Cinquième congrégation générale du Synode pour le Moyen-Orient

Les Pères synodaux ont poursuivi leurs travaux lors de la cinquième congrégation générale, l’après-midi du mercredi 13 octobre 2010. Ils ont reçu le Rabbin David Rosen, invité spécial du Synode.
 

SB Nerses Bedros XIX Tarmouni, Patriarche arménien de Cilicie, archevêque arménien de Beyrouth (Liban)

nerses_bedros XIX_tarmouni

« Le retour à la première communauté chrétienne nous montre que les premiers chrétiens n’ont pas eu une vie facile, exempte de difficultés et d’adversités. Bien au contraire, ils subirent outrages et persécutions. Mais cela ne les a pas empêchés de proclamer l’enseignement de Jésus intégralement et de pardonner. Nous trouvons des situations similaires dans notre époque contemporaine. Les chrétiens non éclairés par le Saint-Esprit croient qu’ils devraient être épargnés par les difficultés. Ceci est important à relever, et dans ce sens à réévangéliser nos fidèles, en leur proposant la foi vécue aux premiers siècles du christianisme. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas lutter pour rétablir la justice et la paix au Moyen-Orient. Mais il serait erroné de considérer que, sans cette justice et cette paix, le chrétien ne peut pas vivre pleinement sa foi ou devrait émigrer. D’ailleurs, personne n’émigre pour rechercher une vie chrétienne meilleure. Le chrétien convaincu qu’il est appelé, de par son baptême, à témoigner de sa foi et qui mène une vie chrétienne en communauté, n’a pas comme première préoccupation la recherche du bien-être matériel ou de la paix, ou bien encore la fuite des problèmes pour sa tranquillité et celle des siens. Au contraire, prenant exemple du témoignage de ses ancêtres du Moyen-Orient, il travaille en groupe avec d’autres confrères chrétiens, pour témoigner par la vie et par l’exemple, pour rendre plus convainquant le message d ‘amour de Jésus ».
 

Mgr Paul Hinder, ofm, vicaire apostolique d’Arabie (Emirats Arabes Unis)

« Les deux vicariats de la péninsule arabique, comprenant le Koweït, le Bahreïn, le Qatar, les Emirats arabes unis, l’Oman, le Yémen et l’Arabie saoudite, ne comptent pas de chrétiens originaires de ces pays. Les 3 millions de catholiques, sur une population de 65 millions d’habitants, sont tous des travailleurs immigrés venant d’une centaine de pays, pour la plupart des Philippines et de l’Inde. Environ 80% d’entre eux sont de rite latin, les autres appartiennent aux Eglises catholiques orientales. Les deux vicaires apostoliques sont l’un comme l’autre de rite latin; l’ordre des frères mineurs capucins a la Ius Commissionis pour le territoire; deux tiers des 80 prêtres sont des frères capucins ressortissants d’Inde, des Philippines, d’Europe et d’Amérique et appartenant à différents rites… Il existe des lois restrictives relatives à l’immigration (restriction concernant le nombre des prêtres)…pas de liberté de religion (un musulman ne peut pas se convertir, mais les chrétiens sont les bienvenus dans l’islam), liberté de culte limitée aux lieux désignés, accordée par des dirigeants éclairés (sauf en Arabie saoudite) ».
 

Mgr Elie Bechara Haddad, bs, archevêque Grec-Melkite de Sidon (Liban)

 « La vente de terrains des chrétiens au Liban devient un phénomène dangereux. Il risque de menacer la présence chrétienne jusqu’à l’anéantir à un minimum dans les quelques années qui viennent. Pour remédier à ce phénomène nous proposons de créer une stratégie de solidarité entre les Eglises sous le patronage du Saint-Siège ; de modifier le discours de l’Eglise envers l’islam afin de distinguer nettement entre islam et fondamentalisme. Ceci facilite notre dialogue avec les musulmans en vue de nous aider à persévérer dans notre terre et de passer du concept d’aide aux chrétiens d’Orient au concept de développement pour les enraciner dans leur terre et leur trouver des emplois. Notre expérience dans le diocèse de Saïda est prépondérante à ce niveau ».
 

