Huitième congrégation de la seconde Assemblée spéciale pour l’Afrique
Voici des extraits de quelques interventions:
« Cette deuxième Assemblée synodale africaine, pour produire les fruits escomptés, me semble-t-il, extrêmement important de passer par la famille africaine. Car, la formation d’une nouvelle culture de la réconciliation, de la justice et de la paix est d’abord une œuvre familiale, avant d’être sociale. Si ces trois valeurs prennent racine et trouvent un fondement et un sens dans la famille, leur culture peut s’étendre au niveau de toute la société africaine… La justice est la juste appréciation, la reconnaissance, le respect des droits et du mérite de chacun. La famille est appelée à éduquer à la justice véritable qui, seule conduit au respect de la dignité personnelle de chacun ».
Mgr. Albert Vanbuel, Evêque de Kaga-Bandoro (République centrafricaine):
« Nous avons déploré ces derniers mois des tensions entre prêtres, entre prêtres et Evêques, entre prêtres et laïcs. Sans doute cela n’est pas l’Evangile que nous avons à annoncer. Nous sommes envoyés pour construire l’Eglise unie par l’Esprit de Dieu qui nous dirige. Nous ne pouvons pas en même temps déchirer le Corps du Christ. L’Année sacerdotale que le Saint-Père nous a donnée, peut nous inspirer et nous diriger: fidélité du Christ, fidélité du prêtre, et fidélité de chaque baptisé. Il y a une aspiration générale pour un temps de paix, de justice et de réconciliation. Les événements que nous avons vécu et que nous continuons à vivre en ces temps-ci donnent la preuve qu’il y a toujours des raisons d’espoir et que dans la nuit où nous nous trouvons, l’aurore et le jour s’annoncent. Chacun de nous est faible, est pécheur; mais ensemble nous aurons à écouter la Parole de Dieu, à la vivre, pour construire en communion notre Eglise-Famille. Que Dieu nous bénisse et nous donne la force de la persévérance et d’un vrai témoignage ».
Mgr. Joseph Kumuondala Mbimba, Archevêque de Mbandaka-Bikoro (RDC):
« Depuis l’implantation de l’Eglise en Afrique et plus spécialement en RDC, l’éducation scolaire a toujours bénéficié d’une singulière attention de l’Eglise. Pour celle-ci, les écoles de tous les niveaux ainsi que les instituts supérieurs et les universités constituent des lieux d’apostolat… La crise multiforme liée à des guerres à répétition a entraîné des conséquences déplorables dans le secteur de l’éducation… une éducation mal assurée compromet l’avenir de générations de jeunes et sacrifie des potentialités qui auraient servi à toute la nation. Ce qui est injuste et ne garantit pas la paix. Car les jeunes frustrés sont à la merci des pêcheurs en eau trouble. Dans un climat de complaisance engendré par des pratiques malhonnêtes, la qualité de l’enseignement n’est pas garantie. Les organisateurs, les gestionnaires et les parents sont conscients que les diplômes délivrés ne représentent pas un niveau intellectuel et moral approprié aux exigences du monde scientifique et de travail ».
Mgr. Franklyn Nubuasah, Vicaire apostolique de Francistown (Bostwana):
« Le Botswana est un petit pays stable et démocratique… Nous sommes un pays moyennement riche qui attire des personnes provenant d’autres régions d’Afrique… Nous accueillons un bon nombre de réfugiés demandant l’asile. Nous avons la paix parce qu’au sein de notre mécanisme traditionnel appelé Kgotla, c’est-à-dire cour de la règle, le dialogue est respecté. Pour nous, la plus grande guerre est faite de mots. L’Eglise a introduit cette pratique culturelle dans les paroisses afin d’aider à faire et à promouvoir la paix et la compréhension. Aujourd’hui, il y a une pression concernant nos ressources, notre marché du travail et nos installations sanitaires, due à l’afflux de personnes en raison de la situation politique et sociale dans la région. Nous sommes préoccupés par la xénophobie qui est la conséquence de la dure crise économique actuelle. L’Eglise a promu la paix et la fraternité envers les personnes. Les minorités n’ont pas besoin d’utiliser la violence pour faire connaître leurs problèmes. Le Sida est un défi pour les pays du sud de l’Afrique. Le Botswana travaille dur par le biais de l’éducation afin de prévenir de nouvelles infections. Le traitement est disponible pour les citoyens, mais malheureusement il ne l’est pas pour les réfugiés ni pour les étrangers qui vivent dans le pays. Le Sida a ravagé les fondations de la société du Botswana. Il peut être potentiellement employé comme arme de guerre et de conflit. Comment pardonner quelqu’un qui vous a infecté volontairement avec le virus mortel? ».
