Homélie du dimanche 23 octobre

Dimanche 23 octobre 2022
Trentième dimanche du temps ordinaire

Références bibliques

Lecture du Livre de Ben Sirac le Sage. 35. 12 à 18 : Le Seigneur est un juge qui ne fait pas de différence entre les hommes.”
Psaume 33 : “Le Seigneur entend ceux qui l’appellent. »
Lecture de la seconde lettre à Timothée : 4. 6 à 18 : “Il m’a rempli de force pour que je puisse jusqu’au bout annoncer l’Evangile. »
Evangile selon saint Luc : 18. 9 à 14 : Mon Dieu, prend pitié du pécheur que je suis.”

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Deux attitudes nous sont possibles en parcourant les textes de ce dimanche.

– Nous préoccuper de nous-mêmes, avec humilité, en observant ce que nous sommes et ce que nous faisons, et en rendant grâce à Dieu non de nos réalisations, mais de son attention à notre égard. En étant attentif au risque de ne plus contempler le Christ en plénitude, mais nous -mêmes.
– Ou bien tourner nos regards vers le Christ, ce qui est plus encourageant que de se contempler avec notre péché d’une manière moralisante.

La réponse se trouve dans les lectures de ce jour :

– Ben Sirac : « Il écoute la prière de l’opprimé. »
– Le psaume 33 : “Le pauvre a crié, Dieu l’écoute et le sauve.”
– Saint Paul qui a une confiance totale en la justice de Celui qu’il a servi et dont il a témoigné devant le tribunal de Rome.
-La parabole du publicain qui, saisi par la sainteté de Dieu, en appelle à sa miséricorde et au salut.

SANS SE DECOURAGER

Ces quatre personnes, en qui nous pouvons nous identifier, sont mis devant nos yeux :

– Avec Ben Sirac, qui ne se sent écouté par personne.
– Le psalmiste qui a le cœur brisé et l’esprit abattu.
– Saint Paul, abandonné même par les siens,
– Le publicain, indigne de regarder vers le ciel.

Mais tous les quatre prient sans se décourager.

– Le pauvre inconsolable persévère dans sa supplication.
– Saint Paul garde une confiance sereine et paisible.
– Le publicain implore pitié.

Et tous quatre sont entendus de Dieu qui trouve chacun disposé “à le servir de tout son coeur” (Ben Sirac), « à le bénir » (psaume) “désirant avec amour la manifestation de sa gloire”. (Saint Paul) Car selon la parole de l’Ecriture que chante l’Alleluia :”L’homme regarde à l’apparence, mais Dieu regarde au coeur.” (1 Samuel 16. 7)

Nous sommes souvent déconcertés par le temps qui reste sans réponse en apparence. Nos frères aussi s’impatientent qui s’attendent à une prière exaucée sans délai. Il est alors difficile de leur en parler avec des mots humains comme il est tout autant difficile, pour nous, de nous laisser conduire par le Christ jusqu’à ce détachement que représente l’abandon total à la bonté de Dieu.

Non pas seulement l’abandon à sa volonté, mais l’abandon à sa bonté.

L’ESSENTIEL ET LA JUSTICE

Maintenant, si nous relisons et méditons la parabole du pharisien et du publicain à la lumière de Ben Sirac, nous percevrons quelle doit être la réalité de notre conversion. Ses exigences ne peuvent s’estimer quantitativement au terme d’une addition.

La justice, au sens biblique du terme, signifie en effet l’ajustement de nous-mêmes, de notre volonté et de notre comportement, à Dieu lui-même. Et cela ne peut se réaliser que dans le Christ-Jésus, qui unit notre humanité à sa divinité. C’est en cela qu’il pleinement le Juste.

Etre juste ne provient pas seulement du fait que soyons attentifs et « intègres » sur tous les commandements de Dieu, ni même du fait d’accumuler des pratiques morales et charitables.

Le pharisien s’en prévalait. Il croyait prier. En fait il ne célébrait que lui-même. Il ne célébrait pas les dons de Dieu. Trop satisfait de ses propres réussites. Ce subtil orgueil détruisait en lui toute justice alors qu’il s’estimait en relation avec la volonté de Dieu. Mais était-il en relation avec la bonté, avec l’amour de Dieu à son égard et à l’égard de ses frères ?

Le publicain, saisi par la sainteté de Dieu, aurait voulu disparaître comme saint Pierre après la pêche miraculeuse : « Eloigne-toi de moi, Seigneur, je ne suis qu’un pécheur. » (Luc. 5. 8) Il mesurait la distance entre lui et le Seigneur Trois-Fois-Saint. Il se croyait très éloigné de la justice de Dieu, et en restait à distance. En fait, c’est lui qui était le plus proche, car il implorait l’essentiel de Dieu, c’est-à-dire sa miséricorde et son amour infini.

”Le Seigneur me remettra sa récompense, disait saint Paul, comme à tous ceux qui auront désiré avec amour sa manifestation dans la gloire.” Le pharisien ne manifestait que sa gloriole personnelle, bien fragile et bien minime en regard de l’immensité de l’amour de Dieu..

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Nous pouvons reprendre alors, dans notre méditation,  quelques textes de ce jour :

“Toi qui es vraiment saint, Toi qui es la source de toute sainteté”, disons-nous dans la prière eucharistique 2.

“Augmente en nous la foi, l’espérance et la charité. Et pour que nous puissions obtenir ce que tu promets, fais-nous aimer ce que tu commandes.” nous fait dire la prière d’ouverture de cette messe d’aujourd’hui. Elle est pleine de signification pour chacun de nous, car elle ne dit pas :”Fais nous obéir à ce que tu commandes”, mais “fais-nous aimer !”

La prière sur les offrandes va dans le même sens. “Permets que notre célébration contribue d’abord à ta gloire.” Alors que nous avons souvent tendance à nous demander à quoi nous sert d’aller à la messe ….

La liturgie nous demande une véritable conversion, si nous voulons que ces sacrements “produisent en nous ce qu’ils signifient, afin que nous entrions un jour en pleine possession du mystère que nous célébrons dans ces rites.” (Prière après la communion)

Le pharisien ne pouvait entrer en possession du mystère puisqu’il se mettait au centre de sa prière. Le publicain s’est élevé jusqu’au mystère du salut parce qu’il ne pensait d’abord qu’à la gloire de Dieu.

 

année liturgique B