Mgr Pican : « Être croyant, c’est choisir la vie ! »

Après vingt-deux années passées au service du diocèse de Bayeux et Lisieux, Mgr Pierre Pican envisage l’étape de la retraite en retournant vivre avec ses Frères salésiens. Une célébration diocésaine d’adieu aura lieu le 28 février.

Quels événements ont marqué votre parcours ?

Pican Pierre - Bayeux Lisieux

Je suis entré assez jeune chez les Salésiens où j’ai approfondi ma vocation. À l’époque des évènements d’Algérie, j’étais dans un corps adossé à la Légion étrangère et cela a fortement interrogé ma foi. Un jésuite m’a alors aidé à discerner, à faire confiance au Christ et à l’Église. Puis, ma formation à Lyon s’est déroulée pendant le concile Vatican II. J’ai vécu avec enthousiasme cette période ! J’ai fait des rencontres marquantes avec des théologiens et des Pères présents aux assemblées conciliaires. Ce sont des évènements marquants qui pétrissent une vie humaine et spirituelle. Après être entré dans l’enseignement en 1966, je suis devenu Supérieur provincial des salésiens et j’ai eu la chance de découvrir l’Église d’Afrique et de m’ouvrir à l’universalité. D’ailleurs, si ma santé me le permettait, je repartirais bien quelques années dans un séminaire africain à l’écoute de ceux qui se forment.
 

Comment aviez-vous abordé votre ministère épiscopal ?

J’ai été très surpris d’avoir été choisi comme évêque ! J’étais engagé dans le créneau de l’éducation, auprès des jeunes, conformément à ma vocation de salésien. J’ai vraiment changé de métier. Néanmoins, je connaissais déjà les réalités ecclésiales du diocèse de Bayeux et Lisieux. En devenant pasteur, je les ai appréhendées d’une autre manière. J’ai veillé à être au service des autres et à les rencontrer pour eux-mêmes. J’ai cherché à collaborer avec des personnes engagées sur le terrain.
 

Quelles sont les figures marquantes de votre ministère ?

J’ai découvert la sainteté des prêtres ! Ceux qui, malades, assument leurs ministères jusqu’au bout sans se plaindre. J’ai pu nourrir une prière d’action de grâces pour ce don de soi qui, sans grand discours, est un lieu intense de fidélité. J’ai également beaucoup apprécié l’engagement des laïcs dans des domaines difficiles : la solidarité, la pastorale des prisons, le soutien aux familles. J’ai également la chance d’avoir œuvré dans un diocèse où sept monastères sont présents. Ce sont des pôles de ressources étonnement riches de propositions et de soutien fraternel. Et derrière la clôture, les moniales prient pour l’Église avec cette plénitude du cœur. Les richesses de la consécration sont des grâces inouïes largement diffusées.
 

Quelles ont été vos grandes joies et vos difficultés ?

À Lisieux, en 1997, j’ai eu la grande joie de célébrer le centenaire de la petite Thérèse, devenue docteur de l’Église ! Et l’Église qui engendre encore ! Je suis émerveillé par les gens qui découvrent la Bonne Nouvelle, qui entrent pour la première fois dans une église, qui demandent le baptême. C’est la grâce de la nouveauté ! C’est rafraîchissant, stupéfiant et fabuleux ! Un des sommets de mon ministère a été le sacrement de confirmation d’un détenu. Son parrain est celui qui l’a arraché au suicide. Il a réalisé qu’être croyant, c’est choisir la vie. L’épreuve de mon ministère, le choc de ma vie est cette affaire qui m’a conduite devant les tribunaux, où un prêtre a été condamné pour pédophilie et moi pour non-dénonciation. Je dois dire que j’ai été soutenu par le peuple de Dieu, avec des témoignages et des encouragements émouvants. Je me suis mis à l’écoute de toutes les détresses qui habitent le cœur humain. Dans cette épreuve, bien des appels de détresse ont pu être entendus, des personnes accueillies et des chemins d’espérance ouverts.
 

Comment allez-vous occuper les mois à venir ?

Je me mets à la disposition de ma congrégation et je rejoins une communauté à Paris. Je vais réapprendre la vie fraternelle et prendre le temps de l’écoute, de la prière, de la réflexion. J’ai traversé l’épreuve de la maladie, à la suite d’un accident survenu pendant les obsèques de Mgr Duval, évêque émérite de Rouen, en mai dernier. Je suis pétri de louanges. De telles tribulations redonnent à la vie une signification forte. Lorsque l’on est confronté au plus fragile de notre humanité, on ne peut la célébrer sans rendre grâces et sans se tourner vers Celui qui nous appelle à vivre.
 
En devenant évêque de Bayeux et Lisieux, Mgr Pican a découvert Thérèse

« Thérèse demeure, pour beaucoup, une illustre inconnue, toujours enveloppée dans la fumée des bons sentiments, des commodités de la vie. C’est une croyante épanouie qui a lutté pour inventer sa réponse de foi.
Son itinéraire de croyante demeure accessible au plus grand nombre de ceux qui rencontrent le Christ et s’ouvrent à ses appels.
Son ouverture aux situations les plus douloureuses et aux horizons les plus larges de la mission de l’Église et son engagement pour les rejoindre demeurent d’une actualité très vive.
Son chemin d’Évangile, sa « petite voie » de la confiance profonde, épanouie, passionnée dans le Christ, constitue un itinéraire disponible et offert à tout croyant de bonne volonté.
L’appel à la sainteté peut, avec son appui, trouver un écho en chacun d’entre nous.

La proclamation, en 2009, béatification de ses bienheureux parents, Louis et Zélie, nous rappelle que le couple et la famille sont des lieux irremplaçables de croissance personnelle, de fécondité humaine et spirituelle, d’accomplissement évangélique, de rayonnement missionnaire. De telles rencontres marquent une vie et enracinent une réponse dans l’émerveillement de la confiance en Celui qui nous appelle à vivre et à diffuser la joie de croire » conclut Mgr Pican.

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