Mgr. Evaristus Thatho Bitsoane, Evêque de Qachas’s Nek, Président de la Conférence épiscopale du Lesotho:
« L’Eglise au Lesotho, comme de nombreuses autres Eglises en Afrique, est engagée dans le domaine de la santé, de l’éducation et du service envers les pauvres. Le Lesotho est pour moitié catholique, et l’Eglise possède la majorité des écoles du pays. En fonction de ce nombre, on pourrait espérer que les principes catholiques puissent prévaloir dans le fonctionnement du pays. Au contraire, les personnes adhèrent à tout ce qui leur permettra d’avoir du pain sur la table, même si cela doit être en opposition avec l’enseignement de l’Eglise. Un grand nombre de pays d’Afrique ont signé le protocole de Maputo, et le Lesotho n’en a pas fait exception. Bien que les services de nos hôpitaux catholiques soient appréciés par beaucoup, nous craignions qu’un grand nombre d’avortements soient pratiqués dans des hôpitaux privés. Ce dont l’Eglise du Lesotho a besoin d’une manière urgente, afin de poursuivre son service envers les pauvres, c’est que les Eglises sœurs du monde développé influencent leur gouvernement afin de ne pas imposer des idéologies qui soient étrangères à l’Afrique. Durant cette période de transition jusqu’à son autonomie financière, l’Afrique a encore besoin du soutien de ses Eglises sœurs du monde développé ».
Mgr. Jorge Enrique Jimenez Carvajal, Archevêque de Cartagena en Colombia (Colombie):
« Des milliers et milliers d’êtres humaines de race noire arrivèrent en Amérique pour y être vendus aux enchères et être ainsi condamnés à travailler jusqu’à leur mort… Pedro Claver attendait les navires négriers dans une optique différente de celle de ceux qui traitaient avec eux… Pour l’apôtre, ils étaient des fils de Dieu qui demandaient à connaître toute la vérité de l’Evangile… L’Afrique est la Grande Patrie de toutes nos négritudes, du Canada jusqu’à la Terre de Feu, y compris la merveilleuse présence de cette race aux Antilles et aux Caraïbes. Combien de choses qui ont fait de l’Amérique un grand continent, ont été possibles seulement grâce à la contribution des noirs, héritiers de tant de richesses encore inconnues aujourd’hui, héritiers d’une grande abondance de symboles qui, avec le temps, auraient enrichi le message chrétien, héritiers de la même joie avec laquelle leurs ancêtres embrassèrent la foi, même si la vie était dure avec eux. L’histoire de l’Afrique en Amérique n’est pas une histoire d’hier, c’est un aujourd’hui vivant! C’est pourquoi, je crois que ce Synode doit proférer une parole en faveur des négritudes américaines (j’espère que vous aurez remarqué que j’utilise le mot américain en me référant à toute l’Amérique, celle du nord, celle du centre, celle des Antilles, celle des Caraïbes et celle du sud). Une grande partie de leur cœur est encore vivante et continuera à vivre en Afrique et dès lors ils percevront et vivront comme leur ce qui a lieu sur ce continent ».
Extrait du VIS, le 9 octobre 2009