Mgr Bouilleret : « Les séminaristes sont la prunelle de l’œil de l’évêque »
A l’issue de leur Assemblée plénière d’automne, les évêques de France ont invité les séminaristes à les rejoindre à Lourdes, du 8 au 10 novembre 2014, pour un pèlerinage sur le thème : « Avec Marie, Reine des Apôtres, appelés à annoncer l’Évangile ». Explications de Mgr Bouilleret, archevêque de Besançon, Président de la Commission épiscopale pour les ministres ordonnés et les laïcs en mission ecclésiale.
Pourquoi avoir choisi Lourdes ? Pourquoi en cette année 2014 ?
Lourdes permet d’inviter l’ensemble des évêques au rassemblement des séminaires. Je pense aussi à la démarche de pèlerinage : nous nous mettons tous ensemble, sous le regard de Marie, à l’écoute de l’Esprit Saint. Voici plus de quatre ans que le projet a germé. Il a mûri tout doucement. Et le Conseil Permanent a choisi la fin de l’année 2014. Le précédent rassemblement avait eu lieu en 2001 à Lyon. C’était le premier pèlerinage des séminaires de France sous la responsabilité du Conseil National des Grands Séminaires et de son secrétaire, Mgr Hervé Giraud. Une bonne décennie après nous accomplissons une démarche semblable à Lourdes. C’est un bon rythme.
L’invitation évoque des disparités et des différences entre séminaires et séminaristes : comment cet événement peut-il être facteur d’unité ?
Je ne pense pas que les disparités et les différences entre séminaires et séminaristes soient des éléments discriminants. Il est vrai qu’il existe différentes sensibilités chez les séminaristes et différents modes d’approche de la formation dans les séminaires. Mais, je pense vraiment que l’appel du Pape François à la proximité, au lien avec le troupeau – « sentir l’odeur de ses brebis », comme il dit – et l’invitation forte à l’évangélisation, peuvent réunir l’ensemble des séminaires et des séminaristes. Lors de ce pèlerinage, nous attendons un message du Pape François. Le cardinal Beniamino Stella, préfet de la Congrégation pour le clergé, donnera une conférence. Ce seront des temps forts de notre présence à Lourdes.
Le lien du prêtre à l’évêque revient à plusieurs reprises dans l’invitation : en quoi est-il crucial ?
Nous nous inscrivons résolument dans le cadre de Vatican II. Les prêtres sont les premiers collaborateurs de l’évêque. C’est ça qui est primordial. Nous, évêques, avons besoin des prêtres pour assumer notre charge épiscopale, appuyés sur les trois piliers de la vie ecclésiale – annoncer, célébrer, servir. Il est bon que nous puissions dire à nouveau que les séminaristes sont la prunelle de l’œil de l’évêque. La diminution du nombre de prêtres augmente aussi la proximité des évêques avec les prêtres et des prêtres avec leur évêque.
Le Pape François souhaite « une Eglise pauvre, pour les pauvres ». Quel est le profil-type du prêtre pour aujourd’hui et demain ?
C’est une interpellation forte du Pape François, entendue aussi lors du rassemblement des novices et des séminaristes, à Rome, en juillet 2012. C’est une invitation forte à une vie simple, non-ostentatoire, de la part des prêtres, à davantage de proximité avec le peuple vers lequel les prêtres sont envoyés et puis à s’attacher vraiment aux plus petits : à tous ceux qui se sentent exclus dans la société contemporaine, tous ceux qui se sentent mis de côté ou ceux auxquels l’Eglise ne fait pas suffisamment attention. Je pense aux migrants, aux personnes en difficulté dans leur vie personnelle ou leur vie familiale. Il y a toujours cette invitation du Pape François à aller aux périphéries, à ne pas rester dans le cercle le plus proche de la vie paroissiale.
Du célibat des prêtres
Mgr Bouilleret : « Pour les séminaristes qui font le choix du sacerdoce ministériel, c’est une question importante mais qui s’inscrit dans une différentiation avec ce que propose la société. Fondamentale. Pour moi, c’est une pierre d’achoppement positive. Ma conviction : On peut aujourd’hui encore confier toute sa vie au Christ et pour toujours. Alors que domine la culture de l’éphémère, l’engagement dans la durée est aussi un service rendu à notre société. »