Homélie pour le dimanche 13 juillet 2014

Références bibliques :

Lecture du prophète Isaïe. 55. 10 et 11 : »Ma Parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat. »
Psaume 64 : « Tu visites la terre et tu l’abreuves, tu la combles de richesses. »
Lettre de saint Paul aux Romains. 8. 18 à 23 : « La gloire que Dieu va bientôt révéler en nous. »
Evangile selon saint Matthieu. 13. 1 à 23 : »L’homme qui entend la Parole et la comprend, il porte du fruit à raison de cent, de soixante ou de trente pour un. »

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Il est plusieurs possibilités de lire et de méditer cette parabole du Semeur. N’en restons pas à une leçon moralisante, en insistant seulement sur les mauvais terrains, c’est-à-dire nous, en qui la Parole de Dieu ne donne pas tout son fruit par notre faute.

UN OPTIMISME REALISTE

Contemplons avant tout le semeur, lui le Verbe de Dieu, la Parole même de Dieu qui parle de lui autant que de nous, qui parle du semeur autant que de la terre ensemencée.

C’est l’histoire d’une générosité sans limite, même à l’égard de ceux qui ne sont pas disposés à l’accueillir. L’Esprit sème où il veut. Il sait qu’il y a les pierres du chemin et les ronces étouffantes de la vie et de nos passions. Il sème.

Car il y a une terre à ensemencer, un pécheur à sauver, un frère à aimer. Il sait, lui le semeur, qu’au milieu de l’ivraie peut aussi pousser le bon grain et qu’il faut du temps et de la patience pour voir venir la moisson dans cette terre qui est bonne, mais où tout se mêle. (Matthieu 13. 36)

Il sait qu’un jour elle donnera son fruit, comme il le dit par la bouche du prophète Isaïe. « Ma Parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat ». Jésus, quand il nous donne ces paraboles, n’est pas un rêveur. Il est sans illusion. Il n’a qu’à regarder l’immédiat de son propre ministère apostolique pour constater que beaucoup de ses auditeurs « entendent la Parole du Royaume sans la comprendre ».

Même après le miracle de la multiplication des pains pour 4.000 hommes, le résultat de ces « semailles divines » sera, selon les apparences humaines, sans résultat : »Beaucoup de ses disciples se retirèrent et cessèrent de le suivre » (Jean 6. 6) Les ronces et les pierres de leurs doutes empêchent le grain semé d’arriver à maturité.

UN OPTIMISME DE CERTITUDE

Et pourtant, infatigable, le semeur continue à semer la Parole de Dieu « espérant contre toute espérance ». (Romains 4. 18) Il ira jusqu’au rejet total de sa Parole, sur la Croix. Sa mort ne fructifiera que dans sa résurrection : »Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » Jean 12.32).

La conclusion de la parabole est la réussite exceptionnelle de la moisson finale. « Ils ont donné du fruit à raison de cent, de soixante, de trente pour un. » Relisons ainsi le psaume cité par la liturgie de ce jour : »Tu visites la terre et tu l’abreuves, tu la combles de richesses… tu prépares les moissons … sur ton passage ruisselle l’abondance … les plaines se couvrent de blé Tout exulte et chante. »

L’espérance invincible de Jésus repose sur la même certitude qui remplit toute la Bible quand elle parle de Dieu et que le prophète Isaïe affirme en ce dimanche. Jésus sait que le coeur de l’homme est fondamentalement « une bonne terre », destinée à la joie même de Dieu, c’est-à-dire à vivre un jour son bonheur infini en partageant déjà la vie du Royaume qui s’épanouira en vie éternelle.

Le divin a été ensemencé dans l’homme. Et c’est une semence puissante.

Comment pourrions-nous oublier ce regard de Jésus, dans la nuit de la Passion, quand Pierre l’a renié ? Après la Résurrection, l’ivraie s’en est allée avec la Parole : »M’aimes-tu ?… Tu sais bien que je t’aimes, Seigneur ! » Le semeur ne s’arrête jamais car il ne désespère jamais ni de la semence ni de le terre.

