Hommage au Père Pierre Dubois
Son action au coeur des affrontements entre carabiniers et manifestants le conduira à risquer bien souvent sa vie. Le 4 septembre 1984, à l’occasion d’une journée de protestation nationale, son compagnon, le père André Jarlan, tombe sous les balles des forces armées tandis qu’il priait dans sa maison. Face à la montée des tensions provoquée par le drame, il réaffirme le choix de la non-violence. Les témoins rapportent cet événement non violent par excellence : il conduit les évènements de l’intention de brûler le commissariat local à l’apaisement qui prendra la forme d’un « ruisseau de lumière » dans le quartier.
Sa recherche de la vérité autour de l’assassinat et son rôle dans l’organisation de la solidarité à La Victoria, lui vaudront d’être arrêté, puis expulsé avec deux autres prêtres français le 12 septembre 1986 par décision gouvernementale. Peu avant, il avait reçu le Prix Oscar Romero du service Justice et Paix fondé par le prix Nobel de la Paix Adolfo Perez Esquivel.
Durant son « exil » dans son diocèse d’origine, il est un relai indispensable de l’information en France sur les réalités politiques et sociales chiliennes. Avec d’autres, il participe au soutien des exiliés chiliens en France.
Dès 1990, il retourne au Chili sur l’invitation du premier président élu démocratiquement depuis 1970, Patricio Aylwin. Ce retour marque une reconnaissance de la part du Peuple chilien : c’est le Parlement qui vote l’attribution à Pierre Dubois de la nationalité chilienne. Peu avant, il est promu au grade de chevalier de la Légion d’Honneur, en qualité « d’aumônier national d’un mouvement ouvrier d’action catholique, 38 ans de vie religieuse, de dévouement et de service militaire. » par le ministère français de la coopération et de la francophonie. En effet, il aura œuvré tout au long de sa vie dans l’Action Catholique Ouvrière (MOAC-JOC), promouvant la solidarité par l’organisation du mouvement ouvrier et l’évangélisation des travailleurs. On retrouve bien le socle de tout son engagement au cœur des violences des années 1980 à La Victoria. Car pour lui, « un pauvre seul est un homme mort ».
Le secret de sa vie, il nous le livre dans cet entretien récent : « Ce que je prétends être, c’est ami du Christ, et cela ne m’intéresse pas qu’on se souvienne de moi d’une façon ou d’une autre ».
L’Eglise de France est fière de compter parmi ses enfants un prêtre, Pierre Dubois, qui a livré sa vie avec le peuple Chilien. Ce Peuple qui lui aura permis de donner le meilleur de lui-même. « Notre vie a un sens SI on veut la donner » aimait-il à dire.
Le Père Luc Lalire représentera la CEF auprès de l’Eglise du Chili.
+Marc STENGER
Evêque de Troyes
Accompagnateur du Pôle Amérique Latine et Caraïbes
Luc LALIRE
Responsable du pôle Accompagnateur du pôle Amérique Latine et Caraïbes SNMUE