John Henry Newman (1801-1890)

L’amour de la Vérité

Cardinal John Henry Newman

Le 19 septembre 2010, Benoît XVI préside la béatification du cardinal Newman, à Birmingham, tout près du lieu même où, devenu catholique trois ans plutôt, celui-ci avait opté pour l’Oratoire de saint Philippe Néri en 1848 et où il vécut jusqu’à sa mort. Mais qui est cet homme qui écrivait dans son Journal : « La sainteté, voilà le grand but. C’est un combat et une épreuve » ?
Quand on parle de « conversion » de Newman, beaucoup pensent à son passage – fort coûteux il est vrai – à l’Eglise catholique le 9 octobre 1845. Selon son propre témoignage pourtant, cet événement ne fut que l’un des fruits, dans sa vie, d’une conversion décisive à l’âge de 15 ans. Jusque là, il avait reçu en famille l’influence de la Bible, telle qu’on la lisait dans l’Eglise d’Angleterre. Mais durant l’été 1816, resté seul au collège, c’est, dira-t-il, « l’empreinte du dogme » qui s’inscrivit en lui, une certitude de la présence de son Créateur à sa conscience.

Cette certitude intérieure fut aussitôt renforcée chez lui par des lectures « évangéliques », que lui avait suggérées un pasteur méthodiste. Jusqu’à la fin, Newman exprimera sa reconnaissance à l’égard des « évangéliques », selon le courant du revival initié par Wesley dans l’Eglise anglicane au 18ème siècle. Il leur devait, dira-t-il, « les vérités divines sur Notre Seigneur, sa personne, son ministère, sa grâce, la régénération en Lui de notre nature ».

« Et le Christ sur le point de venir »

Reconnaissons la précocité du jeune Newman. Mais est-elle aussi exceptionnelle que cela ? Je crois que le nouveau bienheureux va être d’un grand secours auprès de ceux qui prennent au sérieux la foi des jeunes et savent la soutenir discrètement…quitte à se laisser surprendre. Newman quittera les rivages « évangéliques » grâce à sa lecture persévérante des Pères de l’Eglise, alors qu’il devenait diacre puis prêtre dans l’Eglise d’Angleterre. « Ce sont les Pères qui m’ont fait catholique ».

Mais avant qu’il en fût ainsi, n’oublions pas le Mouvement d’Oxford, durant lequel, à partir de 1833, lui-même et plusieurs amis travaillèrent au renouveau spirituel de leur Eglise, non par des « comités », comme Newman y insista, mais par un engagement de toute leur personne. C’est de l’intérieur de ce mouvement que Newman perçut l’importance majeure de la « succession apostolique » puis de la catholicité. Il en vint alors, par amour de la vérité, à se séparer de ses amis. Comme catholique, il eut à souffrir de nombreuses incompréhensions, mais jamais il ne douta d’avoir fait le pas qui s’était imposé à sa conscience. Son immense correspondance montre que, loin d’être un obstacle à l’œcuménisme, Newman sait parler au cœur et à l’intelligence de qui se dit chrétien ou chercheur de vérité. Il suffit de le lire.

Mgr Olivier de Berranger
Evêque émérite de Saint-Denis

« Qu’est-ce que l’histoire de l’Eglise, sinon le récit des hasards d’une bataille toujours incertaine, bien que l’issue même ne l’est pas ? A ceux qui le vivent, chaque siècle paraît pire que toutes les époques qui l’ont précédé. Les saints sont toujours sur le point de nous manquer ici-bas, et le Christ sur le point de venir » (1833)
« Historical Sketches, vol.2, The Church of the Fathers, introduction; trad.fr.A. Roucou-Barthélémy : JHN « Pensées sur l’Eglise », Paris, Cerf, 1956, p. 303.

Canonisation du Cardinal Newman par le Pape François, octobre 2019

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