Le Missel romain, un travail de collaboration entre pays francophones
La Semaine de la francophonie du 14 au 22 mars 2021 est toute indiquée pour évoquer le formidable travail de collaboration qui unit de nombreux pays de langue française pour les traductions des textes liturgiques.
La Commission Episcopale Francophone pour les traductions liturgiques (CEFTL) est une commission établie par la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements. Elle est au service des Conférences épiscopales qui utilisent la langue française dans la célébration de la sainte Liturgie selon le Rite romain. Son but est de préparer les traductions des editiones typicæ (textes originaux en latin) des livres liturgiques et de tous les autres textes liturgiques de Rite romain en langue française, et de les proposer aux Conférences épiscopales membres.
Réunis au sein de cette commission, la France, la Belgique, le Luxembourg, la Suisse (francophone), le Canada (francophone), l’Afrique du nord et la principauté de Monaco collaborent ainsi afin d’aboutir à des ouvrages et des textes communs pour tous les pays francophones, afin que tous les fidèles qui partagent une même langue puisse célébrer avec les mêmes mots, et ce à des milliers de kilomètres les uns des autres. Participent également aux travaux des représentants de la Conférence épiscopale régionale de l’Afrique de l’Ouest (CERAO) et de la zone du Pacifique (CEPAC).
Le dernier fruit de cette collaboration est la récente traduction du Missel romain. Ce livre, destiné à la célébration de l’Eucharistie, contient les textes de prière pour la célébration de la messe, le dimanche comme pour tous les jours de l’année.
Une nouvelle traduction
Comme toute langue évolue avec le temps, il apparaissait nécessaire de retoucher la traduction réalisée en 1970. La promulgation d’une nouvelle édition du Missel romain, la troisième, offrait la possibilité de réaliser une nouvelle adaptation en langue vernaculaire. Une nouvelle version en anglais était sortie il y a 10 ans maintenant. Plus près de nous, l’édition italienne est parue mi-2020.
Pour revoir la traduction française du Missel romain, la CEFTL a constitué vers 2003 une première équipe de travail, qui a dû être remplacée en 2007 par une équipe encore plus internationale. Celle-ci comportait au départ trois français, dont un évêque, ainsi qu’un canadien, un suisse, une belge, enfin un belgo-luxembourgeois comme coordinateur. Chaque étape du travail était par la suite présentée et éventuellement amendée par les membres de la CEFTL.
Le travail de traduction a duré près de 15 ans. Durant toutes ces années et comme pour chaque traduction réalisée par la CEFTL, il fut primordial d’aboutir à chaque fois au mot le plus juste et fidèle au texte original, à l’expression la plus compréhensible et accessible aux fidèles, tout en étant sensible aux particularismes du langage de chaque pays où un même mot n’a pas toujours la même portée.
Ce n’est cependant pas un travail de compromis mais plutôt d’exploitation de la richesse de la langue française, dans ce que celle-ci a de plus affinée, de plus précise, qui a abouti à une traduction validée par tous les épiscopats des pays membres de la CEFTL, puis par la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements en octobre 2019.
Cette collaboration entre pays francophones répond aux vœux du concile Vatican II, qui avait demandé que les textes liturgiques soient les mêmes pour une même zone linguistique. La nouvelle traduction du Missel romain, unanimement attendue dans tous pays qui célèbrent en langue française, en est l’une des meilleures illustrations.
Frédéric Bergeret, Secrétaire général de l’Association épiscopale liturgique pour les pays francophones