Au temps de Pentecôte, par Mgr Ginoux
La liturgie nous fait vivre, cinquante jours après Pâques, l’accomplissement du mystère pascal, le don de l’Esprit aux Apôtres qui sont l’Eglise naissante, voulue par Jésus. Aujourd’hui cette même Eglise reçoit de l’Esprit-Saint sa mission et la force de l’accomplir.
Avant d’entrer dans sa passion, alors qu’il livre aux disciples ses dernières paroles, Jésus leur promet une « force venue d’En-Haut » : « Si je pars je vous enverrai un autre défenseur », « quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous introduira dans la vérité tout entière » (Jean 15, 13). Jésus est venu faire connaître le Père : « Je leur ai fait connaître ton nom » (Jean 17, 26) pour que ceux qui croiront soient sauvés, pour qu’ils vivent de la vie éternelle. « Or, la vie éternelle c’est qu’ils te connaissent toi, le seul véritable Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus- Christ. » (Jean 17, 3). De là nous comprenons que le Père est l’origine de tout bien, de toute vie et de toute vie éternelle. C’est lui qui engendre le Fils et qui nous le donne. L’Esprit est la troisième personne de la sainte Trinité qui unit le Père et le Fils qui se donnent réciproquement l’un à l’autre.
Diversité des dons
On pourrait dire que l’Esprit est la « personne-don » ou « le don en personne » (Jean-Paul II). Il a été « répandu dans nos cœurs » dit saint Paul (Romains 5,5). L’Esprit-Saint, en effet, nous permet de vivre la vocation à laquelle nous sommes appelés : « Il y a diversité de dons mais c’est le même Esprit » (1Co 12,4). Il nous fait avancer vers la sainteté dans la fidélité à l’Eglise et à notre mission. Par le baptême et la confirmation, les laïcs sont appelés à la « sanctification du monde ». Leur travail, l’éducation de leurs enfants, la participation aux activités de la société, le souci des pauvres, le service de l’amour du prochain, l’engagement de leur personne en fonction de leur état de vie sont quelques-uns des lieux de réalisation de la vocation chrétienne.
C’est aussi l’Esprit qui parle au cœur des personnes qui consacrent leur vie au Seigneur et aux autres (religieux, religieuses, laïcs consacrés…) Enfin, certains sont appelés au service de ces vocations, ce sont les évêques, les prêtres et les diacres. L’Esprit-Saint suscite ces vocations et attend la réponse totale et généreuse de celui qui est appelé. Nous retiendrons que pour chacun d’entre nous, prier l’Esprit-Saint est une nécessité de la vie chrétienne (nous parlons d’ailleurs de « vie dans l’Esprit » ou de « vie spirituelle »). Mais nous avons aussi à considérer l’Esprit-Saint comme le cœur de l’Eglise du Christ.
L’Esprit-Saint et l’Eglise
L’Esprit-Saint est à l’œuvre dans tous les sacrements : par lui, le Christ nous rejoint aujourd’hui. L’Esprit-Saint rend actuelle et efficace la présence du Sauveur et, par- là, construit l’Eglise comme « Temple de Dieu » (Saint Paul). Le concile Vatican II (Lumen Gentium) a parlé de l’Eglise comme « sacrement » du salut, c’est-à-dire le signe de la présence de la vie divine, de la sainte Trinité. Sa mission, à travers tous ses membres, est d’annoncer, de témoigner, de faire connaître le Christ Sauveur du monde et la vie trinitaire que nous avons reçue dès le baptême. L’Eglise est le moyen par lequel nous pouvons déjà vivre de cette vie parce qu’elle est sanctifiée par l’Esprit-Saint. L’Esprit est celui qui rassemble l’Eglise et qui l’envoie en mission. L’unité du Corps du Christ qu’est l’Eglise est donnée par l’Esprit-Saint. C’est pourquoi il ne peut pas y avoir de rupture si l’on est fidèle à l’Esprit. Si le Christ est la tête du Corps l’Esprit-Saint en est, en quelque sorte, l’âme, le souffle intérieur : « Il n’y a qu’un corps et qu’un Esprit comme il n’y a qu’une espérance au terme de l’appel que vous avez reçu » (Ephésiens 4, 5-6).
L’Esprit-Saint fait grandir l’Eglise dans l’unité et dans la communion parce qu’il est l’amour qui unit le Père et le Fils (Romains 5, 5). Pour que la mission soit accomplie le Christ a voulu fonder sa succession sur les Apôtres auxquels il a promis le don de l’Esprit (à la Pentecôte). L’Esprit permet à l’Eglise de garder « le dépôt » de la foi, c’est-à-dire, la Tradition venue des Apôtres et des Pères dans la foi pour la transmettre dans son intégrité et sa continuité. Enfin l’Esprit poursuit son œuvre et « achève toute sanctification » (Prière eucharistique IV) par la « succession apostolique » : le collège des évêques assistés des prêtres et des diacres en communion avec l’évêque de Rome, successeur de Pierre. Les fidèles, par l’écoute de l’Esprit-Saint, sont membres vivants de l’Eglise et « disciples- missionnaires ».
En ce temps de Pentecôte ouvrons notre cœur à l’Esprit-Saint, prions-le et, surtout, accueillons les chemins qu’il ouvre pour nous aujourd’hui. « Viens, Esprit-Saint, remplis le cœur de tes fidèles ».