Message Aux Conférences Episcopales

A nos frères Evêques dans le monde. Salut et paix en Notre Seigneur Jésus-Christ.

Nous, évêques de la CERNA (Conférence des évêques de la Région du Nord de l’Afrique) et de la CELRA (Conférence des évêques Latins dans les Régions arabes), réunis à Rome du 11 au 16 octobre 2004, nous avons réfléchi ensemble sur les questions de justice et de paix dans nos régions. Tous nos pays sont menacés par l’instabilité au Moyen-Orient qui pèse sur la paix du monde entier. Certains pays cependant vivent dans les souffrances plus que d’autres : l’Irak, la Somalie, le Soudan et la Terre Sainte, Palestine et Israël. Tout en prenant conscience de tous ces conflits et d’autres encore si nombreux dans le monde, et de la nécessité de prendre des mesures urgentes pour mettre fin aux tragédies humaines dans ces conflits, nous avons centré notre réflexion sur celui de la Terre Sainte.

La situation dure depuis des années et nécessite aujourd’hui, plus que jamais, une action qui mette fin aux souffrances de tous les habitants de cette terre, juifs, chrétiens et musulmans, devenus aujourd’hui égaux dans l’incapacité de mettre fin au conflit et enfermés dans un cycle de violence cruelle et irrationnelle. Les deux peuples, palestinien et israélien, sont en train de périr, les forts comme les faibles, les violents comme ceux qui attendent patiemment une solution pacifique.

Le conflit en Terre Sainte concerne tout chrétien qui a conscience d’appartenir à la terre de la Rédemption qui est celle de ses racines spirituelles.

Nous sommes reconnaissants au Saint-Père pour sa parole et ses initiatives en faveur de la paix. Nous sommes reconnaissants à toutes les Eglises pour leurs nombreux messages et gestes de solidarité et pour leur grande générosité.

Mais nous croyons que les Eglises peuvent faire plus encore. Si toutes les Eglises du monde prenaient conscience de leur devoir à l’égard de cette terre, et s’engageaient dans une action commune et concertée pour sensibiliser leurs gouvernements, leurs peuples et la communauté internationale, leur intervention serait un facteur décisif dans la réalisation de la paix, de la justice et de la réconciliation en Terre Sainte.

Nos Eglises ont reçu du Seigneur un ministère de réconciliation.Nous n’appelons pas à prendre position pour l’un contre l’autre mais à aider les deux parties à se réconcilier. Nous appelons à une prise de conscience dans toutes les Eglises du monde. Leur voix devrait s’élever, forte, pour dire qu’il faut promouvoir la paix sur cette Terre Sainte dans laquelle les deux peuples ont désormais besoin d’une aide extérieure pour ramener la paix et la réconciliation.

Le temps de l’Avent approche. Le monde chrétien célèbrera bientôt Noël et la Naissance du Messie Sauveur, Prince de la Paix, alors que le sang continue de couler à Bethléem et dans toute la Terre Sainte.

Nous, Evêques des deux conférences, nous proposons à nos communautés un jour de jeûne et de prière à cette intention, le mercredi 22 décembre 2004. Nous vous demandons de vous unir à nous, avec vos communautés, par ce geste ou par une autre initiative.

Reconnaissant notre impuissance comme celle de nos peuples dans cette situation, nous gardons l’espérance en Dieu et en votre action. Dieu est bon envers tous, et sa bonté finira par vaincre le mal de la guerre dans la terre qu’il a choisie pour venir au monde.

 » A Jérusalem, tout homme est né « , dit le psalmiste. Les Eglises ont le devoir de contribuer à la réalisation de la paix et de la réconciliation en Terre Sainte.

Vos frères dans l’épiscopat

+ Michel Sabbah
Patriarche Latin de Jérusalem
Président de la C.E.L.R.A.

+ Fouad Twal
Archevêque, Evêque de Tunis
Président de la C.E.R.N.A.

+ Paul Dahdah
Archevêque, Vic. Ap. de Beyrouth

Rome, 15 octobre 2004