Cardinal Tauran : « Que tous les croyants soient facteurs de cohésion sociale »
Président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux (Rome), le cardinal Jean-Louis Tauran s’est adressé aux évêques de France réunis en Assemblée plénière, à Lourdes. Il a souligné la nécessité du dialogue avec les musulmans. Un « dialogue de la vie », dans lequel les chrétiens ne doivent pas renoncer à annoncer Jésus et l’Evangile.
Les fondements du dialogue. « L’Eglise regarde avec estime les musulmans ». Le cardinal Tauran a rappelé cette conviction du Concile Vatican II (Nostra Aetate) pour expliquer la posture des catholiques dans le dialogue avec les musulmans. Celui-ci n’est pas réservé aux élites mais doit s’inscrire dans le quotidien ordinaire de nos vies. « Vivre ensemble est possible » a affirmé à plusieurs reprises le cardinal. La grâce agit chez les hommes de bonne volonté (Gaudium et Spes).
La visée du dialogue. Un fruit de ce dialogue doit être de « favoriser la paix et la collaboration entre les peuples ». Ce dialogue est « au service de la société parce que nous croyons que les religions peuvent apporter un supplément d’âme ». « Nous n’avons pas d’autre chemin que celui du dialogue » estime-t-il.
Eduquer pour dialoguer. La compréhension mutuelle doit pouvoir s’appuyer sur la connaissance de sa propre religion. Il regrette que l’enseignement du fait religieux n’existe pas ou plus dans l’enseignement.
Des motifs d’espérance. Le cardinal Tauran a salué la traduction en langue farsi du Catéchisme de l’Eglise catholique par des musulmans chiites. Il a souligné la reprise du dialogue avec l’Université al-Azhar au Caire (Egypte), après 11 ans sans contact.
Les défis. L’interprétation des textes sacrés, les droits de l’Homme et de la femme, la liberté de conscience restent des questions de Islam dans notre société moderne que les musulmans ont à traiter. L’Islam est une religion sans magistère. Il est sans doute urgent de « soumettre le Coran à l’herméneutique moderne ».
Les inquiétudes. La disparition des Chrétiens d’Orient, notamment en Irak et en Syrie, est une grave préoccupation : 24% de chrétiens en 1910, à peine 3% aujourd’hui. Et de citer la destruction d’églises, de monastères, d’icônes, de manuscrits… « Le Moyen-Orient n’existe plus » a-t-il analysé, précisant que désormais l’Occident était en contact direct avec l’Orient.
Affirmer la singularité chrétienne. Alors que « Jésus est vénéré comme prophète » par les musulmans, le chrétien proclame que « Jésus est le seul Sauveur ». « Qui me voit, voit le Père » dit le Christ. Pour nous, Jésus est la Vérité. « Mahomet a reçu une révélation et Bouddha montre une voie » distingue le cardinal Tauran. « Le dialogue n’exclut pas la conversion » a-t-il ajouté.
Le témoignage des papes. Le cardinal a répertorié 181 interventions du pape émérite Benoît XVI sur le dialogue avec les musulmans. Dans le style qui lui est propre, le pape François « enveloppe tout de son humanité ».
L’après Père Hamel. « Le terrorisme mine le dialogue » a reconnu le cardinal Tauran. Pourtant l’assassinat du Père Hamel a suscité des condamnations unanimes : « Religion et violence sont inconcevables ». La vision de l’Islam « déformée », promue par les terroristes, est « une grande humiliation » pour les musulmans. Le cardinal a aussi pointé le malaise des jeunes musulmans en France. Il a également noté que le contexte actuel faisait évoluer notre rapport à la mort.