Dame de Lourdes.
3. Cette reconnaissance publique sera proclamée au cours de deux célébrations eucharistiques fixées au jeudi 11 Février 1999, en la fête de Notre Dame de Lourdes, qui est aussi, dans l’Église catholique, la journée mondiale de prière pour les malades.
A Lourdes, l’Eucharistie sera célébrée à 10h 30, en la basilique saint Pie X et présidée par Monseigneur Jacques PERRIER, évêque de Tarbes et Lourdes.
A Angoulême, l’Eucharistie sera célébrée à 20h 30, en l’église Notre Dame d’Obezine. Je la présiderai en tant qu’évêque d’Angoulême. Monsieur BÉLY y participera avec sa famille et ses amis.
4. J’invite tous les fidèles à rendre grâces pour cette guérison, comme Monsieur BÉLY le fait lui-même : c’est-à-dire selon l’esprit des Béatitudes, avec la conscience d’être des pauvres aimés de Dieu et qui peuvent compter sur son Amour.
J’invite tout particulièrement les malades à être parmi nous les témoins de cette confiance, non pas en se résignant à leurs souffrances, mais en désirant l’avènement de la création nouvelle enfin délivrée de la maladie, du péché et de la mort. Car « la création tout entière gémit maintenant encore dans les douleurs de l’enfantement. » (Rom. 8,22).
Que la Vierge Marie, Notre Dame de Lourdes, nous apprenne à participer, jusque dans nos corps, à cet enfantement d’une humanité nouvelle, transformée par l’Amour de Dieu, dans le Christ!
+ Claude DAGENS
Évêque d’Angoulême
9 Février 1999