« Se préparer à Pâques avec un coeur vraiment purifié », par Mgr Delmas

Emmanuel Delmas

Aujourd’hui, mercredi des Cendres, nous commençons le chemin du Carême : un chemin qui dure quarante jours et qui nous conduit à la joie de Pâques. Or, ce jour est marqué d’un signe très simple mais très suggestif aussi : le signe de l’imposition des Cendres. Chacun de nous s’avancera en silence pour recevoir des cendres sur son front et entendre cette parole : « Convertis-toi et crois en l’Evangile ».

Ce signe exprime beaucoup au sujet de nos personnes, de nos vies. Nous reconnaissons par là notre désir de changer de vie, d’échanger notre existence par trop superficielle ou matérialiste pour une vie beaucoup plus belle parce que transformée par l’Amour de Dieu tel que le Christ nous l’a révélé. En accomplissant ce geste, en exprimant notre désir, nous reconnaissons notre fragilité mais aussi notre péché. Nous ressemblons alors au fils prodigue qui prend conscience de la pauvreté dans laquelle il se trouve, étant loin de son Père, et qui choisit de revenir à lui. Dans le même mouvement, nous reconnaissons à quelle dignité nous sommes appelés puisque nous quittons ce qui ne peut nous rendre heureux et décidons de nous mettre en route vers Celui qui est venu pour nous donner la vie en abondance.

C’est essentiellement un geste d’humilité qui signifie : je me reconnais pour ce que je suis, une créature fragile, faite de terre et destinée à la terre, mais également faite à l’image de Dieu et destinée à lui. Poussière, oui, mais aimée et façonnée par son Amour, animée par son souffle vital, capable de reconnaître sa voix et de lui répondre, libre et pour cela capable aussi de lui désobéir, en cédant à la tentation de l’orgueil.

Oui, il y a dans ce geste d’imposition des Cendres un beau message d’espérance que nous voulons exprimer chacun personnellement, mais aussi ensemble. Nous signifions par là combien nous sommes liés les uns aux autres dans cette marche qui nous conduit à Pâques. Ce lien qui nous unit est essentiel dans la réussite de changement de vie auquel chacun est appelé en fidélité à son baptême.

Benoît XVI, dans son message de Carême, parle de l’importance de cette sollicitude que nous nous devons les uns aux autres. Il le fait en méditant ce verset tiré de la Lettre aux Hébreux : « faisons attention les uns aux autres pour nous stimuler dans la charité et les œuvres bonnes » (Heb 10,24). Ceci nous appelle à prendre conscience de notre responsabilité envers notre prochain. Nous sommes appelés à être plus attentifs que nous ne le sommes vis-à-vis de nos frères que le Seigneur a placés à nos côtés pour que nous en devenions en quelque sorte responsables.

L’un des grands maux dont souffre notre société se trouve probablement dans ce manque de fraternité entre nous. En développant cette attention mutuelle, notre Pape nous invite à exercer notre sollicitude pour le bien spirituel de l’autre. Notre responsabilité doit être une responsabilité spirituelle.

Nous ne devons pas craindre d’avoir le souci d’aider notre frère à se relever. C’est bien ce que fait l’Eglise pour chacun de ses enfants en les invitant à se préparer aux fêtes pascales qui approchent avec un cœur vraiment purifié. Je vous invite à prendre un peu de temps chaque jour pour accueillir le message de grâce donné dans ce temps liturgique si important qu’est le Carême.

Je vous souhaite un bon Carême.
+ Mgr Emmanuel Delmas
Evêque d’Angers

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