Homélie du dimanche 20 septembre

Dimanche 20 septembre 2020
25éme dimanche du Temps Ordinaire

Références bibliques :

Du livre du prophète Isaïe : . 6 à 9 : » Mes pensées ne sont pas vos pensées. »
Psaume 144 : « La bonté du Seigneur est pour tous. »
Lettre de saint Paul aux Philippiens : 1. 20 à 27 : »Pour moi, vivre, c’est le Christ. »
Evangile selon saint Matthieu : 20. 1 à 16 : »Vas-tu regarder avec un oeil mauvais parce que je suis bon. »

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Nous ouvrons aujourd’hui le cycle des trois paraboles de Jésus sur la vigne. En ce dimanche 22 septembre, les ouvriers qui vont travailler à la vigne. Le dimanche 29 septembre, les deux fils qui ont une réponse différente, et , le dimanche 6 octobre, les ouvriers qui veulent la posséder en tuant le fils.

ALLEZ A MA VIGNE

La vigne a une signification profonde dans toute la Bible. Elle est le symbole de l’Alliance entre Dieu et son peuple. (Isaïe 5. 1 à 7 – Jérémie 2. 21, Ezéchiel 15.4) « Allez à ma vigne » que Jésus répète en ces trois paraboles, ne signifie venez travailler pour le Royaume, cela veut dire : »Entrez dans l’Alliance », Venez partager l’Alliance avec moi, selon le sens de cette tradition biblique constante.

En l’évoquant d’ailleurs, le Cantique des Cantiques parle de cette vigne avec des mots inouïs de tendresse : »Lève-toi, ma belle, ma bien-aimée, l’hiver est passé, la vigne en fleur exhale son parfum. » (Cantique 2. 10)

Jésus s’est défini lui-même en disant : »Je suis la vigne ». (Jean 15. 1 à 5) Etre invité à la vigne du Seigneur, à s’y rendre, à y partager l’oeuvre de Dieu, c’est exprimer ainsi que nous sommes destinés à profiter, tôt ou tard, de l’intimité de Dieu, pour vivre avec lui : « Allez à ma vigne », signifie la même chose que « Entre dans la joie de ton maître. » (Matthieu 25. 21)

LE SALAIRE DE L’AMOUR

Pour découvrir et apprécier « la pointe » d’une parabole, il faut prendre les paroles de Jésus dans le sens qu’il veut nous faire entendre. Ici, les premiers mots sont clairs : « Le Royaume des cieux est comparable à un maître… » C’est donc à partir de ce maître qui, d’heure en heure appelle des ouvriers à y travailler, que nous pouvons saisir la logique, sa pensée et sa volonté qu’il nous fait entendre à chacun des moments cette journée.

Jésus ne nous donne pas une leçon de morale sociale, mais le parcours de l’inlassable amour de Dieu pour tout homme, pour tous les hommes.

Il y a même un insistance significative : »dès le point du jour.. vers neuf heures, … vers midi,…vers trois heures … jusqu’à cinq heures du soir. » Dieu appelle sans cesse, à toute heure, à tout âge. Il n’est jamais trop tard pour entrer dans le Royaume des cieux.

Tous ceux qui n’ont pas encore découvert l’Amour de Dieu, demeurent ses invités, en permanence. Quoi qu’ils en pensent et quelle que soit leur situation présente.

Nous ne pouvons donc jamais désespérer de notre Salut éternel et de celui de ceux dont nous portons la responsabilité. Dieu les appelle comme il nous appelle. C’est la Grâce de Dieu qui est à l’œuvre et nous l’oublions facilement en pensant que nous sommes les uniques évangélisateurs.

Jésus ne se contente pas de nous raconter cette parabole comme une espérance. Il l’a vécue réellement, en invitant à entrer, à la dernière minute avant sa mort, le criminel crucifié à côté de lui, sur la croix. Il est vraiment l’invité de la dernière heure et il en fut le premier à entrer dans ce Royaume : »Aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le paradis. »

Ce qu’il a dit au terme de cette parabole « Les derniers seront les premiers. » se réalise chaque jour désormais comme au jour du salut sur la croix.

Il n’y aura jamais un exclu dans le coeur de Dieu.

MES PENSEES NE SONT PAS VOS PENSEES

« Je veux donner à ce dernier appelé sur la place publique autant qu’à toi … parce que je suis bon. » Le seul don que Dieu veut nous faire, c’est de se donner lui-même. Il nous a créé non pour un salaire écrit sur une fiche de paie. Il nous a créés pour nous donner sa Vie éternelle et nous combler de sa bonté et son Bonheur qui ne se partagent pas au pourcentage de nos mérites mais à l’infini des mérites du Christ.

Le don de Dieu ne s’inscrit pas sur une feuille comptable, en heures de travail selon le contrat ou en heures supplémentaires. Si l’homme contemporain a tendance à demander des comptes à Dieu et même à oser lui conseiller ce qu’il devrait faire s’il était juste, s’il était bon, Jésus, lui, nous propose de faire confiance à ce Dieu « dont les pensées dépassent nos pensées »

C’est un don infini qui dépasse tout calcul et toute imagination, puisque c’est lui qu’il nous donne. Les textes évangéliques se bousculent alors dans notre pensée : »Il a tant aimé le monde (Saint Jean)… cette amour qui est au-dessus de tout don (Saint Paul) …

L’Amour de Dieu est infini et inconditionnel. Sa patience est infatigable et prend le temps de nous inviter sans cesse, jusqu’à la dernière seconde de notre vie, jusqu’au moment où le choix est encore possible.

Il souhaite également que nous ayons le même regard et la même pensée que lui. « Pourquoi être autrement ? » Travaillons avec lui à inviter tous les hommes à son Royaume éternel. Les tard-venus sont tout autant les bienvenus dans la maison du Père. Tant qu’ils n’ont pas pris place à la Table de famille, leur place leur est toujours réservée, aussi large pour ces derniers que pour les premiers appelés. Peut-on proportionner l’infini de Dieu aux limites humaines qui sont les nôtres ?

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« Tu as voulu que toute la loi consiste à t’aimer et à aimer son prochain…que ton aide accompagne toujours ceux que tu as nourris de tes sacrements, afin qu’ils puissent dans ces mystères et par toute leur vie, recueillir les fruits de la rédemption » … même si je suis le criminel qui t’appelle à la dernière heure. (prières de la messe de ce dimanche.)

année liturgique B