UN OPTIMISME DE JOIE

« Heureux vos yeux, parce qu’ils voient et vos oreilles parce qu’elles entendent ». dit Jésus à ses plus proches disciples, au moment où il va leur donner les paraboles du semeur, de l’ivraie, du grain de moutarde, du levain. Il ne faut pas les séparer l’une de l’autre. Elles sont toutes ensemble en saint Matthieu et abordent , d’une manière ou d’une autre, la même certitude.

Saint Jean en a retenu la signification quand, bien plus tard, il reprend en écho, à l’intention des premiers chrétiens, ce qu’il a entendu au début de ces paraboles. : »Ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons entendu de nos oreilles, ce que nous avons touché de nos mains, c’est le Verbe, la Parole de la Vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifesté à nous » (1 Jean 1. 1 et 2).

Saint Paul ajoute que cette même expérience nous est promise : « Nous voyons actuellement une image obscure, comme dans un mauvais miroir. Ce jour-là nous verrons face à face ». (1 Corinthiens 13. 12) « La gloire que Dieu va bientôt révéler en nous » (Romains 8. 12)

La réussite intégrale du projet de Dieu ne nous sera révélée qu’après notre mort. Pourtant, dans la foi, ce devrait être, dès maintenant déjà, une joie inépuisable de savoir que nous verrons de nos yeux le Ressuscité, ce Ressuscité qui se donne à nous en chaque Eucharistie dominicale ou quotidienne.

UN OPTIMISME POSITIF

C’est pourquoi Jésus comme le semeur ose insister pour que notre regard demeure positif, envers et contre tout. Savons-nous découvrir et regarder tout ce qui naît, vit et grandit de beau, en nous comme autour de nous ?

La grâce de Dieu et de son Esprit-Saint « qui donne la Vie, qui sanctifie toute chose » (prière eucharistique), fait germer dans la bonne terre de sa Création, des milliards et des milliards de pensées justes et de gestes d’amour de toutes sortes. Il y a des milliards de « Notre Père » prononcés du fond du coeur, et vécus tout au long de chaque jour, sur tous les continents et dans toutes les situations, celles des moines, des religieuses, des martyrs actuels, des laïcs.

Car il y a ces innombrables mamans qui donnent la vie et se dévouent de manière infatigable pour leurs enfants. Il y a ces vieillards qui redécouvrent la prière continuelle. Il y a tous ces jeunes qui demeurent fidèles au Christ. Il y a tous ceux qui, dans leurs activités scientifiques, techniques, professionnelles, caritatives répondent à l’espérance de la création « qui aspire de toutes ses forces à voir cette révélation des fils de Dieu, libérée de la dégradation inévitable, » selon la seconde lecture de ce dimanche (Saint Paul aux Romains 8. 20). Et l’on pourrait multiplier les exemples quotidiens où l’homme ne dégrade pas, mais éveille un monde digne du Créateur.

Plutôt que de ne voir sans cesse que le négatif, le mal et le péché, laissons-nous emporter par une symphonie de joie et d’action de grâce, une « eucharistie », qui monte du coeur du Semeur divin quand il voit « la bonne terre qui donne cent, soixante ou trente pour un. » « Heureux êtes-vous, heureux êtes-vous ! » a-t-il répété en semant l’espérance des Béatitudes.

Jésus n’a pas offert pour rien sa pauvreté, sa douceur patiente, son oeuvre de paix, ses souffrances de persécuté. Il n’a pas offert pour rien la semence de son Corps et de son Sang sur la croix. Il savait la fécondité de son sacrifice: « Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul. S’il meurt, il porte beaucoup de fruit. » (Jean 12. 24)

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L’optimisme divin attend de nous la réponse d’un don généreux de tout notre être.  » Nourris de cette eucharistie, nous te supplions : fais grandir en nous ton oeuvre de salut chaque fois que nous célébrons ce mystère. » (prière de ce dimanche à la fin de la messe).

année liturgique B