A 35 ans, cette parisienne devenue enseignante, mais qui portait en elle une autre vocation, vit et enseigne en tant que Fille de la
Charité* au lycée Frédéric Ozanam de Châlons-en-Champagne.
Son appel, Claire l’a reçu l’année de ses 17 ans. C’était lors d’un camp scout, une heure de recul appelée « temps d’escale » destinée à faire réfléchir les jeunes sur leur passé, leur présent et surtout leur futur. Au cours de cette méditation solitaire, Claire prend conscience que le modèle qui s’impose, vie de foi et vie tournée vers les autres, relève de la vie religieuse. Elle ose se dire alors : « pourquoi pas », mais la vie courante reprend sa course tout en s’accompagnant d’un désir de « renvoyer l’ascenseur ». Prenant conscience de ce qu’elle a reçu, Claire décide de demander sa
confirmation, de s’occuper de Jeannettes et de s’engager dans l’enseignement. Parallèlement, sur les conseils d’une amie, elle se fait accompagner dans son cheminement spirituel par le
vicaire de sa
paroisse. Sa première rencontre avec la Compagnie des Filles de la
Charité a lieu dans le cadre d’un cours à l’Ecole cathédrale sur le
Credo. Une sœur l’invite à rejoindre un groupe de jeunes en recherche. Claire vient de trouver le lieu d’ « équilibre entre vie de prière et vie de service » qui lui correspond. En 2002, elle devient à part entière Fille de la
Charité et, après deux années de noviciat, est envoyée à Paris dans le 17e arrondissement, puis à la communauté de Châlons-en-Champagne, dans un lycée privé d’enseignement professionnel, technologique et général.
Le lycée, mission de toute la communauté
Aux rentrées scolaires, lorsqu’elle se présente, son titre fait toujours un peu sensation. « J’ai des collègues très compétents, commente Sœur Claire, bien plus compétents que moi mais le sens donné à ma présence, la relation avec les élèves, sont différents. Les Filles de la Charité parlent de service, pas de métier. Etre ici n’est pas mon travail, c’est la mission même de toute la communauté, bien que je sois la seule des trois à y enseigner ». Au lycée, Sœur Claire assure un mi-temps d’animation en pastorale ainsi que des cours en économie, droit, comptabilité et bureautique. Elle participe aux temps de prière de sa communauté (une demi-heure d’oraison matin et soir, Vêpres et Laudes et la messe à la paroisse) ainsi qu’aux temps de partage communautaire. A chaque fête de l’Annonciation, lorsqu’elle doit renouveler ses vœux, elle est impressionnée d’entendre ses aînées le faire pour la cinquantième ou la soixantième fois. A l’image des fondateurs de la Compagnie des Filles de la Charité, Sœur Claire elle-même s’est laissé guider par l’Esprit Saint. En cette année anniversaire de la famille vincentienne, la redécouverte des deux fondateurs la reconfirme dans la justesse de son choix. « Saint Vincent et Sainte Louise, déclare-t-elle, ont dépassé leurs a priori personnels pour créer ensemble une œuvre formidable. C’est la même chose pour notre vie communautaire fraternelle. Je n’ai pas choisi celles avec qui je vis. Nous sommes réunies par quelque chose de supérieur qui nous pousse à nous dépasser ».
*Fondées par St Vincent de Paul et Ste Louise de Marillac, les Filles de la
Charité ont pour devise « La
charité de Jésus crucifié nous presse ». Elles sont actuellement 19 438 vivant et oeuvrant dans 2 275 communautés dans 91 pays. En plus des vœux de pauvreté, chasteté et obéissance, elles font un vœu spécial de service des pauvres. Ces vœux sont non-religieux, annuels et toujours renouvelables. L’Eglise les reconnaît comme société de vie apostolique.