Taizé, hôte de l’Eglise orthodoxe russe pour Pâques

Par Chantal Joly

Du 20 au 25 avril 2011, cinq frères de Taizé, accompagnés de 200 jeunes, célèbreront Pâques à Moscou. Le prieur de la communauté, frère Aloïs, se réjouit de cette nouvelle étape avec l’Église orthodoxe.

Pourquoi vous absenter de Taizé pour Pâques ?

C’est vrai qu’à cette période nous accueillons des milliers de jeunes, ce qui nous a fait un peu hésiter mais cherchant passionnément la communion entre chrétiens, comment ne pas répondre favorablement à l’invitation à venir célébrer la plus belle réalité qu’ont nos amis orthodoxes : la Semaine Sainte ? Cette fête est pour eux la plus importante. Elle est la source même, celle qui leur a permis de tenir dans des situations très difficiles. Nous avons la chance que Pâques tombe le même jour dans les calendriers d’Orient et d’Occident. Nous sommes très reconnaissants à l’église orthodoxe de nous avoir invités à vivre ce pèlerinage. Les liens tissés avec Taizé sont très anciens. Les jeunes présents sur notre colline seront unis à ce que nous vivrons en Russie.
 

Quel est le programme de votre séjour ?

Nous n’organisons rien de notre initiative. Nous allons vivre la Semaine Sainte dans les paroisses dans lesquelles nous seront répartis. Vous savez, c’est très touchant de voir comment elles préparent notre arrivée, elles n’en ont pas l’habitude et sont très soucieuses que tout se passe bien. Tous les participants seront accueillis dans des familles. Outre les célébrations, nous aurons des carrefours les après-midi sur les icônes, le chant liturgique orthodoxe, etc. Le dimanche nous célébrerons les Vêpres avec le patriarche Kyrill. Un circuit-pèlerinage de la ville est aussi prévu d’églises en églises ainsi qu’un temps de prière à la mémoire des martyrs au sanctuaire de Boutovo, au sud de Moscou. C’est là que dans les années 1930 durant le stalinisme, 20765 personnes furent fusillées, dont un millier de prêtres, moniales, paysans ou intellectuels à cause de leur foi. Des témoins ont connu ces périodes de persécution, il devient très urgent que nous allions les écouter.
 
Des liens de confiance
-1962, des responsables de l’église orthodoxe russe visitent Taizé.
-1978, première visite de frère Roger à Moscou.
-1988, après avoir été invité aux célébrations du millénaire du baptême de la Russie, frère Roger fait imprimer et distribuer un million de bibles en russe dans la traduction orthodoxe synodale.
-Début des années 1990, les frontières s’ouvrent et des jeunes russes viennent à Taizé.
-Juin 2006 Frère Alois, accompagné de deux frères, visite le patriarche Alexis II.
-Décembre 2008, il assiste à ses funérailles.
-Janvier 2009, il est présent à l’intronisation du patriarche Cyrille 1er.

La jeunesse est confrontée à la sécularisation, à des menaces économiques, écologiques. Quel sens alors donner à l’espérance pascale ?

C’est vrai que la situation internationale est très pesante. Mais partout des personnes, enracinées en Dieu, font tout pour garder vivante la flamme de l’espérance. Aller les uns vers les autres pour s’encourager mutuellement devient très important. Il existe encore des différences théologiques et culturelles entre jeunes européens de l’Ouest et jeunes orthodoxes russes, serbes, roumains, mais ces jeunes ne sont pas si différents. Ils vivent des tensions, cherchant une place pour leur vie de foi. Ils sentent la nécessité de se connaître, de tisser une fraternité. Ce pèlerinage est une étape sur ce chemin, une belle étape et les relations vont continuer. Je me réjouis beaucoup de célébrer Pâques avec l’église orthodoxe russe. La richesse de sa liturgie peut nous aider. Par ses chants, ses textes anciens, l’encens, les icônes…, elle fait entrer le mystère de Dieu au milieu de nous.

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