Homélie pour le dimanche 24 août
Lectures bibliques :
Isaïe 22. 19 à 23 : « Il sera un père pour les habitants de Jérusalem et pour la maison de Juda. »
Psaume 138 : » Seigneur éternel est ton amour, n’arrête pas l’oeuvre de tes mains. »
Lettre de saint Paul aux Romains. 11. 36 : « Tout est de Lui et par Lui et pour Lui. »
Evangile selon saint Matthieu 16 13 à 20 : » Ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. »
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Notre foi n’est pas indifférente à Dieu, car elle est une réponse à sa Parole et la mise en oeuvre par chacun de nous de la Grâce reçue.
LES ETAPES DE LA FOI DE PIERRE
Pour Pierre, la foi fut un acte d’adulte. Comme tous les jeunes juifs, il avait entendu parler du Messie, il avait prié les psaumes de David, il avait écouté le rabbin de Capharnaüm chanter l’espérance d’Israël. La semence était tombée en bonne terre.
Aujourd’hui, ces racines vont s’épanouir grâce à la Parole de Jésus. Plusieurs fois durant les années passées avec lui, il devra progressivement approfondir cette adhésion totale, avec toutes les alternances dues à sa faiblesse et que nous connaissons nous-mêmes. Mais chaque fois, il se reprendra et jamais ne s’arrêtera.
1 – La première rencontre se fit par un intermédiaire, son frère André, disciple comme lui de Jean-Baptiste sur les bords du Jourdain. C’est un chercheur de Dieu : » Nous avons trouvé le Messie » (Jean 1. 41). Pierre n’est pas le premier appelé, c’est André. Ce qui ne l’empêchera pas de devenir celui qui a son tour recevra la charge de confirmer la foi de ses frères.
2 – Puis, à Cana, au cours d’un repas de noces, Pierre fut témoin du premier miracle de Jésus et « ses disciples crurent en Lui » (Jean 2. 12).. C’est une foi d’admiration, une foi d’étonnement qui confirme ce que lui a dit André et ce qu’il a déjà ressenti auprès du Christ.
3 – A la fin d’une nuit de pêche bredouille transformée en pêche miraculeuse, Pierre et son frère André sont appelés : »Venez à ma suite, je vous ferai pêcheurs d’hommes » (Luc 5. 10). Ce jour-là, ils quittent tout, famille et métier, pour suivre Jésus. Sa foi se traduit désormais par le don de lui-même » Celui qui veut être mon disciple… »
4 – Après quelques mois, les Douze sont envoyés en mission pour prêcher. Ils reviennent tout heureux des miracles qui accompagnent leur prédication (Mathieu 10. 1 à 10). Ils ont expérimenté la foi qui transporte les montagnes.
5 – Bien plus, Pierre est au Mont-Thabor et Jésus lui découvre « sa gloire divine. Il est nommé en tête des trois intimes qui seront témoin direct de la résurrection d’une petite fille. (Marc 5. 37) Un événement qui doit marquer un homme !
LA PROFESSION DE FOI
Jusque là Pierre a fait, si l’on peut parler ainsi, l’inventaire de la foi qu’il découvre, des exigences qu’elle inscrit dans sa vie pour qu’il soit au Christ. Désormais il est entraîné dans son sillage. Sauvé de la noyade, en pleine tempête où il avait marché sur les eaux, Pierre fait sa première profession de foi : »Vraiment tu es le Fils de Dieu. » (Matthieu 14. 33)
A quelque temps de là, Jésus leur demande de se prononcer clairement et c’est Pierre qui répond, au nom des autres, de la foi qui est la leur et qui est la sienne. « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. » Il ratifie, il confirme l’exclamation première d’André : »Nous avons trouvé le Messie ! » C’est à ce moment qu’il recevra cette charge de la confirmer dans l’Eglise.
