se consacrer au cœur de Jésus

le sanctuaire de paray-le-Monial célébre les 350 ans de l'apparition

La fête du Sacré-Cœur le vendredi 27 juin 2025 marque la fin du jubilé du 350e anniversaire des apparitions du Cœur de Jésus à sainte Marguerite-Marie dans la cité bourguignonne de Paray-le-Monial, devenue sanctuaire du Sacré-Coeur. Depuis dix-huit mois, les pèlerins y sont appelés à vivre la démarche jubilaire : “Rendre amour pour amour”. Rencontre avec le P. Étienne Kern, recteur du sanctuaire de Paray-le-Monial. Par Florence de Maistre.

Que s’est-il passé ici, il y a 350 ans ?

Il y a 350 ans, des apparitions ont eu lieu à Paray-le-Monial à la jeune sœur visitandine Marguerite-Marie. Les apparitions les plus importantes se sont déroulées entre décembre 1673 et juin 1675. D’où l’ouverture de notre jubilé le 27 décembre 2023 pour une durée de dix-huit mois, jusqu’aux fêtes du Sacré-Coeur ce 27 juin 2025. Lors de la première apparition, Marguerite-Marie vit cette double expérience : celle de se reposer sur le Cœur de Jésus et celle de sa Miséricorde. Elle en témoigne ainsi : “Il me découvrit les merveilles de son amour, et les secrets inexplicables de son sacré Cœur, qu’il m’avait toujours tenus cachés (…)”. Elle rapporte aussi les paroles de Jésus : “Mon divin Cœur est si passionné d’amour pour les hommes, et pour toi en particulier (…)”. Elle a la vision du Sacré-Cœur entouré d’épines, surmonté d’une croix, blessé sur son côté et enflammé par son “ardente charité. Le Seigneur formule cette première demande : que cette image de son sacré Cœur soit honorée, portée sur soi et exposée dans les monastères. Puis il plonge le cœur de Marguerite-Marie dans le sien, avant de le lui rendre incandescent d’amour. La deuxième grande apparition de 1674 est représentée dans la chapelle des apparitions, ici à Paray. Le Seigneur se tient les bras en croix. Ses cinq plaies sont comme des soleils, il traverse le feu et la douleur. Il déclare à nouveau son amour, mais il manifeste sa souffrance : l’ingratitude des hommes et leur indifférence envers l’eucharistie. Il se plaint de sacrilège de la part de certains consacrés, de prêtres en particulier. Il exprime trois demandes : de communier fréquemment, d’aller à la messe le premier vendredi du mois et de vivre l’Heure sainte. C’est-à-dire de prier une heure, dans la nuit du jeudi au premier vendredi de chaque mois, en union à l’agonie que Jésus vit à Gethsémani. La troisième apparition principale a lieu en juin 1625. Le Seigneur se présente à nouveau à Marguerite-Marie avec ces mots : “Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes”. Une phrase que le pape François a repris dans sa dernière encyclique Dilexit nos sur l’amour humain et divin du Cœur de Jésus-Christ. Le Seigneur formule une cinquième demande : qu’une fête soit instituée en l’honneur du Sacré-Cœur, en réparation des offenses faites au Saint-Sacrement. Cette dévotion existait déjà, mais elle va sortir des monastères pour s’étendre au-delà des religieux, aux familles, aux paroisses, aux laïcs. Elle devient profondément populaire. Le pape Pie IX l’institue en 1856. Elle est célébrée tous les ans le vendredi qui suit la Fête-Dieu, la solennité du Saint-Sacrement, soit trois semaines après la Pentecôte.

P. Etienne Kern, recteur du sanctuaire du Sacré-Coeur à Paray-le-Monial

Comment ce message de Paray est-il toujours d’actualité ?

C’est d’abord une non-actualité ! Le XIXe est le grand siècle du Sacré-Coeur. Il s’est diffusé très largement. Il gagne en expansion mais perd en profondeur. Le XXe voit une éclipse du Sacré-Cœur. En France et en Occident, il tombe en désuétude. En 1986, le sanctuaire diocésain de Paray-le-Monial est confié à la Communauté de l’Emmanuel, qui le renouvelle, lui redonne un horizon plus large et touche tous les milieux ecclésiaux. Nombre de nos contemporains éprouvés par des souffrances, des blessures de vie, le désarroi ecclésial découvrent ici une grâce de repos et de consolation. Le Sacré-Coeur offre sa Miséricorde. Quelque chose de l’amour de Dieu nous est comme redonné. Il nous renouvelle aussi de son feu pour devenir missionnaire et porter l’amour de Dieu, quels que soient nos engagements et nos façons de les vivre. Nous sommes encouragés à être missionnaires, à l’école de la douceur et de la miséricorde de Jésus. C’est le thème de notre jubilé : rendre amour pour amour.

Que retenez-vous de ces derniers mois jubilaires ?

