La Résurrection concerne-t-elle toute la création ?

A sa façon, la nature nous parle de la résurrection.

Sur le toit de la cathédrale de la Résurrection d’Évry sont plantés 24 tilleuls argentés. Ils sont symboles de la Résurrection car chaque année, c’est à peu près au moment de la fête de Pâques que leurs feuilles vertes réapparaissent. Les œufs de Pâques sont un signe de vie nouvelle. Dans les tombeaux chrétiens de l’Antiquité on trouve des coquilles d’escargot parce que le gastéropode, qui hiberne pendant la saison froide et ressort plein de vie de sa coquille au printemps, est un symbole de résurrection. Dans la prédication des pères de l’Église ou dans l’art on ne manque pas de s’appuyer sur la nature et sur toutes les ressources de la création pour faire toucher du doigt le mystère de Résurrection, victoire de la vie sur la mort et source du salut. Mais on peut aller plus loin et souligner que le mystère de la passion, de la mort et de la Résurrection du Christ que nous célébrons solennellement lors du Triduum pascal concerne toute la création et non pas seulement les êtres humains.

La création participe du projet de rédemption de Dieu.

« La création tout entière gémit et passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. Et elle n’est pas seule. Nous aussi, nous gémissons ; nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps » (Rm 8, 22-23). Les mots de l’épitre de Paul aux Romains nous mettent sur le chemin. L’ensemble de la création est en travail comme prise dans un enfantement qui dure encore. La création n’est pas un simple réceptacle neutre pour nous permettre nous humains de vivre mais participe du projet de rédemption de Dieu.

Toutes les créatures, même les plus modestes sont appelées à un destin de plénitude.

Le pape François dans Laudato si’ nous l’explique : le Nouveau Testament montre Jésus comme ressuscité et glorieux, présent dans toute la création par sa Seigneurie universelle : « Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute plénitude et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix » (Col 1, 19-20). Cela nous projette à la fin des temps, quand le Fils remettra toutes choses au Père et que « Dieu sera tout en tous » (1Co 15, 28). De cette manière, les créatures de ce monde ne se présentent plus à nous comme une réalité purement naturelle, parce que le Ressuscité les enveloppe mystérieusement et les oriente vers un destin de plénitude. Même les fleurs des champs et les oiseaux qu’émerveillé il a contemplés de ses yeux humains, sont maintenant remplis de sa présence lumineuse » (Laudato si’ 100)

Tout est lié dans la création et par la résurrection.

En fait, plonger dans le mystère de la Résurrection qui transforme toute la création, pour faire de toutes choses une création nouvelle, c’est aller au bout du mystère de l’Incarnation, du mystère de Dieu qui s’est fait l’un de nous dans toutes les dimensions de notre être, y compris matériel et corporel. Nous sommes liés à toute la création formant comme « une sorte de famille universelle » (cf. Laudato si 89). Oui, la Résurrection concerne bien toute la création !

Père Grégoire Catta, s.j.