Vie consacrée : un week-end pour en discuter entre filles

monastère

La journée mondiale de prière pour les vocations, le quatrième dimanche de Pâques, invite à prendre ce temps de réflexion personnelle et communautaire autour du sens à donner à sa vie. Elle est aussi l’occasion d’évoquer les démarches pastorales vocationnelles des diocèses. Focus sur la proposition interdiocésaine de la province de Lyon élargie pour les jeunes femmes. Par Florence de Maistre.

Lève-toi ma bien-aimée et viens !” L’invitation est belle et directe. Il s’agit d’un week-end proposé pour toutes les jeunes femmes de 18 à 30 ans qui souhaitent échanger avec d’autres, découvrir les différentes formes de vie consacrée, et recevoir des clefs pour mieux discerner. Le prochain rendez-vous se tient du 8 au 9 juin 2024 à Annecy. C’est la cinquième édition de cette proposition originale, organisée et animée par une équipe issue des diocèses de la province ecclésiale de Lyon élargie, avec la participation de Mgr Pascal Roland, évêque de Belley-Ars.

Les pastorales des jeunes des diocèses de la province de Lyon et de celle de Clermont ont l’habitude de travailler ensemble, notamment pour l’organisation des JMJ et du pèlerinage au Puy-en-Velay dédié aux étudiants et aux jeunes professionnels, chaque année au printemps. C’est lors d’un de ces pèlerinages, alors que les garçons recevaient une information sur le programme “Viens et vois !” et la vocation au sacerdoce, que les filles ont réagi. “Et pour nous ? Qu’est-ce qui est proposé ?” Une réflexion a été menée avec les responsables des pastorales des jeunes et cette réponse trouvée : un week-end découverte de la vie consacrée pour les jeunes femmes. “Nous avons choisi le lieu, ici à la maison diocésaine d’Annecy, avec la figure de sainte Jeanne de Chantal. C’est toute l’Église qui porte la question de l’éveil des vocations et c’est un bien pour toute l’Église. Le groupe est animé par des consacrés de différentes familles religieuses. Nous ne proposons rien d’autre que de renvoyer ensuite les jeunes femmes vers leurs réseaux de proximité : aumônerie, paroisse, groupe vocationnel diocésain, etc.”, indique le P. Vincent Rossat, accompagnateur de la pastorale des jeunes et des vocations du diocèse d’Annecy.

Écouter son désir profond

Une vingtaine de jeunes femmes participent chaque année à ce week-end. Elles viennent des diocèses organisateurs, mais aussi de toute la France, et sont âgées en moyenne de 23 ou 24 ans. En répondant à cette invitation, elles osent un premier pas et trouvent un premier lieu pour partager leurs questionnements sur la vie consacrée et leur propre vocation. À noter, avec le confinement, une journée en visio avait été lancée. Elle est renouvelée chaque année en janvier ou février, comme une autre porte d’entrée pour permettre à la question du sens à donner à vie de surgir. “Certaines n’ont jamais parlé à personne de leur envie de se donner au Christ, et c’est parfois plus facile en visio”, note sœur Renata, ursuline, responsable de la pastorale des jeunes et des vocations du diocèse de Chambéry.

À distance ou en présentiel à Annecy, l’idée est d’aider les participantes à nommer et préciser ce qui se passe en elles. De les accompagner également pendant ces deux jours en leur donnant des outils de discernement. “La vie consacrée ou religieuse est un chemin de vie, un authentique chemin d’amour, avec certes des renoncements, mais comme tout chemin. S’engager à suivre le Christ comprend une dimension plus radicale, prophétique. La vie religieuse est un signe du Royaume parmi nous. C’est une vie où Dieu prime sur tout”, poursuit le P. Vincent. La diversité des membres de l’équipe, prêtres, religieuses et consacrées de différentes familles spirituelles, diacre et son épouse, ainsi que le témoignage d’une religieuse contemplative du monastère de la Visitation, juste à côté, rendent concrètes auprès des participantes les nombreuses façons de recevoir l’appel à suivre le Christ et d’en vivre. “C’est très important que les filles entendent ce que veut dire la vie religieuse, monastique ou apostolique et c’est bien de parler de cet état de vie de façon très explicite. Toute une progression est proposée au fil des deux jours. On commence par l’appel à la vie, puis l’appel à aimer, et l’appel spécifique à tout quitter pour suivre le Christ et se donner totalement”, précise sœur Renata.

