Bienheureuse Alix Le Clerc (1576-1622)
Une passion et un défi, un regard d’espérance pour aujourd’hui
Encouragée par saint Pierre Fourier de Mattaincourt, son jeune curé, cette religieuse lorraine fonde la Congrégation Notre-Dame et se consacre à l’éducation des jeunes filles dont personne ne s’occupe.
Née dans une famille aisée, à Remiremont, ville des Vosges dans le duché de Lorraine, alors indépendant de la France, Alix y avait d’abord vécu insouciante : « J’avais tant de compagnie de vanité et de jeunesse… J’aimais fort à danser. » Vers ses 18 ans, elle quitte sa ville natale avec ses parents pour un petit village dépendant de la cure de Mattaincourt. Toujours insatisfaite, mais déterminée, elle se confie au jeune nouveau curé arrivé, le 1er juin 1597. C’était saint Pierre Fourier. « Il me tombait toujours en l’esprit qu’il faudrait faire une nouvelle maison de filles pour y pratiquer tout le bien que l’on pourrait. » Elle entraîne avec elle quatre amies. Elles désirent donner leur vie à Dieu : elles vont s’essayer à vivre ensemble, prier et faire l’école aux petites filles dont, en ce temps, personne ne s’occupe.
Le concile de Trente s’était clos en 1563. De la volonté de rénovation pastorale et sociale de Pierre et de l’intuition créatrice d’Alix, la Congrégation Notre-Dame naît à Noël 1597, à Mattaincourt.
Durant vingt-cinq ans, avec Pierre Fourier, Alix connaît les difficultés des premières fondations, lutte pour maintenir l’esprit du projet d’origine, participe à l’élaboration des constitutions de la congrégation, vivant elle-même une intense expérience spirituelle, séjournant dans les maisons qui s’ouvrent, proche de ses sœurs, leur souhaitant en fin de lettre : « Que Dieu soit votre amour entier. »
Quand Pierre Fourier est canonisé, en 1897, on dénombre 31 monastères-écoles de Notre-Dame en Europe. Puis ce sont les fondations au Brésil, au Vietnam, en RD Congo, à Hong Kong, au Mexique.
Avec Vatican II, les sœurs ont revisité le charisme éducatif de leurs fondateurs. Elles offrent de partager ce trésor aux nombreux laïcs rencontrés dans leur vie de religieuses apostoliques : enfants, jeunes, éducateurs, animateurs, enseignants, parents, collaborateurs, associés, et tant d’autres, proches et amis.
En 1947, Alix est déclarée bienheureuse, et en 1987 Rome approuve les nouvelles constitutions. Pour actualiser ces anniversaires, un projet s’ébauche : faire de 2007 une année Alix Le Clerc, à Nancy et bien au-delà des diocèses lorrains. Car Alix Le Clerc, par sa vie et son œuvre, nous laisse une passion et un défi, un regard d’espérance pour aujourd’hui.
Par Mgr Armand Maillard
Evêque émérite de Laval