Avec Bernadette, vivre un carême authentique par Mgr Perrier
« Demain, nous fêterons Notre-Dame de Lourdes. 150 ans plus tôt, la Vierge Marie apparaissait à Bernadette Soubirous ici même, à la grotte de Massabielle. Cette année-là, le 11 février, le Carême allait commencer. Sur les dix-huit apparitions, deux seulement auront lieu après Pâques. Le temps des apparitions correspond, massivement, avec le Carême.
Le calendrier liturgique de 2008 est assez proche de celui de 1858 puisque nous entrons tout juste dans le Carême. Entre le temps des apparitions et la montée vers Pâques, s’agit-il d’une simple coïncidence de dates ? Peut-être pas.
Le pauvre curé de Lourdes, qui allait devenir célèbre par la suite, l’abbé Peyramale, n’avait pas réussi à trouver de prédicateur. Il avait écrit à son évêque pour lui demander ce qu’il convenait de faire. L’évêque a-t-il répondu ? Les archives sont silencieuses. Mais la Sainte Vierge a répondu. Elle est venue former Bernadette en lui inspirant confiance, en lui apprenant le signe de croix, en parlant avec elle, en lui demandant de venir régulièrement à la Grotte, en l’invitant aussi à prendre le chemin austère de la pénitence. Finalement, le 25 mars, jour de l’Annonciation, elle lui révèle son nom : « Je suis l’Immaculée Conception ».
Ce qui se passe à la Grotte rejaillit sur toute la paroisse. Le curé en est tout surpris, car il restera sceptique à l’égard des prétendues apparitions jusqu’à ce que la Dame ait dit son nom. Mais, comme il est honnête, il est obligé de constater que le carême de cette année-là, même sans prédicateur exceptionnel, réussit beaucoup mieux que celui des années précédentes.
Par Bernadette interposée, Marie a donc guidé la paroisse vers Pâques et vers la communion pascale qui, pour beaucoup de catholiques d’alors, était la seule communion de l’année. Bernadette qui, à 14 ans, désespérait de pouvoir jamais « faire sa Première Communion », communiera, elle aussi, à la Fête-Dieu suivante.
Tout au long des semaines de ce Carême, en suivant le calendrier des apparitions, nous pourrons découvrir de multiples points de contact entre ce temps liturgique et l’aventure de Bernadette. J’en signale un pour aujourd’hui. Il s’agit de la promesse.
Le serpent promet à la femme : «Vous ne mourrez pas. Vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux». A Jésus, le Tentateur promet «tous les royaumes de la terre avec leur gloire». Promesse alléchante, puisque le désir de la femme pourrait être satisfait immédiatement. Quant au Christ, le tentateur imagine qu’il est assoiffé de pouvoir, comme lui. Il essaie donc de le séduire par une promesse de pouvoir. Promesses alléchantes mais fallacieuses puisque la promesse de l’immortalité conduit à la mort et que la promesse de royauté aurait conduit le Christ à l’asservissement. Le Tentateur, en effet, avait mis une condition : que le Christ se prosterne devant lui. Evidemment, échec.
Marie aussi fait une promesse à Bernadette. «Je ne te promets pas d’être heureuse dans ce monde mais dans l’autre». L’autre monde n’est pas seulement celui qui s’ouvre au-delà de la mort. Il s’ouvre aujourd’hui, à condition que nous suivions le Christ qui marche vers Jérusalem. La clé qui ouvre la porte de l’autre monde, c’est la conversion aux Béatitudes, ce concentré de l’Evangile. Une fois ouverte, cette porte donne sur l’éternité.