Qui était Frère Roger de la communauté de Taizé ?

Frère Roger, de son vrai nom Roger Louis Schutz-Marsauche, est né le 12 mai 1915 en Suisse, fils d’un pasteur protestant, mais issu aussi d’une lignée catholique du côté maternel. Très tôt, il est marqué par le désir d’unité entre les chrétiens et par la nécessité de vivre la réconciliation « dans le concret », loin de tout esprit de division.

En 1940, en pleine Seconde Guerre mondiale, il s’installe seul dans le petit village bourguignon de Taizé, près de Mâcon, où il commence par héberger des réfugiés, qu’ils soient juifs ou résistants. Quelques années plus tard, il y fonde la Communauté de Taizé, une communauté monastique œcuménique, particularité rare à l’époque, regroupant protestants, catholiques et orthodoxes, avec pour vocation la prière, la vie fraternelle et la réconciliation des chrétiens.

Son action et l’impact de la communauté de Taizé

À partir de 1944, Frère Roger structure cette vie communautaire autour d’un engagement à vie des membres et d’une règle inspirée à la fois de la tradition monastique et du protestantisme. Progressivement, la communauté attire des frères de tous horizons, venant du monde entier et de toutes confessions chrétiennes, jusqu’à réunir environ 80 à 100 frères à Taizé aujourd’hui, et plusieurs fraternités à l’étranger. Mais le message et l’héritage de Frère Roger dépassent le seul cadre de la communauté. Dès les années 1970, il organise d’immenses rencontres de jeunes, d’abord en Europe puis sur d’autres continents, invitant des dizaines de milliers de jeunes à prier, à méditer et à s’engager pour la paix, la justice, le dialogue et l’espérance chrétienne. La liturgie simple, les chants méditatifs et l’accueil inconditionnel de tous — chrétiens ou non — font de Taizé un lieu unique où l’on recherche l’unité sans renier sa propre tradition.

Reconnu par de nombreuses autorités religieuses et civiles (Jean-Paul II parlait de Taizé comme d’« une source », Frère Roger n’a jamais cessé de promouvoir l’œcuménisme, jusqu’à vivre personnellement la communion entre les Églises sans jamais briser le lien avec sa tradition d’origine.

Sa disparition

Frère Roger a tragiquement disparu le 16 août 2005, assassiné lors de la prière du soir dans l’église de la Réconciliation à Taizé. Mais son témoignage continue d’inspirer des générations de croyants et de chercheurs de paix, et la communauté qu’il a fondée perpétue son accueil, sa prière et son engagement pour l’unité et la réconciliation.