Quinzième congrégation de la seconde Assemblée spéciale pour l’Afrique

Le 13 octobre 2009 s’est déroulée, sous la présidence du Cardinal Wilfrid Fox Napier, en présence du Pape et de 224 Pères, la quinzième Congrégation générale du Synode africain, au cours de laquelle ont été présentés les rapports des Circuli Minores.
 

Voici des extraits de certains d’entre eux:

Groupe portugais.
Mgr.Gabriel Mbilingi, SSSP, Coadjuteur de l’Archevêque de Lubango (Angola) et Président du Comité inter-régional des évêques d’Afrique méridionale:

« Parmi les suggestions: Une référence explicite à la Doctrine sociale de l’Eglise comme devant faire partie du contenu de notre doctrine évangélisatrice et catéchétique; que la catéchèse suive le modèle catéchuménal qui porte la personne à faire son option personnelle pour le Christ; évoquer la fonction fondamentale de la vie consacrée dans la vie et la mission de l’Eglise…; valoriser le domaine de la politique comme service à la société, en aidant les hommes politiques chrétiens à assumer leurs engagements sur la base de leur propre foi…; insister à propos du clergé sur le vécu du ministère sacerdotal comme service au peuple de Dieu et non comme autorité…; dénoncer les graves situations des droits de l’homme, et le faire avec vigueur, avec clarté et avec précision; avoir le courage de suivre également un chemin de réconciliation et de purification de la mémoire à l’intérieur de l’Eglise ».

Groupe francophone E.
Le P.Edouard Tsimba, CICM, Supérieur général des Missionnaires de Scheut:

« La recherche de la vérité est une condition indispensable pour la réconciliation… Parler de réconciliation veut dire parler de la miséricorde de Dieu. Seule une personne réconciliée avec Dieu, vivant dans la paix est capable d’apporter la paix. Il est donc nécessaire de rappeler la grande valeur du sacrement de réconciliation et donc le sérieux et le temps que les agents (dont les prêtres) doivent prendre à ce sujet en y consacrant le temps et toute la préparation qu’il faut, tant pour la confession personnelle que pour les célébrations communautaires… La vie et le témoignage des nombreux chrétiens, parfois jusqu’au martyre, méritent une mémoire et est source pour renforcer la foi. La vie et l’exemple des agents de l’Eglise sans distinction, est de grande importance dans ce domaine de réconciliation… Il faut susciter la collaboration aussi bien des hommes que de femmes, dans la prise en compte de leurs atouts, dans l’Eglise et dans la société. Que tous les chrétiens, chacun selon son ministère, soient fiers de l’être et de le montrer dans leur vie… La sainteté est un appel à tous et à toutes et mérite une place importante dans le texte ».

Groupe francophone B.
Le P.Gérard Chabanon, M.Afr., Supérieur général des Pères blancs:

Je retiens deux grands thèmes: « 1. La famille: Elle est la cellule de base de la société et des communautés chrétiennes. Elle est menacée par la pauvreté, la mauvaise gouvernance, la difficulté de scolariser les enfants, la violence et l’irresponsabilité de pères de famille qui abandonnent leurs épouses et leurs enfants. 2. L’Islam… Les situations sont plurielles en Afrique et en particulier entre le nord et le sud du Sahara. Arabité et africanité n’ont pas toujours les mêmes valeurs. Un dialogue de vie et un dialogue social peuvent se développer entre chrétiens et musulmans. Il a été fortement souligné que l’on doit viser partout à la liberté de conscience et à la réciprocité des cultes ».

Groupe anglais-francais.
Mgr.Jean Mbarga, Evêque d’Ebolowa (Cameroun):

« En général, la Relatio Post Disceptationem, a été positivement appréciée… Mais une vision multi ministérielle de l’ Eglise aurait mieux donné l’importance de la place et de la mission de toutes les catégories du peuple de Dieu dans l’Eglise, notamment les laïcs. La question du tribalisme dans l’Eglise reste un défi majeur. Un équilibre aurait pu être fait entre les développements théologiques et l’ampleur des drames humains de l’Afrique auxquels les Pères synodaux doivent répondre; l’action prophétique des commissions Justice et Paix méritait aussi une meilleure prise en compte… La communion ecclésiale est aussi une force qui doit permettre aux Africains d’affronter les défis qui sont les leurs dans l’espérance et la résurrection ainsi que dans la pleine solidarité universelle ».

