Homélie du dimanche 29 septembre

Dimanche 29 septembre 2019
Vingt-sixième dimanche du temps ordinaire

Références bibliques :

Lecture du livre du prophète Amos : 6. 1 à 7 : “ Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Jérusalem.”
Psaume 145 : “ Heureux qui s’appuie sur le Seigneur son Dieu.”
Lecture de la première lettre à Timothée : 6. 11 à 16 :” En présence de Dieu qui donne vie à toutes choses et en présence du Christ Jésus. »
Evangile selon saint Luc : 16. 19 à 31 : “Rappelle-toi, tu as reçu le bonheur pendant ta vie. »

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Dès le début de sa première lettre à Timothée, saint Paul avait averti son disciple du piège que constituent les vaines discussions :”Légendes et généalogies sans fin… bavardages creux … ils ne savent ni ce qu’ils disent, ni ce qu’ils affirment fortement.” (1 Tim. 1. 4 à 7)  Tout à l’opposé, saint Paul recommande à Timothée, pour lui-même comme pour les communautés où il exerce son ministère apostolique, de s’en tenir à la foi qui lui a été transmise.

LA CONFESSION DE FOI AU CHRIST.

A plusieurs reprises dans ses lettres, il introduit ou conclut en rappelant ce qu’est le mystère central de la foi en le qualifiant de “parole sûre”, très exactement : une parole en laquelle il est possible de croire. Des années auparavant, Paul avait déjà mis les Galates en garde contre ceux qui voulaient les faire passer par “un évangile différent” (Gal. 1. 6) ou  plus plaisant.  Aux dérives humaines, saint Paul oppose l’affirmation de la “confession” de la foi. Le terme est, apparemment, assez technique et se retrouve à de nombreuses reprises dans le Nouveau Testament, en particulier dans les épîtres de Paul et de Jean.  La “confession de foi” porte sur le Christ. Elle affirme le réalisme de son incarnation et l’efficacité de son triomphe pascal qui fait de lui, le “Seigneur.” (Romains 10. 9 et 10 – Jean 4. 2 et 3. 15)  Le mot français “confesser” est devenu équivoque. Il fait plutôt penser à la reconnaissance, souvent pénible, du péché dans le sacrement de la pénitence et de la réconciliation. Cette apparente ambiguïté existe dès l’origine.

Mais s’agit-il vraiment d’une ambiguïté ? Ne peut-on pas dire aussi que le plus grand adversaire de la foi, c’est le péché ? (1 Jean 1. 8 et 9) Car le péché est la mise en œuvre d’un refus de « confesser notre foi » de traduire notre foi dans les actes de notre propre vie.

LA CONFESSION DE FOI DU CHRIST

Que le nouveau chrétien, et tout autant que le chrétien de longue date, ait à confesser sa foi au Christ, et cela publiquement, est normal. Mais ce qui peut nous surprendre dans le texte lu aujourd’hui, c’est qu’il parle de foi “confessée par le Christ Jésus, devant Ponce Pilate.” Le Christ apparaît ainsi, non seulement comme celui en qui nous croyons à l’égal du Père et de l’Esprit, mais celui par qui nous croyons.   La foi est un combat pour rejoindre Dieu malgré le péché et les ténèbres, par delà le doute et la mort. Mais c’est un “beau” combat : comme est “belle” la confession de foi.

C’est aussi un combat qu’il nous faut mener jusqu’au bout. Le texte grec caractérise ce combat par le terme : “agonie”. Nous sommes ainsi renvoyés à la Passion du Christ. Lui-même a confessé la foi dans la forme suprême du témoignage, terme que saint Paul utilise également en l’appelant : «martyre. »Cela rejoint le texte de dimanche dernier.  Dans ce combat, nous serions nécessairement vaincus dans ce combat si le Christ ne nous donnait pas son Esprit. Sans l’Esprit, c’est le reniement de saint Pierre qui est inévitable.   Comme le dira d’un seul mot l’épître aux Hébreux, le Christ est le “grand-prêtre” de notre profession de foi. Par l’offrande de sa vie et son exaltation glorieuse, il déchire le voile et ouvre à l’homme exilé le sanctuaire céleste (pour rester dans la symbolique de la lettre aux Hébreux.)

DANS L’ATTENTE DE L’EPIPHANIE

  Ecrivant à Timothée, saint Paul lui donne donc mille conseils et lui prodigue mille encouragements en ce sens. Mais il ne s’agit pas de s’installer dans le temps présent. La perspective, c’est la vie éternelle. Timothée y a été appelé, mais il l’obtiendra, pleine et entière, quand se manifestera dans la gloire celui qui est appelé “Notre-Seigneur Jésus-Christ”, titre plénier que Jésus reçoit en particulier dans la prière liturgique de l’Eglise.  Cet achèvement de l’histoire est désigné dans le Nouveau Testament, tantôt par le mot “parousie” (présence) tantôt par le mot “épiphanie” (manifestation, comme ici, tantôt par les deux termes combinés (2 Thessaloniciens 2. 8).  Elle se produira “au temps fixé”, comme le Christ a rendu témoignage “au temps fixé” selon le texte lu dimanche dernier. De même que cet événement s’est produit “ un jour sous Ponce Pilate” de même l’achèvement viendra, mais la date appartient à Dieu qui demeure pour nous le Transcendant comme le chante liturgiquement la fin du passage de ce dimanche (1 Tim. 6. 15 et 16)  Le délai n’est donc pas calculable aujourd’hui, mais l’espérance de l’ultime “épiphanie” est inébranlable, même si aujourd’hui elle n’est qu’en espérance.

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“Dieu qui donnes la preuve suprême de ta puissance lorsque tu patientes et prends pitié, sans te lasser accorde-nous ta grâce. » Car, entre temps, il y a ces moments où nous vivons trop tranquilles (Amos 6), éloignés de la pensée de Dieu (Psaume 145), éloignés de sa présence qui donne vie (1 Tim. 6).   «En nous hâtant vers les biens que tu promets, nous parviendrons au bonheur du ciel.” (Oraison d’ouverture de la messe)  Sans te lasser, accorde-nous ta grâce, car le chemin nous paraît long et le terme lointain. Seigneur, nous sommes si souvent lassés …Et saint Paul nous répond : ” Vis dans la foi et l’amour, la persévérance et la douceur, irréprochable et droit, jusqu’au moment où se manifestera notre Seigneur Jésus-Christ.”

année liturgique B