Mgr Le Saux : « Annoncer la nouveauté du Christ dans un monde en pleine mutation »

Mgr Yves Le Saux, évêque du Mans, est membre de la délégation française au Synode des évêques sur la Nouvelle Evangélisation à Rome, du 7 au 28 octobre 2012. Sa participation à cet « événement collégial important » est « un appel et une grâce ». Il se réjouit d’avoir à réfléchir sur un sujet « essentiel » qui trouve son origine dans le Concile Vatican II.
 

Comment recevez-vous l’Instrumentum Laboris ?

Je suis heureux de ce document. C’est un instrument de travail long et clair dans ses questions. J’insisterais sur les liens très étroits entre l’anniversaire du Concile Vatican II, l’Année de la Foi et les 20 ans de la promulgation du Catéchisme de l’Eglise catholique. On parle beaucoup des 50 ans du Concile mais le Catéchisme est très présent dans l‘Instrumentum Laboris. Il y a une objectivité au contenu de la foi. La proposition de l’Année de la Foi (2012-2013), c’est une adhésion renouvelée à la personne du Christ. Etre chrétien n’est pas simplement l’adhésion à des idées ou à des convictions, mais la rencontre avec un évènement, l’évènement pascal, la mort et la résurrection du Seigneur, et avec une personne, le Christ. Cette rencontre modifie notre existence, lui donne sa véritable dimension. Souvenons-nous que le pape Paul VI avait promulgué une Année de la Foi juste à la fin du Concile, en 1967. La coïncidence entre l’ouverture de l’Année de la Foi et celle du Synode sur la Nouvelle Evangélisation n’est pas anodine. L’origine du concept de Nouvelle Evangélisation se trouve dans le Concile Vatican II. C’est l’intuition du pape Jean XXIII que le Concile soit une joyeuse proclamation de la bonne nouvelle, du Salut au monde, manifestation de la joie de l’Eglise de connaître le Christ et d’avoir à le faire connaître aux hommes, à tous les hommes. A mon avis, ce Synode n’a pas tout à fait la même connotation que les autres. Il y a eu l’événement -majeur- du Concile Vatican II, puis sa réception par les Synodes qui ont suivi sur l’évangélisation, sur la famille, sur la formation des prêtres, sur la Parole de Dieu… Ces Synodes participent déjà de sa mise en œuvre. Au bout de 50 ans se pose la question de savoir comment nous annonçons la nouveauté du Christ dans un monde en pleine mutation. Je pense que le Concile Vatican II avait vu plus juste qu’on imagine. C’est un concile prophétique. Les textes prennent tout leur sens maintenant.
 

Qu’est-il attendu des pères synodaux ?

L’Instrumentum Laboris donne plusieurs points que devra aborder le Synode. Par exemple, comment mettre en œuvre l’invitation à la conversion et l’appel à la sainteté proposés à tous les chrétiens. Le Synode doit être l’occasion d’une écoute et d’un discernement. Que l’Eglise multiplie le courage en faveur d’une Nouvelle Evangélisation et redécouvre la joie de croire. Ces mots sont récurrents. On s’interroge sur la difficulté des institutions à témoigner de façon crédible aujourd’hui, sur la problématique « charisme et institution », pour laquelle on emploie le mot de « co-essentialité ». Est-ce que nous mesurons la grandeur du défi auquel nous sommes confrontés ? C’est un défi de civilisation. On aborde aussi le rapport entre laïcs et prêtres, ou encore la catéchèse, qui doit transmettre « le noyau de la foi de façon intacte » et qui, en même temps, sache parler à l’homme d’aujourd’hui. Comment construire des communautés chrétiennes avec un sens missionnaire ? Comment évangéliser à la lumière d’un besoin de Vérité et de Liberté ? Que fait-on face aux demandes sacramentelles ? Le Synode est invité à avoir le courage de dénoncer les infidélités puis de proposer des orientations pratiques diverses.
 

Quel regard portez-vous sur la dynamique de Nouvelle Evangélisation ?

Pour moi, elle n’est pas à comprendre dans le sens « Nous étions chrétiens. Nous ne le sommes plus. Il faut le redevenir » ! Mais plutôt en se demandant comment la nouveauté de la mort et de la Résurrection du Christ est-elle annoncée dans un monde en transformation fondamentale ? Et quels moyens développe-t-on pour faire vivre cette annonce ? Il ne s’agit pas d’un jugement de valeur sur ce qui a été fait jusqu’à présent. L’idée de Nouvelle Evangélisation, au départ, visait essentiellement la vieille Europe. Aujourd’hui, c’est très clairement proposé et affirmé : la Nouvelle Evangélisation concerne toute l’Eglise.
 

De quoi allez-vous parler au Synode ?

Je voudrais, entre autres, aborder le sujet de ceux que j’appelle « les baptisés non croyants ». Pas seulement non pratiquants. Aujourd’hui, 70% des personnes qui nous contactent dans les paroisses pour des sacrements sont baptisées mais ne connaissent pas réellement le Christ et n’adhèrent pas à la foi. Souvent, ils ne croient ni en Dieu ni en Jésus. Comment proposer un chemin de type catéchuménal à ceux qui sont déjà baptisés ? Avec quels moyens ? Quelle est l’expérience sur la question ? Cette situation désespère les prêtres. Autre question pour moi : Quelle incidence la Nouvelle Evangélisation a-t-elle sur la manière de prêcher, de parler, de vivre des prêtres, des évêques et des laïcs? Je porte aussi une question plus théologique, celle du Salut. Nous évangélisons parce que nous croyons que Jésus est le Sauveur de l’humanité et qu’il y a un vrai Salut. C’est quelque chose dont il faut parler clairement. Sinon, on fait de l’humanisme sympathique pas de l’évangélisation. Nous avons une nouveauté, celle du Christ. Je vais préparer mon intervention en ce sens.
 

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Un grand « Festival de la Mission » en préparation

A la rentrée, le diocèse du Mans réunira toutes les Equipes d’Animation Pastorale (EAP) sur la Nouvelle Evangélisation et célèbrera le cinquantième anniversaire de l’ouverture du concile et l’entrée dans l’Année de la Foi. Le diocèse du Mans prépare aussi un « Festival de la Mission » pour la fin d’Année de la Foi, en octobre 2013. Cet événement intergénérationnel alliera réflexion de fond et propositions culturelles (concerts), avec un Forum des initiatives missionnaires. Parmi les invités : Mgr Rino Fisichella, Président du Conseil pontifical pour la Nouvelle Evangélisation, et le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, Président de la Conférence des Evêques de France.

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    Le 11 octobre 1962 s’ouvrait le concile Vatican II qui a transformé le visage de l’Église et modifié ses relations avec le monde et avec les autres religions. Cinquante ans après, la mise en œuvre des textes du Concile est toujours d’actualité.