Confortées par le partage et la fraternité

Après la découverte des différents charismes et la rencontre avec des religieuses, qui viennent non pas promouvoir leur propre communauté, mais bien accompagner et éclairer les participantes, le deuxième moment important du week-end est sans aucun doute celui des petits groupes de discussion, des fraternités, où les jeunes femmes réalisent que leur intime intuition n’est pas délirante : d’autres la partagent ! “Elles se posent les mêmes questions et trouvent là un lieu pour en parler librement, ce qui correspond à leur recherche. Chacune a son histoire, sa maturité, mais elles peuvent échanger, se livrer entièrement, se laisser interpeller par les réactions les unes des autres, parler de ce qui les bloque ou les encourage. Quelque chose de profond se crée”, confie Michel Peillon, diacre permanent au service de la pastorale des vocations du diocèse de Grenoble-Vienne. Dans ces petites équipes, à table, au cours des temps de prière, les jeunes femmes sont heureuses de rencontrer d’autres jeunes qui se sont, comme elles, posées au moins une fois dans leur vie la question de la vie religieuse. Comme l’occasion n’est pas si fréquente, elles s’en saisissent pleinement ! “Certaines sont en recherche depuis longtemps, d’autres trouvent dans la proposition un cadre sécurisant. Même si elles sont déjà en lien avec l’Église, elles sont confortées dans leur démarche et gagnent en liberté”, relève le prêtre du diocèse d’Annecy. La présence de Mgr Pascal Roland, qui accompagne le groupe tout le week-end, prêche et donne un enseignement, est encore un élément marquant pour les jeunes femmes. “Elles sont très touchées par sa disponibilité, sa présence simple et chaleureuse. Il leur fait sentir l’importance que l’Église accorde à leur discernement. C’est une façon de leur dire qu’elles comptent pour l’Église. C’est beau”, partage Thérèse Peillon, engagée avec Michel au service du diocèse de Grenoble-Vienne.

Des jeunes femmes qui veulent cheminer, être accompagnées, prendre le temps d’une réflexion sérieuse

Le signe de la joie

La joie d’être ensemble, de chanter, la belle vitalité de cette jeunesse qui porte le désir de répondre à la soif profonde de sa vie est peut-être le premier fruit de la proposition. L’esprit étant de donner une impulsion, “de booster le chemin de chacune”, précise Thérèse, et non de suivre un parcours sur le long terme, les organisateurs ont peu d’écho sur les suites données par les participantes à ce week-end. “Je n’ai les retours que des jeunes femmes de mon diocèse. Deux se sont engagées dans la vie religieuse et sont novices. J’en ai marié une autre, que j’ai rappelée pour qu’elle témoigne auprès du groupe ! Certaines se mettent beaucoup de pression pour plaire à Dieu. Une fois qu’elles en sont libérées, elles peuvent mieux reconnaître leur appel”, souligne le P. Vincent.

L’an dernier, quatre jeunes du diocèse de Chambéry ont participé à ce week-end “Lève-toi ma bien-aimée et viens !”. Sœur Renata connaissait le questionnement de l’une d’elles et connaissait les autres, mais a été surprise par leur démarche. “Deux mois après la session, les filles m’ont poussée et encouragée à préparer quelque chose de similaire dans notre diocèse autour de la question : appelée à suivre le Christ ? Et cette année, nous avons constitué un petit groupe vocationnel qui se retrouve une fois par mois. Je vois des jeunes femmes qui veulent cheminer, être accompagnées, prendre le temps d’une réflexion sérieuse”, indique la responsable des jeunes et des vocations du diocèse de Chambéry.

Autre fruit visible, la joie de cette équipe aux multiples visages d’être ensemble au service, le cœur ouvert. Le P. Vincent ponctue : “sur des questions centrales, comme la volonté de Dieu et la liberté, la grâce ou l’appel, nous avons des approches variées selon notre spiritualité et nous pourrions nous opposer. Nous parvenons à faire jouer ensemble nos regards, en synergie. Nous répondons à un appel, ce qui nous donne une grande liberté. Nous approfondissons en même temps le mystère de notre propre vocation en Église. Pour toute l’équipe, c’est un vrai temps de grâce de voir le désir de ces jeunes femmes qui ont pour la plupart déjà un cœur donné. Quelle richesse de voir le Seigneur qui continue d’appeler” !

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