Une Eglise itinérante porteuse de joie et de fête

Créée en 1935, l’Aumônerie catholique des Artisans de la fête, des Circassiens et des Artistes de rue a su, au fil des années, s’inculturer dans cette population évaluée à environ 30.000 familles. Avec aujourd’hui 45 prêtres et diacres et 380 agents pastoraux, l’aumônerie est au service de familles foraines qui tiennent leur place dans l’Eglise, avec leur culture et leurs traditions spécifiques, comme l’explique le P. Bernard Bellanza, leur aumônier national.
 
« Je crois en Dieu, le Père plein de patience et de tendresse, qui a créé le ciel sur lequel se déploient nos manèges et la terre que nous parcourons avec nos convois. »

A cette eucharistie, célébrée sur une piste d’auto-tamponeuses, Foire du Trône, par un beau matin de mai 2012 assistent une cinquantaine d’artisans de la fête. Les intentions de messe qui suivent ce « Credo des Forains » vont vers les défunts des familles ici réunies. Lors de la procession des offrandes, des jeunes filles et garçons endimanchés apportent des ours en peluche et un immense bouquet de friandises multicolores. « Dans ces messes, les artisans de la fête voient une marque de reconnaissance de la part de l’Eglise » souligne le P. Bernard Bellanza, aumônier national pour les artisans de la fête. Il ajoute : « Avec eux rien n’est figé, ils sont très spontanés et la religion fait vraiment partie de leur vie. Elle est transmise oralement à l’intérieur de la famille. » Dans les roulottes, vous apercevez souvent un coin prière avec un autel sur lequel la mère ou la grand-mère a rassemblé toutes les images ou statues achetées lors de passage dans différents lieux de pèlerinage. « Quand je regarde une statue ou une image, je prie pour une personne rencontrée là-bas » explique l’une d’elles.

« A nous, prêtres d’éviter d’éventuels débordements » commente Bernard Bellanza. Ainsi, appelé pour venir « baptiser » un jeune tigre à Baccara, il a bien expliqué qu’il allait pratiquer non un baptême mais une bénédiction, ce qui lui a donné l’occasion d’expliquer la différence entre un sacrement et un sacramental.
 

Une communauté mobilisée

Le désir de faire baptiser leur enfant est tellement fort que beaucoup considèrent qu’ils ne doivent pas sortir le nouveau-né de chez eux, ni laver ses langes, tant qu’il n’est pas baptisé !
Leur itinérance ne simplifie pas les préparations au baptême des jeunes, aux premières communions, confirmations ou mariages. « Pour les suivre dans leurs déplacements, nous passons le relais aux aumôniers qui se trouvent sur leur passage et avec lesquels nous sommes en lien. La refonte récente de notre site Internet est une aide précieuse » précise encore l’aumônier national. Les catéchèses d’enfants et d’adultes sont plus faciles à assurer l’hiver, saison durant laquelle ils posent leurs caravanes, leur activité tournant au ralenti : c’est alors le temps des pèlerinages et des rencontres.

Le sens de la famille, le sens de l’hospitalité et de la solidarité constituent des pierres d’attente précieuses pour l’annonce de l’Evangile. « Ils se révèlent acteurs et même actionnaires de l’aumônerie», assure leur aumônier national. A preuve : devant le déclin des abonnements à « Etoile filante » le journal des familles foraines de France, des artisans ont proposé lors de leur dernier pèlerinage national à Lourdes de « coller une affiche au cul de nos camions ». En deux mois, 120 nouveaux abonnements ont été récoltés et ils se sont lancés le défi de tripler ce nombre pour faire vivre ce lien pastoral dont ils ont saisi l’importance.
 

Rencontre avec le Saint-Père

Le 1er décembre 2012, le pape Benoît XVI recevra en audience privée les représentants de diverses communautés du spectacle itinérant provenant de toute l’Europe. La délégation française de l’Aumônerie des Artisans de la Fête comportera dix-sept personnes dont deux prêtres.

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