Ce qui ne l’empêchera pas de refuser la montée à Jérusalem avec l’annonce de la mort (Matthieu 16. 22). Puisqu’il est Fils de Dieu, la croix et la mort de Jésus sont une trop rude épreuve pour la foi de Pierre que l’on pouvait croire si forte dans son enthousiasme. On est loin de la profession de foi précédente. Il s’entend dire : »Tes pensées ne sont pas celles de Dieu » (Matthieu 16. 23).
La foi demande qu’on adhère à la pensée et à la volonté de Dieu, quoi qu’il arrive, quoi qu’il nous arrive. La Transfiguration devant Pierre Jacques et Jean sera le sceau de garantie : »Celui est mon Fils bien-aimé… » A cet instant, une fois encore le Christ leur confirme sa Passion et sa Résurrection.
PLUS PROFOND QUE DES OPINIONS.
Revenons sur l’évangile de ce dimanche.
Aujourd’hui encore Jésus nous pose cette question de confiance : »Que disent de moi les foules ? … Et vous que dites-vous ? Pour vous qui suis-je. » Ce n’est pas un sondage d’opinion pour connaître sa cote de popularité. Jésus demande à ses disciples une prise de position personnelle.
Depuis le début de sa vie publique, devant les miracles et les paroles pleines d’autorité du charpentier de Nazareth, une interrogation venait à l’esprit : » Quel est donc cet homme ? » Et les avis sont d’abord partagés. Puis, après le discours sur le Pain de Vie, c’est l’abandon par la foule.
Le Christ ne nous demande pas de refléter les idées des autres, ni même de dire seulement notre idée personnelle. Il nous faut prendre parti. Il nous accule à ne pas nous satisfaire de l’opinion courante. C’est notre réponse existentielle, la nôtre, qu’il attend. « Pour vous, qui suis-je ? »
Et Pierre lui répond sans reprendre l’énumération de la foule : Elie, Jean-Baptiste ou un prophète. Il va droit à l’essentiel. Cette profession de foi va plus loin que les précédentes parce qu’elle est solennellement authentifiée : »Ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. »
Nous aussi, avec Dieu, nous ne pouvons aller qu’à l’essentiel. L’acte de foi ne vient pas d’une réflexion humaine de type rationnel ou philosophique, si légitime soit cette recherche. Il faut la Grâce d’une « révélation divine » pour adorer en l’homme Jésus sa divinité, au-delà des apparences. Il le leur avait déjà dit : »Personne ne connaît le Fils sinon le Père et personne ne connaît le Père sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. » (Matthieu 11. 27)
La foi qui est la nôtre doit se situer au même niveau de Grâce.
UNE FOI QUI ENGAGE DANS LA MISSION DE L’EGLISE
En réponse à la profession de Foi, Pierre reçoit une mission, une primauté qui n’est pas celle d’un pouvoir dans une hiérarchie organisée. Il reçoit une responsabilité plus grande pour confirmer ses frères dans leur foi et les aléas qu’elle connaît dans toute vie.
Pierre les connaît tout autant que les autres. Il les connaîtra d’une manière dramatique dans la cour de Caïphe : »Je ne connais pas cet homme ! » Et pourtant c’est lui qui sera confirmé dans cette responsabilité, sur les bords du lac après la Résurrection.
Le successeur de Pierre ne sera ni plus fort, ni plus impeccable, ni plus intelligent que lui. Mais Jésus lui a promis un charisme spécial : »J’ai prié pour toi afin que ta Foi ne sombre pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. » (Luc 22. 32. Et c’est dans une image que Jésus définit ce rôle : »Tu es Pierre et sur ce Roc, cette pierre, je bâtirai mon Eglise. » C’est une grâce particulière et une grande responsabilité.
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Et nous avons cette possibilité merveilleuse de pouvoir vous appuyer et bâtir sur ce roc. Car nous n’avons pas à vivre notre foi, seul et isolé. Nous avons à la vivre dans l’Eglise et avec l’Eglise. A nous de prier pour qu’elle soit assumée ainsi par chacun, le Pape, les évêques, les fidèles : »Accorde-nous dans ton Eglise la grâce de l’unité et de la paix. » (prière sur les offrandes).