La pastorale du tourisme et des loisirs : « Donner une âme au temps libre »

françoise LiboutetFrançoise Liboutet ancienne chargée de mission tourisme et loisirs au sein de la Pastorale du tourisme et des loisirs (Service famille et société de la Conférence des évêques de France). Ce service présent dans les diocèses de France essaye de répondre à la recherche spirituelle des touristes, voyageurs ou pèlerins. Avec ses équipes, Françoise Liboutet ne cesse de développer des propositions au fil des saisons : balades spirituelles, veillées thématiques musicales ou découverte du patrimoine chrétien. Dans cette interview, Françoise Liboutet évoque les opportunités offertes par la Pastorale et les enjeux que cela soulèvent d’un point de vue ecclésial.

Présentez-nous la Pastorale du tourisme et des loisirs ?

Un service de l’Église dont le rôle est d’être à l’écoute de ceux qui travaillent dans le tourisme et les loisirs. La pastorale du tourisme est un service présent dans chaque diocèse. Les délégués diocésains sont nommés par l’évêque via une lettre de mission. Les équipes locales coordonnent et accompagnent les activités touristiques. Ils mettent en place des propositions en tenant compte des orientations nationales. Au niveau national, je travaille avec une équipe de cinq délégués diocésains et aussi avec le Père Jean-Yves Baziou, prêtre du diocèse de Quimper et référent théologique. Nous réfléchissons ainsi sur les grandes orientations nationales à mener.

Quelles sont vos missions ?

L’essentiel de nos missions est de faire découvrir le patrimoine artistique ancien et contemporain en essayent de sensibiliser les touristes-visiteurs à l’art sacré (vitraux, Croix de chemin, calvaire…). D’ailleurs, nous sommes associés tous les ans à l’opération « La Nuit des églises » que nous relayons dans les diocèses. Nous proposons une approche autour du patrimoine naturel avec des balades spirituelles (découverte des plantes bibliques). Nous mettons aussi en place des initiatives autour de la découverte des fêtes chrétiennes (Avent, Noël, Carême, Pentecôte…) et nous sommes impliqués dans les traditions locales lors de festivals.

Quel est votre objectif ?

Notre but est de : « Donner une âme au temps libre ». Accueillir chaque visiteur, être dans l’accueil et le partage. Nous proposons le message de l’Évangile à travers les activités touristiques.

Quelles difficultés rencontrez-vous ?

Nos difficultés résident dans le côté éphémère de la rencontre car nous ne revoyons jamais les touristes. Nous avons peut-être semé quelque chose dont on ne récoltera pas les fruits. Mais c’est un atout aussi car le partage est facilité. Les visiteurs savent qu’ils ne nous reverront pas, ils se livrent ainsi plus facilement.

Le tourisme est en plein essor. Comment se tenir au courant des dernières actualités du secteur ?

Une veille sociologique est nécessaire pour se tenir au courant de qu’est le tourisme de façon à adapter nos propositions. Nous suivons toutes les études qui sont réalisées par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), Atout France ou le Ministère du Tourisme pour être attentif aux attentes des vacanciers.

Avez-vous constaté une évolution dans les attentes des vacanciers ?

Lorsque j’ai pris mes fonctions de laïque en mission ecclésiale dans le diocèse de Périgueux en 2008, les prières sur la plage ou les messes en haut d’un col de montagne rencontraient un vif succès. Mais en dix ans, nous avons pu constater une nette évolution des activités. Les vacanciers sont de moins en moins des chrétiens convaincus et n’adhèrent plus à ce genre de propositions. Allier des activités de prières à un loisir (jardins et bible, vins et bible) est la formule qui fonctionne le mieux. Le touriste est dans une quête de sens, il veut trouver un sens à ses vacances et la découverte du message chrétien s’opère de cette manière-là.

À qui s’adressent vos offres touristiques ?

C’est très variable en fonction des propositions et des lieux. Quand nous sommes dans la découverte du patrimoine religieux, nous avons effectivement des touristes qui ont très peu de liens avec l’univers religieux. Quand on propose des randonnées-bibles, on a certes quelques touristes mais surtout des personnes plus sensibilisées à la religion.

Sensibilisation du public, renouvellement des équipes… Quels sont les grands défis à relever ?

Nous adresser aux personnes des périphéries où la foi n’est plus automatique relève du défi. Nous essayons donc de créer des propositions pour essayer d’éveiller les vacanciers à la foi. Deuxième défi et non des moindres : faire de la pastorale du tourisme une « pastorale ordinaire » c’est-à-dire que les bénévoles soient plus nombreux à gérer les services pastoraux. A l’avenir, il faudra renouveler les équipes vieillissantes. Et il faut aussi améliorer le soutien au réseau. Nous essayons d’aider les délégués à travailler en transversalité et non de manière pyramidale.

Des projets à court terme ?

Une rencontre de délégués se déroulera au mois de septembre pour réfléchir au thème : « Pastorale du tourisme et des loisirs aujourd’hui, pourquoi faire ?  Nous nous appuyons sur les Orientations de la Pastorale du Tourisme de 2001 qui reprennent le texte « Peregrinans in terra » de 1969, et qui posait les fondamentaux de la Pastorale du tourisme. Un texte qu’il est bon de reprendre même s’il date de 1969 car il est toujours en phase et qu’il n’y a pas eu de grandes orientations depuis. Les papes successifs se réfèrent toujours à ce directoire pour la Pastorale du tourisme.

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