Extrait du VIS du 15 octobre 2009

Groupe anglophone a.
Mgr. Anthony John Valentine Obinna, Archevêque d’Owerri (Nigeria):

« Nous avons vécu une expérience positive et saine de communion ecclésiale au cours de ce Synode. Transmettons-la dans nos Eglises et dans nos organismes ecclésiaux… Les fidèles laïcs doivent être rendus conscients de leur rôle d’agents de réconciliation, de justice et de paix dans leurs domaines ou leurs sphères d’activités… Pour renforcer la famille africaine, les condamnations ne sont pas suffisantes: il faut prendre des initiatives positives pour assainir les situations irrégulières… Pour répondre aux nombreuses victimes d’injustice sur le continent, les enfants non-nés (avortement), les orphelins, les enfants des rues, les handicapés, les prisonniers, les communautés persécutées et marginalisées, il faut créer des structures de justice, de paix, de soin pastoral, de compréhension et d’empathie à l’intérieur de l’Eglise et organisées par elle… Le compendium de la doctrine sociale de l’Eglise devrait être un texte obligatoire pour la formation et l’acquisition des compétences des laïcs… Il faut utiliser les textes officiels sur la vie et sur la sexualité humaine pour enseigner aux séminaristes et aux jeunes la doctrine chrétienne et l’approche de la sexualité… La catéchèse sur la famille devrait être promue à partir du compendium de la doctrine sociale de l’Eglise. Les femmes devraient avoir des rôles à jouer dans l’Eglise comme membres à part entière. Il faut faire de nouveaux efforts pour éliminer la discrimination contre les femmes dans tous les domaines ».

Groupe anglophone b.
Mgr.Sithembele Anton Sipuka, Evêque d’Umtata (Afrique du Sud):

« Nous notons que le manque de publicité concernant le Synode reflète notre faiblesse en matière de la communication, aussi avons-nous besoin de communiquer à notre retour de ce dont nous avons discuté et décidé ici… Il est aussi nécessaire de rencontrer nos gouvernements et, à partir de là, diffuser les résultats depuis les débuts, avant même la publication finale des résultats du Synode écrits de la part du Pape… Malheureusement, on manque de formation permanente après le Baptême et la Confirmation, qui pourrait aider à maintenir les personnes dans l’Eglise. C’est pour cela que nous devons revoir notre méthodologie actuelle de catéchèse. Il existe aussi un problème de structure hiérarchique dans la société africaine qui fait que les supérieurs ne peuvent demander pardon aux inférieurs. Par exemple, il est impensable qu’un mari demande pardon à sa femme ou un ancien à un jeune. Tout cela vaut aussi pour les groupes ethniques: un groupe ethnique considère inapproprié de demander pardon à un autre. Il semble enfin que les modalités de réconciliation traditionnelles africaines soient un obstacle à l’idéal et à la pratique chrétienne de réconciliation ».

Groupe francophone b.
Mgr.Louis Portella Mbuyu, Evêque de Kinkala et Président de la Conférence épiscopale de la RDC:

« Les urgences sont nombreuses: former ceux qui ont un pouvoir de décision maintenant et à l’avenir (une formation spirituelle et doctrinale, mais également une formation technique, suivie également par des aumôniers formés eux aussi de façon adéquate); accorder aux femmes toute leur place; éduquer les personnes à la paix depuis leur plus jeune âge et les aider à changer leur façon de voir les autres; même chose pour l’éducation à l’état de droit et à l’ensemble des autres valeurs chrétiennes qui concernent la société. La famille, cellule fondamentale de la société, mérite une mobilisation pastorale importante. La pastorale de la famille implique toutes les catégories: les enfants et les jeunes doivent recevoir une éducation soignée, les conjoints doivent progresser dans l’amour conjugal; les parents doivent assumer leur propre responsabilité de premiers éducateurs. Les valeurs chrétiennes du mariage et de la famille doivent donc être au centre d’initiatives pastorales appropriées. La relation entre notre culture et les Sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation nous oriente vers une catéchèse inculturée de tels Sacrements. Dans ce contexte, pourquoi ne pas penser à un congrès eucharistique continental conduit par une dynamique de recherche théologique, de catéchèse et de célébration inculturée? ».

Groupe anglophone e.
Mgr.Martin Igwemezie Uzoukwu, Evêque de Minna (Nigeria):

« Il faut avoir une attitude positive envers les traditions africaines, les voir comme une chance et les expurger afin d’en faire un outil de réconciliation. Leur diversité est également une chance, car cette richesse vient de Dieu. Malheureusement, les politiciens se servent souvent de cette diversité pour diviser les gens et créer ainsi des conflits ethniques. La réconciliation doit donc être dépolitisée et libérée de toutes ambitions et manoeuvres de pouvoir… Une attention particulière doit aussi être accordée à la formation du clergé…car le prêtre risque de perdre de vue une vocation menacée par le matérialisme du climat social. Il doit se conformer au Christ en servant et non devenir un patron servi. Les séminaires doivent enseigner les nouveaux media pour compléter la préparation des prêtres à l’évangélisation, Internet pouvant servir à compléter la mission ».