L’aumônerie générale des prisonniers de guerre | Documents épiscopat
Créée dès le début de la 2nd Guerre mondiale, par l’abbé Jean Rodhain avec le soutien de l’épiscopat français, l’Aumônerie générale des prisonniers de guerre assistait spirituellement les prisonniers français et soutenait aussi les prisonniers allemands, constitués en France, à la fin de la guerre. Par son action, elle a contribué à sensibiliser l’opinion publique sur la situation.
Édito de Mgr Maurice de Germiny
Les pages que vous lirez dans ce cahier illustrent ce que nous affirmons dans le symbole de Nicée-Constantinople : « Je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique ». Mais cette foi ne serait que « cymbale retentissante … s’il manque l’amour, cela ne sert à rien » (1 Cor. 13,1,3). Les auteurs de ce dossier se sont attachés à exposer la pertinence de ces paroles.
La Seconde Guerre mondiale a généré un grand nombre de prisonniers tant du côté allemand que du côté français et des forces de l’Axe. Pour l’Église se posait la question de l’assistance spirituelle. La situation économique était désastreuse. Il fallait nourrir, loger, soigner … Comment répondre aussi à cette parole du Christ : « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt.4,4).
Dans cette histoire, un nom émerge, celui de Jean Rodhain qui aura les « audaces de la charité » et qui sera rejoint dans sa mission par des prêtres français et allemands, par des religieuses ainsi que par des laïcs fidèles à leur baptême ou à leur engagement scout ou jociste.
La résistance à l’idéologie Nationale-socialiste était forte en Allemagne. Le pasteur Dietrich Bonhoeffer le paya de sa vie en 1945. Mgr von Gallen, évêque de Münster mena une opposition forte contre le régime hitlérien. Nombreux furent les prêtres, les pasteurs déportés … Inconciliables étaient l’idéologie nazi et le christianisme. Dans ces conditions, l’assistance spirituelle des prisonniers était difficile. Toutefois, elle se faisait avec héroïsme et produisit des fruits inattendus favorisant l’œcuménisme, la réforme liturgique, la réconciliation franco-allemande, la rechristianisation de l’Allemagne grâce aux prêtres formés au « Séminaire des barbelés » par Franz Stock …
Une fois encore, les archives démontrent leur utilité car celles-ci conservent vivantes l’action de Dieu et la transmettent, nous permettant de rendre grâce pour ceux qui ont mis en pratique ces paroles de Jésus : « J’étais en prison et vous êtes venus jusqu’à moi » (Mt.25,36). »
Mgr Maurice de Germiny,
évêque émérite de Blois, évêque référent pour le Centre national des archives de l’Eglise de France (CNAEF).