Homélie du dimanche 9 avril

Dimanche 9 avril 2023
La résurrection de Notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ

Voici près de deux mille ans, la lumière de la Vie Nouvelle a jailli d’un tombeau. Désormais, et pour toujours dans cet aujourd’hui qui est le nôtre, toutes choses sont remplies de cette lumière, le Ciel, la Terre et les Enfers.
Mais la voyons-nous ?

NOUS VIVONS D’UNE VIE NOUVELLE
Cette vie nous est donnée au jour de notre baptême, ce jour « où nous avons été ensevelis avec le Christ dans sa mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle. » (Romains 6. 4)
A Pâques, nous célébrons la Résurrection du Christ comme quelque chose qui est arrivé et qui nous arrive encore. Car chacun d’entre nous a reçu le don de cette vie nouvelle, la faculté de l’accueillir, la grâce d’en vivre. C’est un don qui change radicalement notre attitude envers toutes choses, y compris la mort.
Certes un jour, elle viendra nous prendre dans notre vie terrestre pour nous entraîner dans la vie divine. Mais là réside aussi toute notre foi. Par sa propre mort, le Christ a changé la nature même de la mort. Il en a fait un passage, une pâque, dans le Royaume de Dieu. Il a transformé en une victoire suprême, ce qui est une tragédie, la mort.

DANS NOTRE VIE ENTENEBREE
Nous vivons souvent comme si cet événement unique n’avait que peu de signification pour nous. C’est notre faiblesse, alors que nous sommes appelés à vivre de foi, d’espérance et éternellement, de charité, d’amour. Immergés dans nos préoccupations journalières, nous succombons à cause de cet oubli. Et notre vie en devient mesquine, enténébrée, dépourvue de sens, nous conduisant vers un but sans signification.
Ce n’est pas en oubliant la mort que nous rendrons notre vie agréable. Car, dans ce cas, elle devient absurde dans son inévitable, si nous vivons comme si le Christ n’était jamais venu nous entraîner dans sa vie par delà cette mort. Or le sens de la vie est bien par-delà cette mort.

PRENDRE CONSCIENCE DE CETTE REALITE
Mais si nous prenons conscience de cette réalité pascale dans l’immédiat de nos journées, nous ouvrons une porte sur la splendeur du Royaume, sur l’avant-goût de la joie éternelle qui nous attend dans la plénitude de la vie.
Toute la liturgie de l’Eglise est « ordonnée » autour de Pâques. Et non pas en une accumulation de dévotions. Les temps liturgiques nous conduisent dans un voyage, un pèlerinage qui est progressivement la fin de ce qui est vieux et périmé, en étant un passage constant de ce monde à notre Père.
« Que ton Esprit fasse de nous des hommes nouveaux pour que nous ressuscitions avec le Christ dans la lumière de la vie. » (prière pascale après la communion)
« Voici le jour que fit le Seigneur, jour de fête et jour de joie ! Voici le jour où le Christ, notre Dieu, nous conduit de la mort à la vie. » (Acclamations des matines)
En ce jour de Pâques, la foi, permet à la réalité divine d’illuminer notre vie. Il est une action à entreprendre : porter partout témoignage de la bouleversante découverte d’un monde nouveau., comme le chante la liturgie byzantine :

Voici le jour de la Résurrection.
Voici la lumière de notre joie !
Voici la Pâque du Seigneur !
Le Christ nous a fait passer
de la mort à la vie
et de la terre aux cieux !
Chantons son triomphe !

Purifions nos vies.
Nous le verrons,
le Seigneur étincelant de Lumière.
Le Christ ressuscité !
et nous l’entendrons nous dire
« Paix sur vous ».

Chantons son triomphe
Joie, Joie sans fin !
Le Christ est ressuscité !
Alléluià !

Messe du jour de Pâques

Première lecture « Nous avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts » Ac 10, 34a.37-43
Psaume Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! Ps 117 (118), 16-17, 22-23)
Deuxième lecture « Recherchez les réalités d’en haut, là où est le Christ » Col 3, 1-4
Deuxième lecture « Purifiez-vous des vieux ferments, et vous serez une Pâque nouvelle » 1 Co 5, 6b-8
Évangile « Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » Jn 20, 1-9
Évangile « Reste avec nous car le soir approche » Lc 24, 13-35

