Rencontre avec l’Eglise évangélique à Erfurt
Exprimant son émotion d’Evêque de Rome à se trouver là où Martin Luther a étudié et a été ordonné prêtre en 1507, Benoît XVI a rappelé que « la question de Dieu fut la passion profonde et le ressort de sa vie et de tout son itinéraire. Elle « se trouvait derrière chacune de ses recherches théologiques et de son combat intérieur… Qui, en effet, se préoccupe aujourd’hui de cela, même parmi les chrétiens?… La plus grande partie des gens, chrétiens compris, tient aujourd’hui pour acquis que Dieu, en dernière analyse, ne s’occupe plus de nos péchés et de nos vertus… Aujourd’hui, on croit encore en un au-delà et en un jugement de Dieu, alors presque tous pensent que Dieu doit être généreux, et, qu’à la fin, dans sa miséricorde, il ignorera nos fautes. Mais ces fautes sont-elles vraiment si petites? Le monde n’est-il pas dévasté à cause de la corruption des grands, mais aussi à cause de celle des petits, qui pensent seulement à leurs propres intérêts? N’est-il pas dévasté par le pouvoir des drogues, qui vit du désir de vie et d’argent d’une part, et de l’autre, par l’addiction à la jouissance des personnes qui lui sont adonnées? N’est-il pas menacé par la disposition croissante à la violence qui se revêt souvent de la religiosité? La faim et la pauvreté pourraient-elles dévaster autant de parties entières du monde si, en nous, l’amour de Dieu et, à partir de lui, l’amour pour le prochain, pour les créatures de Dieu, les hommes, étaient plus vivants?… Non, le mal n’est pas une bagatelle. Et il ne pourrait être aussi puissant si nous mettions vraiment Dieu au centre de notre vie…. Quelle est la position de Dieu à mon égard, et comment je me situe moi face à lui? Cette question brûlante de Martin Luther doit redevenir, certainement sous une forme nouvelle, notre question ».
Dieu, le Dieu unique, le Créateur du ciel et de la terre, a poursuivi le Saint-Père, « est quelque chose d’autre qu’une hypothèse philosophique sur les origines du cosmos. Il a un visage et il nous a parlé. En Jésus il est devenu l’un de nous… Mais qu’a à voir tout cela avec la situation œcuménique? Tout cela n’est peut-être seulement qu’une tentative d’éluder, avec tant de paroles, les problèmes urgents dans lesquels nous attendons des progrès pratiques, des résultats concrets ? A ce sujet, je réponds : la chose la plus nécessaire pour l’œcuménisme est par-dessus tout que, sous la pression de la sécularisation, nous ne perdions pas presque par inadvertance les grandes choses que nous avons en commun, qui en elles-mêmes nous rendent chrétiens et qui sont restées comme don et devoir. C’était l’erreur de l’âge confessionnel d’avoir vu en majeure partie seulement ce qui sépare, et de ne pas avoir perçu de façon existentielle ce que nous avons en commun dans les grandes directives de l’Ecriture et dans les professions de foi du christianisme antique. Le grand progrès œcuménique des dernières décennies est que nous nous soyons rendu compte de cette communion et que nous pouvons la reconnaître comme notre fondement impérissable ».
Face au dynamisme missionnaire des Evangéliques
Source : VIS du 23 septembre 2011