La publication de l’encyclique Dilexit nos, Il nous a tant aimés le 24 octobre 2024, marque une étape importante de notre jubilé. Elle en est un fruit direct. C’est le dernier texte écrit par le pape François, c’est son testament spirituel. Son message est très unifiant. Dans un monde très éclaté, clivé, mais en quête d’harmonie, le Cœur de Jésus vient unifier, intégrer en profondeur les besoins de paix et d’unité intérieure. Il y a aussi toute une réflexion pastorale qui a été menée. Notamment l’an dernier avec le colloque international qui s’est tenu à Rome sur le thème : réparer l’irréparable. Cette vieille dévotion du Sacré-Coeur, l’appel de Jésus à réparer les outrages faits à son Cœur, mise au contact de la problématique si douloureuse des abus au sein de l’Église, dont beaucoup saturent déjà alors que la démarche commence seulement, apporte un souffle nouveau pour appréhender la question. Le troisième fruit de notre grand jubilé, c’est le nombre d’évènements marquants. Toutes les sensibilités ecclésiales attachées au Sacré-Cœur étaient représentées pour l’ouverture le 27 décembre 2023. La basilique était comble et la célébration présidée par le nonce apostolique, Mgr Celestino Migliore. Je pense aussi au jubilé de la vie consacrée en février 2024 ou à celui des célibataires les 17 et 18 mai derniers qui a rassemblé plus de 700 participants, et encore à celui de la vie agricole début février. Il a réuni des personnes de tous âges, de tous horizons géographiques, de différents attachements au Sacré-Cœur et de diverses approches de la conversion écologique. Ici, les pèlerins découvrent avec émerveillement le message de Paray et son actualité. Ils découvrent une mine d’or ! Nous accueillons de nombreux groupes, plus nombreux, plus importants, de diverses réalités ecclésiales : c’est une vraie grâce. Se laisser toucher en profondeur par le message du Cœur de Jésus consolateur, faire l’expérience d’être aimé par le Seigneur qui guérit les blessures et nous enflamme de son feu, bouleverse les gens.

Quels sont les moments forts prévus pour conclure ce grand jubilé ?

Il y a tout un programme pour les fêtes du Sacré-Cœur ! Le cardinal François Bustillo, envoyé spécial du Pape, interviendra le 27 juin sur la dimension populaire de la dévotion au Sacré-Cœur. Le lendemain, Mgr Éric de Moulins-Beaufort donnera un enseignement sur la consécration. Je proposerai, le dimanche, une relecture du grand jubilé pour en recueillir les premiers fruits. Aujourd’hui, nous avons à porter l’encyclique Dilexit nos et à redéployer la dimension missionnaire du Sacré-Coeur. Non seulement il s’agit d’une expérience intime, mais le Seigneur veut aussi répandre son feu sur le monde à travers nous. Nous sommes appelés à articuler ces deux dimensions pour “bâtir la civilisation de l’amour” selon les mots de Jean-Paul II, repris par le pape François dans sa dernière lettre. Des grandes processions et une consécration au Sacré-Cœur sont prévues pour rendre amour pour amour, c’est-à-dire se donner au Seigneur. Les œuvres des quatre artistes lauréats de notre grand concours seront inaugurées. Elles renouvellent le regard sur le Sacré-Coeur. Le documentaire “Le Sacré-Cœur : son règne n’a pas de fin”, réalisé par Steven et Sabrina Gunnell, sera projeté en avant-première. Les actes du colloque “Réparer l’irréparable” seront présentés à cette occasion-là. Nous vénérerons les reliques de sainte Marguerite-Marie et de saint Claude La Colombière. Nous serons dans l’action de grâces ! Nous attendons plus de 4000 personnes et invitons très largement tous ceux qui souhaitent nous rejoindre. Nous prierons une vingtaine à partir de la veille de la fête de la Pentecôte le 7 juin jusqu’au 27 en lien avec les communautés de Montmartre et de l’Emmanuel, afin de se préparer intérieurement. J’invite tous ceux qui le souhaitent à se consacrer au Cœur de Jésus, c’est-à-dire à lui rendre amour pour amour ! Le site seconsacrer.org est un des fruits du jubilé. Il propose un parcours de préparation à la consécration individuelle ou communautaire.

Quelles sont vos attentes particulières pour ces jours de fête ?

Je souhaite que les gens viennent ici à Paray-le-Monial. Qu’ils découvrent vraiment ce lieu de grâces, où il se passe quelque chose. Je souhaite également que l’Église se saisisse de cette fête pour se laisser renouveler par le Cœur de Jésus, qu’elle en soit toute entière dynamisée. C’est un trésor extraordinaire que je porte comme recteur du sanctuaire ! Dans sa dernière encyclique le Pape ne cite que des saints Français : redécouvrons la puissance du Sacré-Cœur pour toute l’Église en France ! C’est une force donnée pour que tous viennent boire aux sources vives !

 

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