Mgr Antoine Audo, sj, évêque chaldéen d’Alep (Syrie)

antoine_audo

« Malgré la diminution du nombre des vocations, éprouver les candidats avant de les admettre au séminaire. Former les séminaristes au sens profond de chaque liturgie et être capable d’ouverture à l’universalité de l’Eglise. En théologie, se baser sur Vatican II, répondre aux questions de la modernité dans le contexte arabo musulman, en donnant une attention particulière à l’usage correct de la langue arabe. Enfin, à la suite et selon les conseils de Benoît XVI, accorder de l’importance à une formation doctrinale solide et vivante, se traduisant dans la vie quotidienne. La dimension pastorale: apprendre à prêcher, enseigner le catéchisme, accompagner les familles, écouter les confessions, sont des éléments vitaux dans la formation. Accompagnement pastoral et spirituel au cours de l’exercice du ministère sacerdotal… Regarder objectivement les besoins des prêtres, et arriver à une comptabilité transparente du diocèse qui aide à développer la confiance parmi les prêtres et les fidèles. Que la congrégation pour les Eglises orientales aide chaque patriarcat et diocèse à la mise en place d’un système d’assurance maladie et d’assurance vieillesse. Les ressources sont là, manquent la compétence et la rigueur ».
 

Mgr Berhaneyesus Demerew Sourphiel,cm, archevêque de Addis Abeba, Président du Conseil de l’Eglise éthiopienne, Président de la Conférence Espicopale Ethiopienne er Erythréenne (Ethiopie)

« L’Ethiopie compte 80 millions d’habitants, dont la moitié a moins de 25 ans. Le grand défi que ce pays est amené à affronter est celui de la pauvreté et de ses conséquences, telles que le chômage. De nombreux jeunes, désireux de fuir la pauvreté, tentent, par tous les moyens, d’émigrer. Ceux qui émigrent au Moyen-Orient sont pour la plupart de jeunes femmes qui vont, légalement ou illégalement, chercher un emploi de domestique parce que, pour la plupart d’entre elles, elles manquent de formation professionnelle. Afin de faciliter leurs voyages, les chrétiens transforment leurs noms chrétiens en noms musulmans et s’habillent comme les musulmans de manière à ce que leur demande de visa puisse aboutir plus facilement. De cette façon, les chrétiens sont indirectement forcés à renier leurs racines chrétiennes et leur héritage… Même s’il existe des situations exceptionnelles dans lesquelles les travailleurs sont bien traités, la grande majorité d’entre eux souffre d’exploitations et d’abus… Les chrétiens qui meurent en Arabie Saoudite ne semblent pas être autorisés à y être enterrés. Leurs corps sont renvoyés en Ethiopie afin d’y être enterrés. Pourrait-on demander aux autorités saoudites d’accorder un cimetière aux chrétiens en Arabie Saoudite? De nombreux éthiopiens se tournent vers les Eglises catholiques au Moyen-Orient pour en obtenir aide et conseil. Je désire remercier les hiérarchies catholiques du Moyen-Orient qui font de leur mieux pour assister les victimes d’abus et d’exploitations. Nous sommes reconnaissants, par exemple, pour le travail important réalisée par Caritas Liban. La migration moderne est considérée comme un esclavage moderne. Mais laissez-nous rappeler que les immigrés d’aujourd’hui seront les citoyens et les responsables de demain, que ce soit dans leurs patries que dans les pays qui les accueillent ».
 

david_rosen_rabbin

Le Rabbin David Rosen, invité spécial du Synode pour le Moyen-Orient

Conseiller du Grand Rabbinat d’Israël, Directeur du Département pour les affaires inter-religieuses du Comité juif américain et de l’Institut Heilbrunn pour l’accord international inter-religieux (Israël), le Rabbin David Rosen a souligné le « rôle spécial » des chrétiens dans le dialogue interreligieux en Terre Sainte.

Lire des extraits de son intervention