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AU JOUR DE PAQUES
Nous sommes aujourd’hui au cœur même du mystère chrétien : « Vous êtes ressuscités avec le Christ. » (Colossiens 3.1)
Deux lectures évangéliques nous sont proposées par l’Eglise. L’une pour la liturgie du matin, la deuxième pour la liturgie en fin de ce dimanche. Au matin, la lecture nous emmène avec Marie-Madeleine : « Il fait encore sombre. » (Jean 20.1) En fin de journée, les disciples d’Emmaüs voient clair : « Leurs yeux s’ouvrirent ». L’Eglise qui se retrouve dans la chambre haute, celle partie sur le chemin, et celle restée à Jérusalem, toutes deux, réunies dans la foi et la lumière parle à l’unisson de sa joie : « C’est vrai ! Le Seigneur est ressuscité ! »
Leurs yeux et leur cœur se sont ouverts. Le mystère chrétien est essentiellement un mystère de lumière. Cette lumière, dont l’étoile de Bethléem indiquait la naissance, a brillé parmi nous avec une clarté croissante. Les ténèbres du Golgotha n’ont pu l’éteindre. Elle reparaît maintenant parmi nous. Tous les cierges de la nuit pascale allumés durant la liturgie romaine en ont proclamé ce triomphe.
« Jour unique et saint, roi et seigneur des jours, fête des fêtes, solennité des solennités ! » chante la liturgie de l’Eglise d’Orient. Quand le célébrant arrive, tenant un cierge allumé, le chœur chante ce mystère de la lumière divine : «Venez, prenez de la lumière à la lumière sans soir et glorifiez le Christ ressuscité des morts. » C’est pour la même raison qu’au baptême, dans la liturgie romaine, le cierge, remis au nouveau baptisé, est allumé au cierge pascal, qui est le Christ.
JUSQU’AU JOUR SANS DECLIN DE SON ROYAUME
La résurrection physique de Jésus serait pour nous sans valeur si la lumière divine ne resplendissait pas en même temps parmi nous et au-dedans de nous. Nous ne pouvons dignement célébrer la résurrection du Christ que si, dans notre âme, la lumière apportée par le Sauveur, a complètement vaincu les ténèbres de nos péchés.
« Recherchez donc les réalités d’en haut. C’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Tendez vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre. » (Lecture de saint Paul aux Colossiens, dans la liturgie romaine).
L’Eglise en Orient fait entendre à ses fidèles le début de l’évangile selon saint Jean : « La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas connue. » Elles ont été impuissantes à maîtriser et à éteindre cette lumière dont nous voyons aujourd’hui le triomphe : « Nous avons vu sa gloire. » (Jean 1.14)
« O Pâque grande et très sainte, ô Christ, Sagesse, Verbe et Puissance de Dieu, donne-nous de communier à toi avec plus de vérité au jour sans déclin de ton Royaume. » Ce canon de Pâques, attribué à saint Jean Damascène, est alors chanté et c’est alors que les fidèles, comme les apôtres au soir de Pâques, se saluent en disant et répétant : « Le Christ est ressuscité ! En vérité, il est ressuscité ! » (Luc 24. 34)
RESSUSCITES AVEC LE CHRIST
Au matin de Pâques, devant le tombeau vide, Pierre et Jean découvrent qu’il fallait que le Christ ressuscite d’entre les morts (Jean 20. 9). Au soir, à Emmaüs, les deux disciples désenchantés et lents à croire, entendent leur compagnon de route leur dire : « Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? » (Luc 24. 26)
Saint Jean Chrysostome dans son homélie de Pâques qui est lue à la fin de la liturgie de l’Eglise d’Orient rappelle que ceux-là seuls partagent la grâce de la Résurrection du Christ qui ont porté la croix et sont morts avec Lui. Sans la croix, la gloire du Ressuscité ne peut devenir notre part.
Dans le même temps, le Seigneur connaît notre lenteur et la faiblesse de notre foi. Pierre et les autres apôtres participeront à la Passion de leur maître, mais seulement après que la force de sa Résurrection leur aura été communiquée. Notre Seigneur agit de même avec nous. Malgré tout ce dont avons souffert et supporté, nous sommes loin d’avoir aidé Jésus à porter sa croix. Nous avons dormi durant son agonie, nous l’avons abandonné, nous l’avons renié par nos péchés multiples.
Et cependant, si peu préparés, si impurs que nous soyons, Jésus nous invite à entrer dans la joie pascale. Le pardon et la vie ont jailli du sépulcre vide. Et le Christ ressuscité surmonte tous les obstacles qui s’interposent entre lui et nous. Le soir de Pâques , il entre dans cette chambre haute dont les portes étaient fermées (Jean 20. 19). Il peut entrer dans les âmes qui jusqu’ici lui sont demeurées closes.
Il nous y apporte son message de miséricorde : « Jésus vint, se tint au milieu d’eux et leur dit : La Paix soit avec vous. » (Jean 20. 19)

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Après la Communion eucharistique, sacrement de la Pâque du Seigneur, la liturgie latine nous fait prier ainsi : « Dieu de toute bonté, ne cesse pas de veiller sur ton Eglise. Déjà les sacrements de la Pâque nous ont régénérés en nous obtenant ton pardon, en nous faisant communier à ta vie. Donne-nous d’entrer dans la lumière de la résurrection. » (Prière après la communion)

année liturgique B