Le Grand Pardon de Sainte Anne d’Auray
.Le plus grand pardon de Bretagne
Car la plupart des pardons bretons (et la Bretagne en compte 1 200) sont de petits pardons qui se déroulent sur une demie voire une journée, rassemblant les gens du quartier pour la messe, parfois pour les vêpres. À Sainte Anne, le programme dense rythme les journées et se prolonge la nuit dans une ambiance à la fois festive et fervente : veillée, procession aux flambeaux, eucharisties, adoration, messe dominicale – qui rassemble entre 15 000 et 20 000 personnes, grande procession, vêpres, confessions permanentes. Tous les évêques bretons et originaires de la Bretagne sont invités. Au total, ce sont une dizaine d’évêques réellement présents, sans compter les abbés et les prêtres du voisinage et de passage.
Des pèlerins venus de partout
Il nous invite de plus à imaginer une petite ville de 2 000 âmes accueillir cette foule de pèlerins et touristes : « tout le monde est mis à contribution : la commune, la paroisse, le sanctuaire, les villageois, jusqu’aux agriculteurs qui acceptent de prêter leurs prairies, transformant le territoire en un véritable camping ! ». C’est dire l’ampleur que revêt ce pardon.
Des apparitions à l’origine du culte de sainte Anne
La vénération et l’ampleur du rayonnement suscité par la fête du grand pardon trouve son origine dans les apparitions du 17e siècle.
C’est en 1623 que sainte Anne apparaît à un laboureur du nom d’Yves Nicolazic. Elle lui demande de faire rebâtir une chapelle qui lui soit dédiée sur un champ appelé Bocenno, où existait autrefois une chapelle à son nom : « Dieu veut que je sois honorée ici ». En 1625, sous l’indication de sainte Anne, il découvre la statue antique de la chapelle primitive. Rapidement, la nouvelle de cette découverte se répand et des milliers de personnes accourent au Bocenno : le 7 mars 1625 a lieu le premier pèlerinage à Sainte Anne d’Auray. La découverte de la statue et la construction de la chapelle ont ainsi redonné force à cette dévotion ancestrale. Une dizaine d’années après les conversions, Pierre de Kériolet, bandit converti, reçoit de sainte Anne un message appelant à la pénitence et à la conversion. Il favorisera le développement du pèlerinage par sa générosité.
Depuis quatre siècles, la dévotion s’est maintenue sans interruption. Même la révolution française n’a pas réussi à avoir raison de la ferveur religieuse et n’a fait au contraire que l’accroître. Au 19e siècle, l’influence est telle que la chapelle devient trop petite. C’est alors qu’est construite la basilique actuelle et son sanctuaire.
Un sanctuaire aux multiples richesses
La basilique actuelle date de la fin du 19e siècle et est le cœur du sanctuaire. On peut y voir les tombeaux des deux personnages qui ont marqué le développement du pèlerinage : Yves Nicolazic et Pierre de Kériolet. Sainte Anne y est présente partout. Du haut de la tour, elle éclaire les vies et conduit le pèlerin vers son petit-fils. Entouré des statues des parents et grands-parents du Christ et des quatre évangélistes, le chœur invite chaque visiteur à redécouvrir l’Eglise et l’Evangile par le biais de la famille, cœur du message de sainte Anne.
C’est de la basilique que part la grande procession lors du Grand Pardon pour se diriger vers le mémorial, lieu des célébrations. Ce monument aux morts a été érigé en l’honneur des 240 000 Bretons morts à la guerre 1914-1918.
Le sanctuaire recèle par ailleurs d’autres richesses : la fontaine, lieu de la première apparition et actuel lieu de rencontre qui rappelle l’importance de l’eau, celle du baptême, indispensable pour grandir dans la foi ; le cloître des Carmes du 17e siècle ; l’espace Jean-Paul II érigé après la venue du pape, le 20 septembre 1996, qui avait rassemblé 150 000 personnes.
Le sanctuaire accueille toute l’année quelques 800 000 pèlerins. Ville sanctuaire, des pèlerinages diversifiés sillonnent l’année : pèlerinages des paroisses, des doyennés, pèlerinages des élus, du monde agricole, des pères de famille, des couples stériles (nouveauté de cette année) …et même des motards.
Sainte Anne d’Auray, cœur spirituel de la Bretagne
Sainte Anne attire donc de nombreuses foules en ce jour du 26 juillet où l’Eglise la vénère. Les Bretons portent en effet un culte particulier à leur sainte patronne : Sainte Anne d’Auray est tout simplement leur lieu de prière de prédilection. Comme nous l’exprime le père Guillevic, « il y a un attachement viscéral à sainte Anne et à ce lieu depuis quatre siècles ». Aussi peut-on ressentir toute la joie communiquée lors du Grand Pardon.
Mais les motivations semblent encore plus profondes : « Les pèlerins viennent ici pour prier. Ils se retrouvent avec sainte Anne, elle qui par sa fille Marie, peut nous conduire à Jésus. Ils profitent par ailleurs de leur venue pour recevoir le sacrement de pénitence. Mais, ce sont assurément les célébrations festives qui constituent un attrait certain. C’est un autre visage de l’Eglise qui est ainsi donné. À Sainte Anne d’Auray, on est vraiment au cœur spirituel de la Bretagne. »