Mgr Ballot : Petite bouture prendra racine

Vous connaissez déjà du monde dans l’hémicycle…

J’ai travaillé comme vicaire général avec les évêques de ma province de Besançon donc je connais ces évêques. Il y aussi ceux de ma province actuelle, c’est-à-dire Lyon. J’ai connu quelques évêques au Séminaire français de Rome et qui ont le même âge que moi : Mgr Batut, évêque auxiliaire de Lyon, Mgr Gaschignard, évêque auxiliaire de Toulouse, Mgr Brouwet, évêque auxiliaire de Nanterre, Mgr Ginoux, évêque de Montauban, Mgr de Kerimel, évêque de Grenoble. Il y a aussi des anciens Supérieurs de séminaire comme Mgr Stenger, évêque de Troyes, Mgr Daucourt, évêque de Nanterre, Mgr Fort, évêque d’Orléans.
 

Mgr Philippe Ballot portrait AP Lourdes

Nommé le 14 janvier 2009, Mgr Philippe Ballot sera ordonné archevêque de Chambéry, de Maurienne et de Tarentaise le 26 avril prochain. Il prend le relais de Mgr Laurent Ulrich, nommé à Lille début 2008.
 

Qu’est-ce qui vous frappe dans cette Assemblée plénière ?

Quand on est nouveau, on n’est pas ignoré. Les confrères vous saluent volontiers, vous parlent, vous mettent à l’aise. Ce qui me frappe aussi, c’est le souci des évêques de pouvoir parler de ce qu’ils vivent dans leur diocèse. Ils viennent à Lourdes avec les préoccupations mais aussi les joies, les espérances qu’on peut vivre sur le terrain. Ca se vit à travers les débats en grande assemblée ou les prises de parole des uns et des autres mais aussi quand on se retrouve de manière spontanée et informelle, aux pauses, aux repas. On se sent vraiment dans une famille.
 

Que retenez-vous des sujets évoqués cette semaine ?

J’ai bien aimé la première matinée où les évêques, très librement, parlent de la vie de l’Eglise et de l’actualité. Cela permet de percevoir les centres d’intérêt, les questions qui se posent, les sujets qu’on peut aborder. On a aussi évoqué les turbulences dans l’Eglise ces derniers mois et comment cela a retentit dans la société et dans l’Eglise elle-même. On sent bien le souci et le désir de donner à nos communautés chrétiennes un message d’espérance et de joie à l’approche de Pâques. Ces difficultés sont aussi une invitation à aller plus profondément dans notre foi, dans notre adhésion à l’Eglise, dans notre compréhension de la vie de l’Eglise qui ne se réduit pas simplement aux épreuves qu’on peut vivre en interne.
 

Et la bioéthique, la crise financière, l’Europe ?

Ces deux premières questions sont des sujets extrêmement présents et de façon constructive aussi. J’apprécie le travail des évêques et notamment le livre envoyé aux députés, « Propos pour un dialogue » ; les liens qu’il y a pu avoir avec nos représentants au niveau national ou local. Nous sommes en dialogue avec la société : ni en vis-à-vis ni contre. Sur des sujets comme celui-là, nous avons des valeurs et une conception de l’homme que nous défendons et argumentons. On s’aperçoit qu’on est apprécié parce qu’on dit : « Tiens, quand l’Eglise aborde ces questions de bioéthique, elle voit loin ». Ca aide les décideurs. Pour la crise financière, c’est la même chose. On a eu un exposé très précis, très technique, sur les origines de la crise et ses conséquences humaines. L’Eglise attire l’attention sur cette crise comme étant aussi l’expression d’un questionnement plus profond, qui touche nos comportements, nos liens les uns aux autres. On ne peut pas toujours valoriser l’individu et ne pas penser que l’individu est aussi constitué des relations qu’il a avec les autres. Il y a toute une dimension communautaire, fraternelle et de partage à développer, notamment le rapport à la nature, à la Création. On ne peut pas toujours être dans une situation de consommation qui progresse sans se demander s’il n’y a pas une limite. Et l’autre, à côté de moi ou dans un pays qui a besoin de se développer, est-ce que je l’intègre dans mes choix de vie ? Voilà un autre sujet sur lequel on peut être en dialogue avec la société qui elle aussi cherche et a besoin d’aller loin. L’Europe est certainement un des lieux où l’on peut montrer ce qu’il est possible de vivre dans une complémentarité entre Etats et entre cultures.
 

Comment se prépare votre ordination épiscopale ?

Bien ! Les chrétiens se mobilisent sur l’ensemble de la Savoie. Je suis déjà allé plusieurs fois dans le diocèse prendre des contacts, rencontrer les prêtres, les laïcs en responsabilité, les religieux et religieuses. C’est important de se voir, de se rencontrer : un lien se crée. Après Pâques, je serai définitivement dans le diocèse. Pour prendre une comparaison, en janvier, à l’annonce de ma nomination, j’étais comme une plante bien enracinée qu’on aurait déracinée un peu rapidement. Les feuilles flétrissent dans ces moments-là parce que les racines attendent une nouvelle terre. En arrivant en Savoie, les racines ont perçu tout de suite qu’elles étaient dans une bonne terre et les feuilles sont reparties ! Pour bien s’enraciner quelque part – et c’est une expérience spirituelle que je vis – il faut l’être avant. Qui est ma racine ? C’est le Christ. Où sont mes racines ? Elles sont de terre rurale puisque mes parents étaient cultivateurs en Haute-Saône, dans mon village natal. Mes racines, c’est aussi mon réseau d’amis qui grandit à mesure que j’avance. Il y a des amis qu’on ne voit plus mais qui restent présents. Quand on les revoit, les racines repartent. Quand je dis que ma racine est Jésus-Christ et l’Evangile, ce n’est pas si facile que ça, c’est exigeant. Il faut vivre cette fidélité au Christ !
 

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